Interview

David Berger : « Faites-vous plaisir ! »

20 ans de métier. Plus de 900 matchs commentés, de la Coupe du monde à la L1. Une passion intacte et un oeil avisé. Journaliste vedette de Canal + , David Berger commentera ce soir, en direct, le duel entre le Gym et St-Etienne, qui se tiendra à Geoffroy-Guichard (coup d'envoi 21h). L'occasion pour OGCNICE.com de poser quelques questions à l'expert.

David, entre deux équipes en forme, cette clôture de la 8e journée porte de belles promesses...
Ça tombe effectivement au bon moment. Cette rencontre possède un double enjeu : Nice se trouve dans une bonne spirale, avec la meilleure attaque de L1. Je me souviens qu'il y a quelques années, le président Rivère avait déclaré « vouloir aller titiller le haut du tableau ». Le Gym en a la possibilité à l'issue de cette 8e journée. St-Etienne, pour sa part, reste sur 5 victoires consécutives, avec l'envie de prolonger sa série. Si la programmation a été arrêtée il y a quelques semaines, on peut dire que les choses se sont vraiment bien goupillées.

Comment expliquez-vous que ce rendez-vous du dimanche soir soit « un immanquable » pour le passionné de foot ?
Parce que c'est un événement qui rassemble un public plus large que les rencontres se déroulant les autres jours. Cela fait 30 ans que Canal est partenaire du foot. Les matchs du vendredi ou du samedi touchent les supporters, qui suivent de près l'actualité et le parcours des clubs. Dimanche soir, l'esprit est différent. L'événement fédère tous les amoureux de foot. Les rassemble. Et lorsque ce sont des équipes que le grand public a moins l'habitude de voir, il permet de découvrir un autre football. Dimanche, la France du foot va pouvoir se faire une idée du jeu déployé par le Gym, qui passera de son côté un vrai gros test.

Que vous inspire justement « ce jeu » niçois ?
Cette équipe de Nice me plaît. Le club s'appuie sur des jeunes, car comme beaucoup, il ne dispose pas de moyens illimités pour recruter. On parle beaucoup du trio offensif, le retour d'Hatem Ben Arfa suscite aussi pas mal d'attention. Mais il n'y a pas que ça. Les jeunes Niçois sont l'avenir du foot français. Ce soir, le grand public aura l'occasion d'observer de grands ou de futurs grands, comme Mendy ou Koziello. Franchement, j'ai hâte de commenter un tel match, qui sera une bouffée d'oxygène. Nice n'aura rien à perdre, la pression sera plus sur les épaules de l'ASSE. Alors si j'avais un conseil à donner aux joueurs, je leur dirais : « Lâchez-vous ! ». « Faites vous plaisir ». « Le début de saison est bon, à vous de profiter d'un tel match pour donner une belle image. »

De la capitale, quel regard portez-vous sur l'évolution du club rouge et noir ?
Comme je l'ai dit, il fait confiance à des jeunes, ce qui est toujours positif. L'erreur serait de penser qu'il arrive en fin de cycle, qu'il s'essouffle. Pour moi, ce n'est pas du tout le cas. Nice est une équipe en devenir, il faut être patient avec elle. Les joueurs sont en nette progression, l'équipe ne peut qu'aller de l'avant. Et puis on a l'impression qu'elle est formée par une bande de potes qui prennent beaucoup de plaisir ensemble, ce qui était moins le cas ces dernières années. Cette impression générale n'est pas complétement anormale, car beaucoup d'éléments viennent de la région, ont joué ensemble ou se sont rencontrés dans les catégories de jeunes. A contrario, le défaut de l'équipe peut être l'inexpérience. Ce qui se corrige avec le temps...
A Nice, l'attente des supporters est grande. L'engouement aussi. J'espère que le jeu et les résultats vont encore plus l'accentuer, et remplir encore plus l'Allianz Riviera, un stade qui est magnifique.

« Impossible d'être journaliste et supporter »

Ce soir, vous aurez également l'occasion de retourner à St-Etienne, la ville où vous êtes né...
C'est ça. Si j'étais né à Nice, j'aurais été supporter niçois plus jeune. Je suis né à St-Etienne, c'est ce club qui m'a donné envie de faire ce métier. La ville où j'ai attrapé le virus foot. Pour autant, ça fait 20 ans que je commente sur Canal+ : être à la fois journaliste objectif et supporter, c'est tout simplement impossible. D'ailleurs, pour la petite anecdote, il y a des années, Thierry Gilardi commentait un Lyon-St-Etienne, j'étais sur le terrain. L'OL marque un but à la dernière minute et l'emporte. J'avais dû partir interviewer le président Aulas. Je l'ai fait sans perdre mon sourire. C'est le métier qui veut ça.

Impartialité totale...
Complètement. Encore une fois, on ne peut pas être supporter et journaliste. Par respect pour les téléspectateurs, on se doit d'être neutre, à part en Coupe d'Europe. Abandonner le côté supporter peut être difficile en début de carrière, car ce n'est jamais évident de dépasser une passion. Pourtant, il le faut, si on veut exercer ce métier.

Quel regard portez-vous sur les Verts 2015 / 2016 ?
Depuis 4 ans, les résultats sont constants, il y a de la stabilité. C'est difficile de rester compétitif en jouant tous les 3 jours, il y a évidemment un aspect ASSEgestion qui rentre en compte. Je trouve l'équipe beaucoup plus offensive que la saison dernière, avec une plus grande profondeur de banc. Tous les postes sont doublés, ou triplés. Et puis je crois qu'avec Robert Beric, les Verts ont trouvé un avant-centre type, qu'il n'avait plus depuis Bafé' Gomis. Il y a également quelques jeunes de qualité, comme Jonathan Bamba, un milieu très expérimenté, par opposition avec l'entrejeu niçois... Le public stéphanois est très exigeant, désire des points et du spectacle. On a tous les ingrédients pour que le match ne termine pas à 0-0.

Tous les ingrédients, sauf la présence de supporters niçois, une nouvelle fois interdits de déplacement...
Je vais vous dire franchement le fond de ma pensée : je suis scandalisé par la répétition de ces arrêtés. Je trouve qu'il n'y a rien de plus " antifoot " que ça. J'ai malheureusement eu l'occasion de commenter des matchs à huis clos, ou sans supporters adverses. C'est bien triste. Interdire à des supporters de se déplacer ne résout vraiment pas le problème. C'est affligeant, incroyable que l'on ne puisse pas organiser des déplacements en toute sécurité au XXIe siècle. Avec les moyens techniques actuellement à disposition, il y a d'autres manières d'éradiquer la violence dans le football. Notamment grâce à la vidéo dans les stades. Ces interdictions sont d'une grande hypocrisie...

Pour finir, avez-vous des souvenirs particuliers des St-Etienne – Nice ?
Ça fait un peu « vintage » comme affiche. Etant né en 1969, je ne me souviens plus des batailles des années 70. Par contre, l'image que j'ai de ces duels est une image engagée. Intense. Comme tous les matchs disputés face à des équipes du sud. Plus récemment, la défaite niçoise de la saison passée est également bien présente dans les esprits. On va voir comment le Gym réagira après ce dernier match compliqué...

C.D.