Nice – Angers : voilà l'une des affiches « au sommet » de la 21e journée de L1, diffusée en direct sur beIN Sports 1, (coup d'envoi vendredi 20h30). Alors que cette rencontre peut conforter l'éventuel vainqueur sur les cimes de l'hexagone, OGCNICE.com s'est intéressé à la manière dont ce « choc inattendu » est perçu à l'échelle nationale. La parole a donc été laissée à Christophe Josse, qui commentera le match avec Eric Di Meco. Comme à l'antenne, celle-ci est utilisée avec passion. Verve. Entrain. Comme en direct, elle fonce à l'essentiel sans courbettes superficielles. Interview naturelle d'un journaliste amoureux de la région et habitué des lieux, puisqu'il réside durant l'année... à Villefranche-sur-mer.

Christophe, vous allez commenter vendredi un duel entre le 4e (Nice) et le 2e (Angers). Qu'est-ce que ça vous inspire ?
A ce moment de l'année, on peut dire que c'est une affiche surprise de cette partie du classement. Pour moi, ça l'est plus en ce qui concerne Angers, qui réalise un superbe parcours en tant que promu, que pour le Gym. Nice ne me surprend pas trop. D'ailleurs, j'avais dit à mes proches cet été que l'équipe pouvait « être une des révélations de la saison ». Pour l'instant, c'est le cas. Il y a des joueurs recrutés intelligemment, des jeunes intégrés, du talent, et donc il y a une forme de logique dans cette belle 1ère partie de parcours.

A l'échelle nationale, le mot « choc » peut-il être employé ?
J'espère que le grand public arrivera à mesurer l'intérêt de cette affiche. Au regard du classement, oui, c'est un choc. Mais selon moi, il sera plus important pour Nice que pour Angers. Le SCO n'aura rien à perdre, il est déjà quasiment maintenu, ce qui était son objectif premier en début d'exercice. En revanche, Nice a un énorme coup à jouer. Ce match peut lui ouvrir le podium, lui faire espérer l'Europe. L'équipe a toutes les raisons d'y croire, vu le travail fourni, et vu que les outsiders désignés en début de saison sont à la peine.

Y a-t-il de part et d'autre des joueurs qui vous ont bluffé cette saison ?
Un garçon comme Hatem Ben Arfa est capable de débloquer un match à tout moment. Quand on lui donne les clefs, ça peut entraîner des buts incroyables. Valère Germain est également un élément que j'apprécie particulièrement, car il regroupe toutes les qualités du footballeur. Dans ce jeu qui repart proprement de derrière, la qualité de relance de Mathieu Bodmer (forfait vendredi, ndlr) est également un atout précieux, tout comme l'adaptation ultra-rapide de Paul Baysse. Ce-dernier n'est pas le défenseur « le plus sexy » de L1 (sic), mais il fait très bien le métier, et je pense que St-Etienne n'a pas été très inspiré en le laissant partir, même en prêt. A Angers, il est difficile de passer à côté d'un joueur comme Cheikh Ndoye. C'est lui qui ressort car c'est le capitaine, il est puissant, marque des buts... Mais un défenseur comme Romain Thomas est également performant. Tout comme Billy Ketkeophomphone, qui ne marque pas énormément mais fournit beaucoup d'efforts.

Opposition de styles

Entre la 2e attaque de L1 (Nice) et la 2e défense (Angers), on devrait aussi assister à une vraie opposition de styles...
Complètement. Angers profite au maximum des moyens et des joueurs dont il dispose. L'équipe apparaît très solide, joue très bien le contre. Ça se respecte. Elle reste dans son registre et le maîtrise parfaitement. Organisation, solidarité, solidité : ce club travaille avec humilité, simplicité et efficacité. Toute l'équipe aime défendre, se montre très rigoureuse et prend du plaisir dans la rigueur. Le registre niçois est plus technique. C'est réjouissant de voir que dans notre championnat, il est possible d'évoluer avec des milieux de moins d'1,70m, capables d'enchaîner un contrôle et une passe simple, sans forcément être des coureurs à pied. Ce n'est pas donné à tout le monde, même si ça paraît facile.

