Fin de saison

Claude Puel donne le tempo

Alors que le championnat reprend ses droits ce week-end avec un déplacement à Paris, l'OGC Nice se prépare a démarrer le dernier cycle de sa saison 2015 / 2016. A 7 journées du dénouement final, Claude Puel a pris le temps pour le site officiel de faire le point, de tracer les perspectives et de baliser la suite du chemin.

Coach, quel bilan dressez-vous des premiers mois de 2016 ?
On a eu une mise en route un peu difficile en début d'année, avec des moments où pas mal de joueurs ont un peu flanché et ont eu du mal à se remettre dans le coup physiquement et psychologiquement. Sur tous ces premiers matchs, on n'a jamais été uniformes dans notre niveau. Il y avait toujours 3 ou 4 éléments un peu moins performants que les autres, et puis ils changeaient. Ça nous a empêchés d'obtenir plus de régularité. Il nous est aussi arrivé de perdre des points malgré une domination et la sensation, par moments, d'être supérieurs à l'adversaire et de ne pas être récompensés, comme à Caen. Sinon, sur les derniers temps, on a été capables de faire des matchs très intéressants, très solides, avec beaucoup de qualité et des joueurs de plus en plus performants, qui retrouvent tous leur meilleur niveau.

L'équipe semble également avoir redressé la barre à domicile...
On a rééquilibré nos points à l'extérieur et à domicile, notamment grâce à plus de solidité sur les aspects défensifs. Mais ce n'est pas fini et il faut inscrire cette tendance dans la durée. Sur le plan offensif, notamment au classement des attaques, on a un peu reculé car on a fait du surplace en janvier-février (le Gym possède actuellement la 6e défense et la 4e attaque de l'élite). Ce serait bien de performer de nouveau dans ce secteur-là tout en restant solide. Ce qu'on a réalisé sur les derniers matchs...

« Hatem, c'est l'étincelle »

Qu'est-ce qui a fait qu'à un certain moment, l'équipe a semblé dans le dur ?
Nous avons connu un enchaînement de matchs très rapprochés face à Caen, Toulouse, et puis à Monaco, dans une rencontre particulière. On a enchaîné 3 rendez-vous en 6 jours, alors que l'ASM avait pu étaler ses sorties pour avoir un jour de récupération en plus quand elle nous a reçus. Ce qui fait que, tout en faisant un bon match quand ils se sont retrouvés à 10, il nous a manqué un peu de fraîcheur et de lucidité pour leur faire mal et gagner. C'était vraiment une grosse déception de perdre ce derby, car on voit que pour le moment, ça fait la différence. On a eu également un petit couac face à Bastia, dans un match où nous nous sommes trompés, où nous nous sommes précipités et où nous avons été nerveux.

Le retour des certains éléments importants, dont Hatem Ben Arfa, incarne-t-il l'une des raisons du redressement survenu en mars ?
Ce n'est pas simplement le retour d'Hatem qui a fait la différence. Il est là, bien sûr, mais il y a aussi tout le groupe qui est revenu petit à petit à un très bon niveau et fait preuve de régularité. Un joueur, quel qu'il soit, même si Hatem est très performant, ne fera jamais seul la différence. Hatem, c'est l'étincelle, le monsieur + qui permet de mettre en exergue ce groupe-là. Mais je trouve que c'est très réducteur de ne parler que de lui quand on voit les performances de tous les autres autour. C'est un élément important, très important, mais d'autres font aussi une superbe saison et des matchs magnifiques. Si tel n'était pas le cas, nous ne serions pas performants et n'en serions pas là...

« Mika s’était mis à forcer un peu son jeu »

Justement, comment expliquez-vous que plusieurs joueurs semblent revenir en forme... en même temps ?
Il y a des raisons physiques, bien évidemment, mais également un aspect psychologique. Mika (Seri), par exemple, se mettait en tête d'être plus buteur, plus passeur, de forcer un peu son jeu... donc il s'était mis à déjouer. Je pense qu'il est reparti sur de bonnes bases et remplit bien son rôle de milieu, joue simple, récupère des ballons, donc le reste vient naturellement : il reste sur une passe décisive et vient de marquer, sans forcer son jeu mais simplement en le retrouvant. Il ne faut pas oublier que cette équipe est la plus jeune d'Europe, tous ses joueurs emmagasinent beaucoup d'expérience. Ce qui est intéressant, c'est qu'ils apprennent et corrigent. Ce qu'ils réalisent avec peu d'expérience est vraiment très bien, cependant, nous sommes conscients que tout n'est pas parfait. Si cela avait été le cas, on aurait sûrement beaucoup plus de points et on se situerait encore plus haut. On continue à travailler dur pour pouvoir avancer.

Le groupe a parfois été brillant cette saison, il lui est également arrivé de passer à travers. Sa jeunesse explique-t-elle la variation de ses performances ?
Il faut connaître un peu le football pour vraiment apprécier à fond ce que ce groupe est en train de réaliser. En général, une équipe jeune a beaucoup de mal à gérer ses temps de jeu et ses matchs, beaucoup de mal à être régulière dans ses performances individuelles et collectives. Les groupes jeunes se situent souvent dans la 2e partie du classement, jouent souvent le maintien faute d'expérience et de maturité. C'est l'apprentissage du métier. Là, elle maintient un certain degré de performance qui, au soir de la 31e journée, lui permet d'être 3e du championnat. C'est quelque chose d'exceptionnel.

