Germain
« Maintenant qu'on en est là... »
La saison, le groupe, le match capital de dimanche : avant de défier Rennes dans le cadre de la 33e journée (coup d'envoi 17h), Valère Germain balaye l'actualité du Gym pour les lecteurs du site officiel. Avec une envie contagieuse et beaucoup d'ambition.
« Ça va être chaud. On a déjà envie d'y être ! »
Valère, toi qui a souvent été tranchant dans les derbys, tu devras aussi l'être ce week-end face à l'équipe qui vous précède d'un point...
On s'attend à un gros match, un match décisif. Les 6 derniers le seront. On sait que Rennes est sur une bonne dynamique. Ils ont des joueurs en forme comme Dembélé ou Gourcuff qui revient. Ils sont devant nous, ce qui montre que c'est une belle équipe. Franchement, on a hâte d'y être.
Est-ce que vous penserez (remporté 4-1) à l'aller avant d'entrer sur le terrain ?
L'aller fut très plaisant. On était dans une période où tout nous réussissait, mais on va essayer de ne pas regarder derrière. La donne a changé, Rennes reste sur 4 victoires et 1 nul : le contexte est complètement différent. On s'était rendu la partie facile en jouant très bien. J'espère que ce sera le même scénario, même s'ils vont sûrement avoir à coeur de prendre une petite revanche.
Crois-tu qu'ils peuvent évoluer plus bas qu'à l'aller et vous attendre pour mieux contrer ?
Je ne pense pas qu'ils aient l'équipe pour attendre tous derrière comme certains peuvent le faire. Avec la qualité qu'ils ont, ils vont sûrement venir chez nous pour jouer. C'est une équipe qui produit un beau football et reste capable de faire la différence devant. Donc non, je ne pense pas qu'ils viennent pour défendre, et si c'est le cas, on essaiera de trouver les clefs pour les mettre en danger.
Quid de l'élimination en Coupe de France ?
C'était encore un autre scénario. Un duel très serré qu'on avait malheureusement perdu aux tirs au but (2-2, 6-7). C'était également un match de reprise, on sortait d'une grosse préparation physique. Ceci étant, comme je l'ai dit, on ne pense pas aux rencontres du passé. C'est celle qui vient qui sera importante. On a vraiment envie de faire une grosse semaine d'entraînement pour être prêt mentalement et physiquement, car ce sera important pour la fin de saison.
Les deux équipes vont « enfin » se rencontrer alors qu'elle approchent de leur meilleur niveau au même moment...
C'est vrai qu'on est tous très en forme, que ce soit Rennes ou nous. Les deux équipes restent sur de bonnes séries, même si nous venons de perdre à Paris dans ce qui incarnait « un match bonus ». Je pense que c'est le meilleur moment de chaque équipe, j'espère que ça fera un beau match et qu'on en sortira vainqueur.

Peut-on évoquer un tournant ?
Non, parce que derrière il restera 5 autres journées. Il y aura encore des confrontations avec des concurrents directs. Chaque match, on s'approche un peu plus de la fin, donc chaque match devient forcément décisif. Un tournant non, mais un rendez-vous très important certainement.
Est-ce que le fait d'évoluer à la maison aide à préparer un tel rendez-vous ?
Ça va être chaud. On a déjà envie d'y être ! J'espère que nous serons à 100 % et que nous effectuerons une très belle prestation. J'espère aussi que les supporters seront nombreux car on aura vraiment besoin d'une grosse ambiance pour mettre la pression sur l'adversaire et pour nous pousser. Pour nous encourager à nous dépasser à aller chercher la gagne. Il faut vraiment qu'il y ait une harmonie entre nous, les joueurs, et notre public, pour qu'on arrive à prendre le maximum de points lors de nos derniers matchs chez nous.
« profiter de chaque instant »
Tu avais confié ressentir « un petit coup de mou physique » au début de l'année 2016. Il semble désormais loin derrière toi.
Ça s'expliquait par le fait que j'enchaînais beaucoup depuis le début de la saison (30 titularisations en 32 journées !), ce qui ne m'était plus arrivé depuis 2 ans. Donc c'est vrai, j'ai eu un petit contrecoup physique en janvier et au début de février. J'aurais préféré ne pas l'avoir, mais on va dire que c'est normal quand on est sollicité. Ça fait plusieurs matchs que je me sens mieux. Je suis également décisif pour l'équipe, ça compte pour un attaquant. J'espère que ça va durer jusqu'à la fin de saison, pour moi mais surtout pour le groupe.
10 buts, 6 passes : que penses-tu de tes stats après 32 journées ?
J'en suis plutôt satisfait, même si je pense que j'aurais pu faire mieux, notamment si je tirais les pénaltys. Mais bon, ça c'est Hatem et c'est bien pour lui (large sourire). Je suis à 10 + 2, même si officiellement ça ne compte pas, j'essaie de le noter quand même (il avait inscrit un doublé lors de la première rencontre face à Nantes, interrompue en raison des intempéries). J'ai aussi fait quelques passes dé', c'est plutôt pas mal. Maintenant, j'espère encore marquer, surtout des buts décisifs et importants pour l'équipe et le classement final.
Le retour aux affaires d'Hatem Ben Arfa et d'Alassane Plea favorise-t-il cette belle dynamique ?
Effectivement, ça aide. Offensivement, je pense qu'on revient tous plus ou moins à notre meilleur niveau. On sent que l'équipe est de mieux en mieux, beaucoup mieux qu'il y a 1 mois et demi. C'est important parce que le championnat touche à sa fin et qu'il est très serré. On a envie de profiter de chaque instant et de se donner à fond pour que tout le monde soit heureux. C'est d'ailleurs dommage qu'Alass' se soit blessé aussi longtemps, car on aurait peut-être fait une saison encore meilleure si on l'avait eu tout le temps...

