Portrait

En avance comme Makengo

Ancien directeur de la formation à Caen, Landry Chauvin a vu grandir Jean-Victor Makengo. Aujourd'hui à la tête de l'académie du Stade Rennais, il a décroché son téléphone pour nous faire découvrir la première recrue du mercato niçois. Percutant, perfectionniste et travailleur, il dépeint le profil d'un jeune homme habitué à ne pas perdre de temps.

Les Makengo avaient une bonne excuse pour manquer l'ouverture de la Coupe du Monde, le 12 juin 1998. En effet, c'est le jour qu'a choisi le petit dernier, Jean-Victor, pour venir au monde, une soixantaine de kilomètres au sud du Stade de France (à Étampes en Essonne). Dans une famille où tout le monde porte les crampons (son frère Chris est formé à Auxerre et sa soeur Anaïs a joué en D1 à Issy-les-Moulineaux), celui qu'il faut appeler « JV » suit le chemin tracé par ses aînés. Il arpente d'abord les terrains de région parisienne, avant de rejoindre le Stade Malherbe de Caen, à seulement 13 ans.

« Il n'avait rien à faire là »

Nommé directeur du centre en septembre 2014, Landry Chauvin le voit évoluer pour la première fois lors d'une rencontre face à Lens, avec les U17 : « À la fin de la rencontre, j’ai décidé de le faire immédiatement passer avec la réserve. Même s’il n’avait que 16 ans, il n’avait rien à faire là ».

Sans passer par la case U19, à l’exeption de quelques rencontres de Coupe Gambardella, Makengo poursuit donc sa progression avec l’équipe réserve. « J’ai l’habitude de parler d'offre d'entraînement et d’offre de compétition, détaille Chauvin. En jeunes, l’offre était insuffisante pour Jean-Victor. Il était déjà prêt à se confronter au niveau au-dessus ».

« Les premiers matchs en CFA2, il était timide, et se contentait de jouer en restant bien placé, raconte le formateur. On a insisté sur sa capacité à transpercer les lignes et il a fait de gros progrès, notamment dans ses courses. Il est très à l’écoute. C'est un grand bosseur ». Qui, très tôt, intègre les exigences du haut niveau : « Il se rajoutait des séances de renforcement musculaireIl a immédiatement compris que son corps était son outil de travail ».

« J'ai essayé de le faire venir à Rennes »

Nommé directeur du centre de formation de Rennes en 2015, Landry Chauvin tente d’emmener son protégé dans ses bagages : « Ça n’a pas pu aboutir pour diverses raisons. Mais il y avait une réelle volonté de continuer à travailler avec lui ». « JV » choisit la stabilité, et découvre l’élite avec le Stade Malherbe de Caen, où il dispute 10 matchs (5 titularisations) lors de sa première saison.

La suivante, il fait notamment partie des 11 bourreaux qui mettent fin à l'invincibilité niçoise à d'Ornano (1-0). Il augmente son temps de jeu (17 matchs dont 9 titularisations), mais subit la concurrence de joueurs plus expérimentésrôdés pour la lutte pour le maintien (Delaplace, Féret, etc.). 

Convaincus par son potentiel, de nombreux clubs le sollicitent, « dont certains avec un niveau financier supérieur à l'OGC Nice » dixit Jean-Pierre Rivère. Emballé par le projet rouge et noir, il rejoint la Côte d'Azur dès les premières heures du mercato. « Vraiment, Nice a fait un super coup ! », juge Chauvin.

Avec pour objectif d’éclore dans un environnement propice aux jeunes talents : « Ça prendra forcément du temps », avaient déclaré d’une seule voix Lucien Favre et Jean-Pierre Rivère, lors de sa présentation officielle à l’Allianz Riviera. « Pour moi, ce n’est jamais l’entraîneur qui décide du moment idéal, tranche Landry Chauvin. C’est le jeune qui conduit son coach à le lancer. Quand une porte s'entrouvrira, il devra s’engouffrer dedans. C’est ce qu’est parvenu à faire Malang Sarr l’an passé par exemple ». 

« Personne ne lui déroulera le tapis rouge »

Comme son nouveau coéquipier en équipe de France Espoirs (une blessure l’a privé du dernier rassemblement des Bleuets, ndlr), il devra faire face à une solide concurrence. « À Nice, il franchit un nouveau cap, commente Chauvin. Ici, personne ne va lui dérouler le tapis rouge. Il va devoir se battre pour se faire une place, mais il a la mentalité pour ça. Et avec l’accumulation des rencontres, il aura sa chance ».

L’ancien entraîneur de Nantes insiste : « Vraiment, c’est un bosseur. Il a la culture de l’effort ». Quitte à être qualifié de « perfectionniste » par les personnes l'ayant côtoyé : « Pour moi, c’est une grande qualité ! C’est plus facile de freiner un joueur que l’inverse, observe Chauvin.  Il a une mentalité de travailleur et le sens du partage : c’est idéal pour avancer dans de bonnes conditions ».

Petit gabarit explosif (1m77, 75 kg), le nouveau numéro 27 du Gym a souvent été comparé à N’Golo Kanté, qu’il regardait jouer avec ses yeux de gamins à Malherbe. « Ils se ressemblent physiquement, reconnaît Landry Chauvin. Mais Kanté est plus un râtisseur. Jean-Victor a un profil différent, peut jouer plus haut, est capable de transpercer les lignes balle au pied ou par ses courses. Il doit être plus souvent dans la surface et, à terme, il doit marquer des buts ».

« Vous saluerez Maxime et mickaël »

De retour au centre de formation de Rennes, Landry Chauvin a croisé la route de deux autres Aiglons. Le premier d'entre eux n'est autre que Maxime Le Marchand, formé à Rennes. « J'étais son entraîneur en CFA. Vous lui passerez le bonjour ! ». Avant de s'occuper à nouveau des jeunes à Caen, Chauvin a dirigé 3 formations professionnelles de 2008 à 2013 :  Sedan, Nantes et Brest. Dans les Ardennes, il avait sous ses ordres un jeune arrière latéral droit, nommé... Mickaël Le Bihan (photo) : « Il avait des qualités offensives. Mais je n'aurais jamais imaginé qu'il s'imposerait en tant qu'attaquant en Ligue 1. C'est mon successeur, Laurent Guyot, qui avait tenté le pari. C'est une belle réussite ».

F.H.