Témoignage

Lees-Melou « le mérite tellement »

Encore joueur de division d'honneur il y a 3 ans, le néo-Niçois Pierre Lees-Melou ne laisse personne indifférent. Et surtout pas ses deux "mentors", Nicolas Sahnoun et Stéphane Trévisan. Son ancien entraîneur et son plus proche conseiller (associé de l'agent Stéphane Canard) ont été les premiers à déceler ses qualités, aujourd'hui exprimées au plus haut niveau. Pour OGCNice.com, ils ont retracé le parcours atypique de leur poulain. Charmés tant par le footballeur que par l'homme, ils le voient s'épanouir sur la Côte d'Azur.

« Stéph', si tu as 30 minutes à perdre, regarde la vidéo que je t’ai envoyée… » La scène est décrite par Stéphane Trévisan lui-même. L’ancien gardien de but, passé notamment par Marseille et Guingamp, avait une demi-heure à perdre, ce jour là. « Mais 20 minutes m’ont suffi. Pierre (Lees-Melou) jouait avec Lège, contre Villeneuve d’Ornon. J’ai immédiatement appelé Nico' (Sahnoun) pour lui dire : "Ton joueur, je veux le rencontrer. Et le plus vite possible" ».

L’instigateur de la rencontre, Nicolas Sahnoun, est alors entraîneur à Lège-Cap Ferret. Il avait, à la mi-saison, fait des pieds et des mains pour obtenir le recrutement du jeune Pierre Lees-Melou, recalé du centre de formation de Bordeaux à 16 ans. « Je l’avais vu évoluer en U19, en Coupe Gambardella et en DH. C’était un joueur atypique, par son physique, à la fois grand et frêle. À l’époque, il manquait de puissance. C’est peut-être ce qui lui a fait défaut pour percer au départ. Mais il était déjà très élégant dans son jeu ».


« toute l'école l'a regretté »

Pour convaincre « PLM », son entraîneur lui a obtenu un job, de surveillant dans une école primaire : « Il se levait à 6h pour garder les gamins, et quittait l’école à 18h pour s’entraîner. Il n’a jamais manqué une séance. Le projet sportif, c’était de l’amener à un niveau supérieur ». Le niveau supérieur, c’est d’abord la CFA 2, qu'il découvre après avoir remporté le championnat d’Aquitaine avec son nouveau club. « De nombreux clubs pros sont venus l’observer. Mais peu ont osé miser sur son profil », raconte Sahnoun (en photo).

C’est Dijon, alors en Ligue 2, qui tente le pari. Un crève-coeur pour les écoliers du Cap-Ferret (« toute l’école l’a regretté »), mais une fierté pour son coach, ancien dijonnais « Je savais qu’il avait le talent pour être pro, et évoluer au haut niveau. Après, une carrière se joue à des choix de club. Dijon, c’était parfait. Ils sont su exploiter ses qualités et le faire progresser ». 

Aux côtés de Cédric Varrault et Arnaud Souquet, Pierre Lees-Melou obtient le titre de vice-champion de Ligue 2 et son ticket pour la Ligue 1.

« Nice s'est manifesté très tôt »

 

Pour son premier match, il inscrit un but d’anthologie face à l’OL, terrassé à Gaston-Gérard (4-2). L’élite du football entend pour la première fois le patronyme du milieu offensif. Stéphane Trévisan (en photo) l'assure : « Même si c’est toujours difficile de prévoir une telle trajectoire, j’étais certain qu’il finirait pro. Ses qualités étaient indiscutables ».

Avec 7 buts et 3 passes décisives, Pierre Lees-Melou est l’une des révélations de la saison 2016-17. Le maintien en poche, il quitte la Bourgogne pour rejoindre la Côte d'Azur. « L’OGC Nice s’est manifesté très tôt, raconte Trévisan. Pierre, comme son entourage, a été très vite conquis. C’était le club idéal pour lui ». 

« Nice, c’est encore un cran au-dessus, admet Sahnoun. Il va changer de planète. Mais je ne m’inquiète pas pour lui. C’est encore un gamin, au bon sens du terme. Il est frais, dans la découverte. Il a toujours la banane car il aime ce qu’il fait. Et sur le terrain, il ne se met jamais de pression. C’est une force ». Serein, Stéphane Trévisan l'est aussi : « À chaque fois qu’il doit franchir un palier, il le franchit. Il se hisse rapidement au niveau requis ».

« Un vrai joueur de ballon »

« La philosophie de jeu niçoise lui correspond, détaille Trévisan. C’est un vrai joueur de ballon, il faut qu’il y ait du mouvement autour de lui ». Un avis partagé par Nicolas Sahnoun : « Il aime toucher le cuir. Et il est très altruiste. Il peut jouer derrière les attaquants, sur un côté, ou dans un milieu à 3. Il se déplace bien vers l’avant et est décisif. Ses coéquipiers seront d’un meilleur niveau, aussi ».

« Sa technique, elle, a toujours été au-dessus de la moyenne. Le plus difficile, ça a été de gommer ses lacunes physiques » reconnaît l'ancien coach de Lège-Cap Ferret. « Aujourd'hui, il a un gros volume de jeu (Trévisan). Dans le style, il me fait penser à Julien Féret (Caen), par sa vision du jeu, ses déplacements entre les lignes, et sa justesse technique ». « C'est vrai qu'il lui ressemble, admet Sahnoun. Moi, je l'appelle El Flaco* ! »

« un très bon choix »

Les 2 mentors ne tarissent pas d’éloges sur leur « petit » protégé (1,85m). Et peinent à lui trouver un défaut. « Si, il doit progresser au tennis. Il ne m’a encore jamais battu » s’amuse Nicolas Sahnoun, avant de reprendre son sérieux : « Il y a 3 ans, il jouait contre Angoulême. Aujourd'hui il va jouer la Coupe d’Europe. Ça fait rêver ! Je suis content pour lui. Il le mérite tellement.. Il a de belles valeurs et garde les pieds sur terre. Quelqu'un comme lui dans un groupe, c’est très important. En tant que joueur et en tant qu’homme, il a toutes les qualités pour réussir. Vous avez fait un très bon choix ! »

* El Flaco signifie « Le maigre » en Espagnol. Il s'agit du surnom du Parisien Javier Pastore, appelé ainsi en raison de sa silhouette élancée.

Fabien Hill (Crédit photos : Dijon FCO, OGC Nice Médias)