En étant 5e à 6 journées de la fin, on se dit quand même qu'il y a de belles choses à écrire...
C'est sûr. Si on s'était dit qu'on serait comme ça en début de saison, je pense que tout le monde aurait signé. On est dans une bonne position, mais pas mal d'équipes le sont aussi. Ça va se jouer dans les derniers matchs. En tout cas, on est vraiment heureux d'être encore dans la course pour quelque chose. Je ne sais pas quoi : on va dire une course pour finir le plus haut possible...
Avec le temps, penses-tu que l'équipe a aussi appris à construire ses succès défensivement ?
On prenait beaucoup de buts en début d'exercice. On en marquait beaucoup aussi. Là, ça s'est équilibré. On en marque peut-être moins, mais on n'en encaisse beaucoup moins aussi, mis à part Paris. On a réussi à trouver une certaine solidité défensive, un bon bloc. Ça part de nous, attaquants, ça passe par les milieux et, bien sûr, les défenseurs et le gardien. Pour l'entraîneur et la confiance, je crois que c'est mieux de gagner 1-0 ou 2-0 que 4-2 ou 4-3.
Concernant les attaquants, quand on parle de physique pour garder la lucidité devant les buts, on oublie souvent que « le coffre » reste aussi capital dans les replacements défensifs...
Bien sûr. On est amené à beaucoup défendre, donc c'est vrai qu'en fin de match on a moins de lucidité et un peu moins de jus. Mais nous sommes des joueurs qui pensons au collectif avant tout, c'est peut-être aussi pour ça qu'on a une meilleure assise. Les offensifs se replacent beaucoup, même Hatem (plus axial à la perte du ballon) fournit beaucoup d'efforts. On sait aussi que sur le banc, il y a des joueurs de qualité qui peuvent entrer, donc on ne ménage pas nos efforts.
« Aller le plus haut possible »
A titre personnel, tu as souvent connu des fins de saison à fort enjeu.
Plus ou moins à chaque fois depuis 3 ans. Depuis la montée en L1 avec Monaco. A l'époque, on savait qu'on allait monter mais pas si on allait être champion, donc c'était intense jusqu'au bout. La première saison de L1 avec Ranieri, on avait fini 2e, on n'était pas si loin de Paris mais ils ont fait le trou à quelques journées de la fin. L'année dernière, on était 3e à la dernière journée, avant de terminer 2e grâce à la victoire à Lorient. J'ai eu la chance de n'avoir connu que des fins de saison intéressantes, comme c'est le cas cette année, et d'avoir obtenu à chaque fois une bonne place. J'espère que ça se reproduira encore...
Cette année, y a-t-il quelque chose d'un peu différent pour toi ?
Peut-être le groupe. C'est un groupe « vachement » jeune, qui vit ensemble. Je pense qu'il y a beaucoup d'éléments qui connaissent pour la première fois une fin de saison où on est aussi bien placés. Ça peut être un plus parce qu'on ne se pose pas de questions, on y va. Mais il ne faut pas qu'on se mette une pression supplémentaire qui pourrait nous faire défaut. Il faut jouer avec notre insouciance, comme on le fait depuis le début, et on verra bien. Si on continue avec cette insouciance et cette fraîcheur, on pourra espérer finir le plus haut possible. Et on aura tout fait pour.

Comment se cultive l'insouciance ?
Au quotidien, rien ne change, on ne se prend pas la tête. Il y a une très belle ambiance, on essaie de passer le plus de temps possible ensemble même quand il n'y a pas entraînement. Il y a beaucoup de sourires et de bonne humeur, mais il n'y a que des bons mecs et un bon état d'esprit. Il faut continuer à entretenir ces liens-là, car je pense que ça se ressent sur le terrain.
Le fait d'être un élément cadre de ce groupe change-t-il la perception que tu as de la fin du championnat ?
Je laisse le mot « cadre » à Hatem, Mathieu, Jérémy ou Paul, qui sont un peu plus vieux que moi. J'ai peut-être la chance d'avoir connu des fins de saison passionnantes, peut-être que j'aurais un peu moins de pression et que mon comportement fera que mes collègues en auront un peu moins aussi, en tout cas je l'espère. Tous les éléments un peu plus anciens se donneront à 100 % et montreront le chemin à suivre pour les plus jeunes qui n'ont pas connu ça, car on a vraiment besoin de tout le monde.
Quand il y a beaucoup de bruit autour, c'est important que vous endossiez ces responsabilités-là ?
C'est sûr. On n'a pas envie de se mettre de pression. Même s'il y a beaucoup de personnes autour de nous qui disent qu'on mérite l'Europe, nous laissons ça de côté. Le coach nous prévient aussi et ne nous donne que des objectifs de jeu pour l'instant.
Sur quoi devez-vous miser ?
Notre bonne ambiance, notre insouciance. On doit se poser le moins de questions possibles, se dire que les matchs seront tous aussi importants les uns que les autres. Rester concentrés et tranquilles, garder notre style. Si on fait ça, on a les qualités pour finir haut. On a vraiment un groupe jeune et ambitieux. Nous avons déjà montré la qualité de notre jeu, à nous de la conserver pour gagner les matchs.
Que penses-tu « du gâteau » dans lequel il faut désormais croquer : la fin d'une saison déjà réussie, pour paraphraser le coach ?
Beaucoup de supporters qu'on croise dans la rue nous disent que la saison restera inoubliable quel que soit le classement. Mais maintenant qu'on est là à 6 journées de la fin, on a encore envie de grappiller pour aller le plus haut possible. On a déjà fait une belle saison, on a envie de bien la finir pour qu'elle soit exceptionnelle du début à la fin !
C.D.
