Une semaine après les terribles attentats de Paris, le football a repris ses droits à l'Allianz Riviera. Et d'une sublime manière, puisque l'OGC Nice a balayé Lyon au terme d'une prestation de haute facture (3-0).

L'avant-match fut placé sous le signe de l'émotion. Le début de rencontre sous celui du frisson. La suite sous la fraîche patine de la démonstration. Le spectacle devait reprendre en même temps que la vie. En même temps que la joie. Histoire qu'un bout de bonheur transperce la grisaille. Le spectacle a repris. Et le quotidien s'est éclairci durant une heure et demie.

Jusqu'à présent, le Gym avait l'habitude de sortir le costume face aux cadors du championnat, hors de ses bases. La réception de l'ogre lyonnais lui permit d'y ajouter les chaussures à pointes, dans le sillage de ses immenses petits bonhommes du milieu.

Alors certes, les locaux auraient pu se retrouver à courir derrière la marque, si Beauvue avait cadré un centre en retrait de Ferri, consécutif à une perte de balle de Le Marchand (4e). Certes, Lacazette, lancé par ce même Beauvue, aurait pu donner l'avantage aux siens dans la foulée, si son plat du pied n'avait trouvé le poteau de Mouez Hassen (15e). Mais après son quart d'heure de chauffe, le Gym prit de plus en plus ses marques. Et son inhabituel 3-5-2 s'apparenta rapidement à une superbe inspiration de Claude Puel. Les automatismes digérés, les Rouge et Noir enclenchèrent la machine, lâchant la possession à leur adversaire. Se montrant directs. Ouvrant le score sur un mouvement sublime, initié par une feinte de frappe « carré-croix » de Mika Seri – rayonnant dans un poste de 10 plus avancé -, suivi d'un subtil décalage pour Valère Germain, et d'un enchaînement contrôle pied droit-piqué du gauche de l'attaquant, qui fit rugir de plaisir l'Allianz Riviera (20e).

Lacher de chevaux

Derrière cette ouverture du score, les locaux firent le spectacle et proposèrent 25 minutes de (très) haut niveau. Ben Arfa une virgule. Seri et Pied des petits ponts bien sentis. Fanfreluches bénies. Le Gym mit Lyon à la peine en étirant au maximum son bloc, grâce à ses deux hommes de couloirs (Pied à droite, Hult à gauche). Il prit le dessus au milieu, où Mendy, Koziello et Seri eurent le rendement de leurs plus beaux jours. Germain se montra inspiré devant, tout comme Ben Arfa, danger perpétuel. Et lorsque Benoît Bastien renvoya les 22 acteurs aux vestiaires, l'ovation de l'Allianz Riviera répondit à une première mi-temps accomplie. Même si la frustration du break loupé à deux reprises par Seri, en belle position dans la surface lyonnaise (décalé par Germain à la 38e minute, par Ben Arfa à la 40e) resta dans les esprits azuréens.

Une petite frustration qui fut effacée d'entrée de second acte. A la 49e minute, Hatem Ben Arfa s'empara du cuir dans les 25 mètres rhodaniens, remisa à Seri en retrait. En une touche, l'international ivoirien décala Pied côté droit, qui centra également en première intention. Le ballon fut taclé dans ses propres filets par un Yanga-Mbiwa en grande difficulté. L'Allianz Riviera, qui venait de faire retentir une deuxième Marseillaise, s'embrasa. Et Nice repartit de plus belle. Avec la grinta. Solide en position basse. Technique et appliqué au milieu. Inspiré devant. Il ne laissa que des miettes à son adversaire, et confisqua toute victuaille à 20 minutes du terme. Moment ou Vincent Koziello, à l'origine d'un énième mouvement, contrôla un centre en retrait de Jérémy Pied, et déclencha une frappe monumentale (71e).

A 3-0, les Aiglons continuèrent à attaquer, comme pour rendre hommage à ce spectacle que le pays attendait. Pour honorer le jeu, le sport. Comme pour honorer la vie.

Ils le firent de la plus belle des manières, et montent ce soir sur le podium de la L1 (3es).

Constantin Djivas