Blessures

Préparation physique: les réponses d'A. Dellal

Séduisant en ce début d'exercice, le Gym doit cependant faire face à de nombreuses blessures, le contraignant à remodeler son effectif en permanence. Le préparateur physique niçois, Alexandre Dellal, nous livre sa vision des pépins physiques qui frappent actuellement l'effectif. Docteur en Science du Sport et Physiologie de l'exercice et officiant depuis plus de 10 ans au sein d'un groupe professionnel (passé entre autres par Lyon, la sélection ivoirienne, et membre du centre médical de la FIFA), il jette un regard sincère sur la période "de guigne actuelle". Le tout en travaillant activement au retour des blessés, et la montée en régime des présents.

Alexandre, dans quel état général se trouvent les organismes, en ce début de saison ?
Cela fait 9 semaines que l'on travaille d'une manière assez importante, avec des programmes individuels en fonction des spécificités des joueurs (l'âge, le poids, le poste, les facteurs anthropométriques, les antécédents de blessures…), sur lesquelles nous nous basons pour orienter nos travaux. Le tout en effectuant une prévention des blessures de la manière la plus pointilleuse qu'il puisse y avoir, en accord avec le staff médical, basée sur des données et des renseignements prélevés au quotidien auprès des joueurs.

On parle souvent des blessures, mais l'objectif de notre travail, c'est aussi de faire en sorte que les pros soient performants dans la durée. Qu'Hatem Ben Arfa, Paul Baysse ou Valère Germain, n'ayant pas beaucoup joué l'année dernière, puissent enchaîner, et être compétitifs durant 90 minutes, comme c'est le cas actuellement.

Justement, le Gym connaît actuellement pas mal de blessures. Quelles en sont, selon toi, les causes principales ?
Il y a différents facteurs qui peuvent entrer en jeu, dont la malchance, qui touche la ligne défensive. Passer d'un terrain mou (nos terrains d'entraînements) à un terrain particulièrement dur (l'Allianz Riviera) donne une charge complètement différente, provoque un stress musculaire. Ça se traduit par des blessures au mollet, mais aussi par des douleurs dans le dos. Certains joueurs connaissent, par exemple, uniquement des crampes à domicile. Les adversaires se plaignent également, et repartent avec de la casse.

La dureté du terrain peut être une explication, mais il n'y a pas que ça. De notre côté, nous nous posons toujours des questions. Quelle que soit la blessure, on essaie de l'isoler, d'en trouver les origines, afin de la traiter de manière à ce qu'elle ne se reproduise plus. On se remet en question tous les jours, en essayant de trouver des réponses aux interrogations qu'il peut y avoir, tout en orientant le football vers une préparation physique d'expertise.

Cependant, nous n'avons pas toujours toutes les réponses, et nous restons en alerte à propos des évolutions actuelles. Par exemple, la semaine prochaine, je ferai une intervention commune avec le médecin du FC Barcelone sur de nouvelles approches en terme de prévention des blessures, lors du congrès annuel des préparateurs physiques. Un congrès au cours duquel nous échangerons nos expériences et nos avis avec mes confrères.

 

« Nous faisons partie des 10 équipes ayant le moins de blessures en L1... »

 

Une telle situation t'était-elle arrivée lors de tes expériences précédentes ?
Non. Depuis qu'on est à l'Allianz Riviera, on a connu beaucoup de blessures, essentiellement à domicile. Ce n'est pas excusable, mais ce qui n'était pas le cas la première année au Ray. Par ailleurs, il faut préciser qu'on n'a pas plus de blessures qu'ailleurs, sur l'ensemble de la saison. Nous faisons partie des 10 équipes ayant le moins de blessures en L1 sur les 3 dernières années, ça veut dire qu'on effectue un travail de qualité, même s'il demeure perfectible.
L'objectif du préparateur physique, c'est d'avoir le moins de blessés, mais aussi des joueurs le plus en forme possible. Encore une fois, quand on voit Plea, Koziello, l'évolution de Seri, l'intégration du jeune Boscagli, les 90 minutes de Pied alors qu'il n'avait pas beaucoup joué en préparation... Ce sont aussi des motifs de satisfaction. Même si la compétitivité d'un joueur se mesure sur 38 journées, il n'y a pas que des choses à jeter.

Comment les joueurs sont-ils suivis ?
On regarde la fréquentation des entraînements, les temps de jeu, le poids de forme, la masse grasse, leur fréquence cardiaque. On a des GPS qui permettent de donner leur activité d'une manière très précise durant chaque séance, en termes de vitesse et d'intensité de courses. Nous récoltons aussi des données sur les matchs (concernant la distance parcourue, la charge de travail...), tout en prenant en compte la morphologie, et les zones qui ont besoin d'être renforcées.
Ce ne sont pas des méthodes des années 50, le travail est calibré en conséquence. Nous sommes 3 préparateurs physique, 3 kinés, on officie d'une manière collégiale et harmonieuse. Chaque élément est orienté vers des cases qui lui correspondent. On a un groupe très intelligent, les joueurs adhérent à notre méthode. Cependant, ce sont des êtres humains, avec des hauts et de bas. Il s'agit de faire en sorte que ces bas se voient le moins possible.