Préparation

« Les joueurs se donnent les moyens »

Entraîneur adjoint en charge de la préparation physique des Aiglons, Alexandre Dellal débute avec enthousiasme sa sixième saison à l'OGC Nice. Au terme de la première semaine de reprise, il délivre ses constats et ambitions.

Comment s'est déroulée l'intersaison ?
Le dernier exercice a été chargé, les matchs nombreux et l'effectif réduit. Nous avons tiré sur les organismes et les joueurs ont terminé très fatigués. Avant tout, nous avons insisté sur le repos physique et psychologique, malgré la durée de la trêve – quatre semaines contre cinq voire six les autres années. Pendant deux semaines, nous avons demandé aux joueurs de se vider la tête, tout en maintenant des bonnes nuits de sommeil. La troisième semaine, de réamorcer les footings, les petits exercices de renforcement classiques. Enfin, la dernière semaine avant la reprise, d'augmenter le travail de course, de renforcement musculaire, de prévention, d’exercices spécifiques à chacun, d’étirements et de mobilité afin de revenir avec un certain bagage.

Du coup, le cahier de vacances a-t-il été bien rempli ?
C'est l'une des trêves les plus sérieuses que j'ai connues à Nice. Les résultats aux premiers tests sont vraiment bons. Le rythme et le répondant des joueurs, surprenants. La durée réduite de la trêve peut l'expliquer, c'est sûr. Mais il est certain que les garçons ont bien travaillé.

Tout le monde n'a pas coupé...
Alassane Plea, Valentin Eysseric et Mickaël Le Bihan ont poursuivi un travail spécifique suite à leur blessure en fin de saison dernière. Eux aussi ont été très consciencieux.

« Plaisir, travail et fatigue »

Y a-t-il des différences entre cette préparation et la précédente ?
D'habitude, elle dure six semaines. Dont une première à Nice - le temps d'effectuer tous les tests physiques et médicaux – et un départ à Divonne-les-Bains dès la deuxième. Cet été, le Q3 de Ligue des Champions ne nous accorde que cinq semaines de préparation. Nous allons effectuer les deux premières à Nice – travailler le foncier, le renforcement musculaire, le préventif et pousser les tests – avant de partir en stage où nous disputerons deux matchs au lieu d'un. Ce premier bloc de trois semaines présentera une dominante de développement et d’optimisation athlétique ; la suite sera davantage axée sur le technico-tactique. Même si avec Lucien (Favre), on effectue beaucoup de séances intégrées, les joueurs touchent le ballon dès les premiers jours et à chaque entraînement. Ainsi, plaisir, travail et fatigue se mélangent.

Comment les joueurs encaissent-ils les premières charges de travail ?
Ils ne râlent pas. Ils sont même demandeurs. Ils ont conscience de la difficulté de passer ce Q3 mais s'en donnent les moyens. Vraiment, c'est la première année qu'ils affichent un tel niveau athlétique à la reprise.

L'an dernier, le staff et toi découvriez un nouveau coach. À l'inverse, cette année, les automatismes sont désormais huilés...
C'est vrai. Même si honnêtement, le mariage s'est très bien passé dès les premiers jours de la saison dernière. Tout s'est fait très vite, naturellement. Et c'est bien normal. Faire gagner du temps au coach, c'est aussi l'une des premières missions d'un staff.

« SOMMEIL, NUTRITION ET HYDRATATION »

Les seuls nouveaux, ce sont finalement les trois recrues...
Trois jeunes plongés dans un vestiaire attachant, chambreur et travailleur à la fois. Un contexte agréable dans lequel ils ont l'air de se plaire. Pour l'anecdote, Adrien Tameze a terminé premier du test Vameval.

La chaleur du moment est-elle une donnée importante ?
Il fait très chaud la journée et la température baisse peu la nuit. La récupération occupe une place importante en pré-saison car l’optimisation des qualités athlétiques passe aussi par des phases de fatigue. Ainsi, le sommeil occupe une place importante, au même titre que les différents moyens mis à disposition : alternance des bains chaud et froid, les massages, les étirements, le port de bas de contention, l’alimentation, de faible temps d’exposition au soleil, etc. Mais le plus efficace reste de maintenir des durées de sommeil importantes. C'est la meilleure des récupérations. Bien se nourrir et s'hydrater pour rééquilibrer les carences durant cette période où les organismes sont très sollicités et en situation de stress physiologique.

La sieste ?
​Dès l'entraînement matinal, le soleil nous assomme une première fois. Avant la séance de l'après-midi, il est bon de réguler la température interne de l’organisme et de réduire les tensions par la sieste. Sa durée ? Elle reste propre à chacun. Certains vont être « rechargés » en 15 minutes ; d'autres en 45. Seule certitude : il faut bannir une sieste de 2 ou 3 heures qui va complètement décaler l'organisme, et notamment les cycles hormonaux.

