Insolite

On a retrouvé Jim, le héros de Bournemouth...

L’image a été captée par les caméras de SFR Sports. L’appel a, dans la foulée, été lancé par le club sur les réseaux sociaux, relayé par les grands médias du pays. Mais quel est donc le héros qui a pu se pointer à un match de Premier League avec un vieux maillot du Gym sur le dos ? OGCNICE.com a mené l’enquête, aidé par le club de Bournemouth. Le héros s’appelle Jim. Il a décroché son téléphone, hilare, pour nous parler de sa vie.

« Mes amis m’ont dit qu’il y avait quelques articles, mais franchement, je ne savais pas que j’étais recherché. C’est fou ! » S’il avait été à portée d'accolade, on n’aurait pu s’empêcher de « checker » le plus Niçois des Anglais. Main contre main, tape dans le dos, nous l’aurions invité à s’asseoir au café, avec joie et curiosité. Lui nous aurait peut-être orienté vers l’un des ses anciens Q.G. du vieux-Nice, très prisé des noctambules et, particulièrement, des Britanniques en villégiature dans la plus belle ville du monde. « Durant les 4 années que j’ai passées ici (de 2002 à 2006), j’aimais bien aller au Mac Mahon. Je regardais les matchs de Premier League ou le rugby », a-t-il finalement confié depuis Londres, d’où il a décroché son téléphone spontanément. La pinte de l’amitié (pardon, le café) attendra. Les présentations, elles, ne tardent pas.


« Je travaillais à Monaco, mais pour moi, c’est un "Big Fake". J’ai de suite choisi Nice, pour son âme et sa culture »


Mais diable, comment en sommes-nous arrivés à cette séquence singulière ayant égayé une rencontre de Bournemouth – Leicester (0-0 le 30 septembre) ? Comment un maillot du Gym 2002/2003 a pu se promener au milieu des fans des Cherries en toute décontraction ? Les questions se bousculent, Jim Attridge (41 ans) les réceptionne et distribue : « En 2002, je suis arrivé dans la région pour des raisons professionnelles. Je suis professeur, on m’a proposé un poste à l’Ecole Internationale de Monaco. J’ai accepté mais avant d’aménager, je suis venu ici pendant 4 jours, pour savoir où est-ce que j’allais vivre. » La logique pratique lui aurait imposé de migrer en Principauté. L’Anglais préfère suivre son instinct et se rapprocher de la Promenade. « Monaco, ce n’est pas pour moi. Tout le monde te regarde, c’est artificiel, tu as l’impression d’être dans un "fish bowl" (littéralement "bocal à poissons", l'expression signifie vivre en vase clos, ndlr). C’était impossible que j’aille là-bas. »

La voix monte, vient du coeur, s’illumine. « Par contre Nice, c’est autre chose… Dès que je suis venu ici, j’ai su que j’allais m’y installer. L’ambiance, les couleurs, la chaleur : cette ville a une âme. J’enseigne l’Histoire, et à Nice, ancienne ville grecque, il y a beaucoup d’histoire et de culture en comparaison à Monaco, qui est un "big fake" pas vraiment réel. Lors de ma visite, j’ai adoré le Monastère de Cimiez, la maison où a habité Monet (à Antibes), le château… Tous les profs qui m’ont accompagnés se sont installés à Menton ou par là-bas. Mais moi, mon choix a été fait de suite. » Ce choix le plonge dans le coeur de la capitale du Comté. « J’ai pris un appartement dans le Vieux. Rue du Ge. »

Jim découvre donc "the Nissart way of life". Il croque « dans la socca », goûte aux glaces de Fenocchio, reste pantois devant les parfums « Bubble Gum ou Tomate », craque sur le « Rhum-Raisin ». Il arpente les quartiers, s’arrête dans les restos, visite les musées, s’imprègne des coutumes. Son immersion ne tarde pas à le mettre sur la route du Gym.


« J’avais vu un match terriblement ennuyeux, mais le public n’arrêtait pas. C’était pour moi »


Fan de Bournemouth, il monte pour la première fois au Ray en 2002, alors que les Aiglons viennent de retrouver l’élite. Il y retournera trois fois et basculera. « Je me souviens d’un 0-0 terriblement ennuyeux, où le public n’avait pas arrêter de chanter une seconde. C’était pour moi, je l’ai su de suite. » Comme son club de coeur, le Gym évolue en rouge et noir. Cette accointance lui permet de se fondre dans le décor du Vitality Stadium lorsqu’il revient au pays.

A son retour, les choses ont changé. Son horizon s’est élargi et son coeur, désormais scindé en deux, est suturé par une diagonale de 1573 kilomètres. « Au-delà du foot, il y a une vraie connexion entre Bournemouth et Nice. Les deux villes ont des points communs, donnent sur la mer, possèdent des plages, aiment le ballon... » Abonné des Cherries, ce père de deux enfants avoue altérner « entre les deux maillots » lorsqu’il se rend aux matchs de l’actuel 19e de Premier League. L'oeil sur l'hexagone, il salue la progression d'un club dont il suit toujours les résultats avec sérieux, « sur Sky ». Botte en touche au moment d’évoquer une hypothétique rencontre entre ses deux amours. « Je serais pour Bournemouth si le match se joue ici, et pour le Gym s’il se joue à Nice. » Concède, dans un murmure, qu’il est également fan « de Tottenham, dont le capitaine est Hugo Lloris, ce qui renforce encore un peu plus (s)on impression d’être lié à la ville ». Suggère, dans un dernier éclat, « qu’on donne (s)on nom à une rue niçoise ». Tchatche sans gommer sa bonne humeur, enchaîne sans s’essouffler. Rebondit, régale.

L’invitation lancée sur les réseaux tient toujours. Jim, qui revient à Nice en moyenne tous les deux ans mais ne s’est jamais rendu à l’Allianz Riviera, y aura un libre accès pour le match de son choix.

Une autre occasion de bavarder avec ce supporter singulier. Au bar, avec la pinte de l’amitié.

Pardon, au café…

F.H. et C.D.