« On n'a pas peut-être pas conscience de ce qu'est en train de réaliser cette équipe aussi jeune »

Cette équipe a donc retenu les leçons du passé ?
Ce manque de régularité, c'est ce qui nous est un peu arrivé ces deux dernières saisons, notamment la dernière, où le parcours était un peu chaotique car les jeunes étaient en plein apprentissage, même si ce qu'ils réalisaient par moments était super. L'an dernier, quand on finit avec 7 victoires à l'extérieur, ça démontre une certaine force de caractère. Tout comme aller gagner à Lyon et contre Marseille en infériorité numérique. Il y a eu beaucoup de bons matchs, d'autres moins aboutis. Quand on ne dispute la dernière journée à Toulouse qu'avec des jeunes et qu'on mène 3-0 à un quart d'heure de la fin en développant un super football, c'est magnifique. Tout ça passe souvent un peu inaperçu et on n'a pas peut-être pas conscience de ce qu'est en train de réaliser cette équipe aussi jeune. Certes, on voudrait toujours que ce soit mieux, mais on ne peut pas aller plus vite que la musique.

Peut-on déjà être satisfait de la saison actuelle ?
Pour moi, oui, elle est déjà réussie ! Il y a deux choses à prendre en considération. La première, c'est qu'on a donné une identité de jeu, un projet, une philosophie à cette équipe. Le rendu fait plaisir à nos supporters, à nos joueurs ou aux gens qui nous regardent, même s'ils ne sont pas pour le Gym. L'OGC Nice est en train de véhiculer une super image en termes de jeu, de comportement et de tenue. Je veux également associer à cette belle saison les supporters, qui se sont bien tenus. Je n'ai pas trop compris ce qui s'était passé contre Bastia, ou du moins le timing, mais il faut souligner que beaucoup d'efforts ont été faits de leur part pour renvoyer une bonne image, pour garder un stade pacifié et respecter l'adversaire. Je trouve que c'est très important. Sur le terrain, on a une équipe dynamique et composée d'éléments d'avenir qui proposent du jeu. On dispose également d'un actif joueurs qui est important et permettra au club de générer des revenus. On l'a vu avec la vente d'Amavi qui permet de démarrer le centre d'entraînement et c'est quelque chose de très important. Par ailleurs, une belle fin de championnat serait la cerise sur le gâteau. On est bien classés, on essaie de s'accrocher pour vivre des choses sympas, même si pour l'heure l'incertitude est immense..

Mais quelle que soit l'issue, on a commencé le centre d'entraînement, donné un projet et renvoyé une bonne image : c'est pour ça que je dis que la saison est déjà réussie.

« Tomber dans la surenchère ou le déclaratif ne sert à rien »

Il reste 7 journées. Pourquoi le message : « ne se concentrer que sur le jeu » semble si difficile à faire passer ?
Que nos supporters puissent rêver et espérer, c'est tout à fait normal et légitime par rapport à tout ce qu'on essaie de leur renvoyer de positif. Mais encore une fois, si nous, de notre côté, nous pensons d'abord aux résultats plutôt qu'à notre jeu, on va complètement passer au travers. C'est important de ne pas s'en éloigner pour ne pas se perdre. A côté de ça, tomber dans la surenchère ou le déclaratif ne sert à rien, sauf à mettre une pression exacerbée sur les équipes ou les joueurs qui les font. Sincèrement, il faut rester avec beaucoup d'humilité et de remise en question pour faire vivre notre jeu, et nos résultats ne seront que la conséquence du contenu qu'on produit. Même si, quelque fois, on n'a pas été récompensés par rapport à notre qualité et à notre investissement. On veut rester très terre à terre et voir ou ça peut nous mener.

Deux étapes et des exploits

« Ne se concentrer que sur le match d'après » : est-ce un message difficile à faire passer au vestiaire ?
Non, mais c'est important d'expliquer les choses. Au départ, il restait 10 matchs, et à la fin de chaque rencontre, on nous disait que c'était un sprint... Mais 10 matchs, c'est énorme ! « Un sprint », ça ne veut strictement rien dire. Pour nous, ce qui était important, c'était de se fixer deux étapes. La première de 5 matchs nous mène après Rennes. C'est là qu'on saura où on se situe et si on reste compétitif. Tout simplement. Ensuite, quand il restera 5 journées, on les regardera et on aura des choses bien plus précises à défendre. Pour l'heure, ce qui est certain, c'est que de très gros matchs arrivent, il faudra faire des exploits pour avancer. Et il faudra en faire plusieurs...

Notamment ce samedi, au Parc des Princes, face au champion de France...
J'aurais aimé que Paris puisse gagner comme il aurait dû le faire contre Monaco, ça nous aurait rendu service. C'est un match, on l'a vu, où ils ont lâché la 2e mi-temps parce qu'ils n'avaient pas le répondant psychologique dans l'adversité, alors qu'il auraient dû faire la différence en première. On peut penser que contre nous, ils vont se retrouver après la trêve internationale, dans une logique de vouloir faire les choses à fond à 4 jours de la Ligue des Champions. Ce sera donc la dernière répétition et on doit s'attendre à un match très costaud, et sûrement pas à bénéficier des largesses que Monaco a eues.

C.D.