« AU SERVICE DU TECHNICO-TACTIQUE »

A l'instar des joueurs ou de l'équipe, te fixes-tu des objectifs en début de saison ?
La préparation physique n'est qu'au service du technico-tactique. C'est un moyen pour le footballeur d'exprimer ses qualités balle au pied. En étant à l'intersection des staffs technique et médical, je dois aussi faciliter la cohésion, la circulation des informations. Ensemble, nous essayons aussi de limiter les blessures musculaires. C'était le cas l'an dernier, même si nous avons essuyé davantage de blessures traumatologiques, notamment liées à des coups. Après, certains fruits se récoltent plus vite que d'autres. Un exemple concret : Olivier Boscagli. Quand nous l'avons connu, il y a 4 ans, il n'aimait et ne savait pas courir. Il avait du mal à répéter les efforts. Mardi, lors du test Vameval, il a démontré une progression très importante et fait partie des meilleurs de l’effectif. Il reste du travail, mais les progressions de ces jeunes joueurs – parfois en fin de formation ou post-formation – sont très importantes pour nous. Nous devons continuer le travail effectué par le centre de formation et notamment Laurent Bonadei et Florian Payet (CFA).

Comment un membre du staff doit-il s'adresser à ce vestiaire ?
Déjà, à travers les cadres, nous avons la chance de pouvoir compter sur de bons relais. Dante pousse les autres et montre l'exemple. Yoan Cardinale est un travailleur. C'est une équipe de travailleurs, d'ailleurs. Ils sont jeunes, évidemment que nous devons être derrière. Mais nous n'avons pas à forcer les choses ou lever la voix sans cesse. Juste faire adhérer un groupe à la multitude de profils et de caractères. Un vestiaire, c'est comme une petite société. Un mélange de jeunes et d'anciens. Des joueurs qui ont connu des grandes compétitions, d'autres qui découvrent à peine le haut niveau. Issus d'un milieu aisé, comme de quartiers populaires ou de l'étranger... C'est une richesse. On doit en faire une force et le succès passe par la cohésion du vestiaire, mais aussi des staffs et de tous les étages du club. Nous devons être tous unis et nous diriger vers le même objectif avec un langage commun, une identité OGC Nice.

Que va changer l'arrivée du nouveau centre d'entraînement ?
L'actuel va me manquer pour les beaux moments qu'on y a vécus. Comme le Ray, même si je n'y ai passé qu'une saison. Mais les nouvelles installations vont apporter énormément. Chaque matin, un joueur pourra venir prendre son petit-déjeuner, effectuer des bons pré-échauffements, mieux ciblés, dans des espaces dissociés et appropriés. Il y aura une nouvelle salle de musculation réservée aux pros, un espace de vie. Après l'entraînement, la récupération sera optimisée. Entre deux séances le même jour, ils pourront même se reposer sur place.

Tu attaques – déjà – ta sixième saison à l'OGC Nice...
C'est un plaisir d'assister au développement du club, à sa consolidation à travers le travail effectué dans les différentes catégories. Avec Lionel (Letizi), Fred (Gioria) et Adrian (Ursea), nous connaissons pratiquement chaque éducateur du club. Chez les préparateurs physiques, nous avons désormais pris l'habitude de promouvoir des gens en interne. Christopher Juras a connu la préformation puis la formation avant d'arriver chez les pros. Arthur Leblanc (ancien joueur, buteur en finale de la Coupe Gambardella 2012) va désormais officier auprès des U19 Nationaux, Samir Anba (ancien joueur dans les catégories de jeunes), va exercer avec les U17 Nationaux. Ce liant, des U6 aux pros, est important pour l'identité club. Y-compris avec les autres départements et différents métiers du Gym. Des bureaux au terrain, chacun représente le club. Il faut en avoir conscience en permanence. Je l'ai notamment remarqué lors des tournois de mon fils, U11B au club. Lorsque l'équipe professionnelle marche, c'est le capital sympathie de toute l'entité qui s'en retrouve grandi. C'est génial. J'ai vu des maillots de Nice en Alsace, à Genève... C'était impensable il y a cinq ans en arrière. J'ai l'impression que le club démontre quelque chose d'attachant, des valeurs qui plaisent. C'est une fierté de travailler à l'OGC Nice.

Y.F.

LE STAFF

Entraîneur : Lucien Favre
Entraîneurs adjoints : Fred Gioria et Adrian Ursea
Entraîneur adjoint en charge de la prép. physique : Alexandre Dellal
Préparateur physique en charge des blessés : Bernard Cora
Préparateur physique : Christopher Juras
Responsable du service médical : Jean-Philippe Gilardi
Kinésithérapeutes : Philippe Boulon, Rémy Garcia et Delphine Uhel