Etes-vous surpris par ces principes de jeu ambitieux ?
Tout cela est bien évidemment inculqué par Claude Puel, qui est un très bon coach. Le fait que certains semblent le découvrir maintenant me surprend d'ailleurs un peu. Même en étant moins bon – comme ce fut le cas à Lille dimanche dernier -, j'ai trouvé que Nice proposait toujours quelque chose en plus. Je suis partisan de ce que fait Claude Puel depuis des années, et je ne suis pas certain qu'il y en ait beaucoup en France qui auraient intégré autant de jeunes au groupe pro, et qui leur auraient fait prendre autant de risques dans le jeu. On le voit aussi dans le replacement tactique de certains joueurs. Il a dû s'adapter en début de saison en mettant Jérémy Pied latéral droit, et on voit que 5 mois plus tard, celui-ci est devenu l'un des meilleurs latéraux français.

En face, Stéphane Moulin apparaît aussi comme un fin stratège...
Il effectue également un très bon travail. Et il le fait avec énormément d'humilité. Il ne se la pète pas (sic), et j'espère que quand le jour des bilans et des récompenses viendra, il ne sera pas loin du compte. Ce n'était pas gagné d'avance pour Angers. Qui allait miser une pièce sur eux en début de saison, même pour le maintien ? Moulin devait trouver la meilleure formule pour s'en sortir, recruter ciblé. C'est ce qu'il a fait, et bien fait. Du coup, on va désormais voir où cette équipe peut aller...

« Nice n'a pas de complexe à avoir »

Après toutes ces années passées à commenter, pensez-vous qu'une bonne moitié de saison puisse se transformer en belle histoire ?
Pour Nice, la belle histoire serait de se qualifier pour une Coupe d'Europe, et pourquoi pas pour la Ligue des Champions ? Il ne faut pas avoir peur de l'ambition. Pour moi, le Gym a autant de chance que Lyon, l'OM, Monaco... En plus, il a montré plus de choses dans le jeu. Ce serait magnifique pour le club, surtout maintenant qu'il a de nouvelles structures et se développe. Le nouveau stade, le centre d'entraînement qui doit arriver, et plus largement le dynamisme de la Plaine du Var... Tout y est pour continuer à avancer.

Vous qui connaissez bien la région, quelle place occupe pour vous le Gym dans le coeur des Niçois ?
Une belle place. L'équipe produit un vrai jeu, dégage une forte identité « nissarte ». Quand on voit que le club termine son match de Lille avec beaucoup de joueurs formés dans son centre, dont le petit Ranieri qui est un pur Niçois, ça renforce ce sentiment et c'est sympa à voir. Le maillot est beau, le public fidèle. Lui aussi a vu de quoi était capable l'équipe cette saison. Il est gourmand, exigeant, c'est normal, mais je pense qu'il ne doit pas être impatient. L'Allianz Riviera est également une belle caisse de résonance, même si elle ne fait pas toujours le plein. Cet outil va permettre au club de grandir. Et puis quand on est commentateur, c'est un bel endroit où se rendre...

Perçoit-on, à Paris, l'élan et les espoirs nés de cette première moitié rouge et noire ?
Peut-être que certains adversaires pratiquent la politique de l'autruche, et se disent que la belle période ne durera pas. Personnellement, je pense que cette vision est une erreur. Et je crois que je ne suis pas le seul, car les observateurs - du moins ceux avec lesquels je suis en contact - louent les qualités du Gym. Je l'ai déjà dit à l'antenne et le répéter ne me pose aucun souci : on va croiser les doigts pour que l'OGC Nice termine sur le podium compte tenu de ce qu'il propose depuis le début. Pour moi, Nice n'a pas de complexe à avoir. Que ce soit avec son équipe de foot, qui peut vraiment réaliser de belles choses, ou dans d'autres secteurs. J'anime souvent les victoires du Sport de la Ville, et ça renforce mon opinion. Entre mer et montagne, la région héberge vraiment de nombreux talents dans de nombreuses disciplines. Et puis géographiquement et au niveau du climat, c'est quelque chose d'incroyable, il n'y a pas beaucoup d'endroit comme ça.

Comment le Gym peut-il faire la différence vendredi ?
En passant par les côtés. Je pense que l'utilisation des couloirs sera importante pour ébranler la défense angevine, car le SCO aime défendre avec beaucoup de densité à l'intérieur du jeu. Face à ce genre de bloc hyper solide, Nice devra essayer de mettre un but. On sait que dans cette configuration-là, Hatem Ben Arfa peut-être la clef qui débloque tout...

C.D.