Interview

Hassen : « Une chance extraordinaire »

Il n'a pas tout à fait 20 ans mais possède déjà le recul nécessaire pour poursuivre son apprentissage et exprimer au mieux son talent. La détente sèche et la tête froide, Mouez Hassen s'est présenté en conférence de presse mardi avec une décontraction rafraîchissante. Gardien couvé dans la pépinière niçoise, ce talent brut a été propulsé dans le grand bain par Claude Puel en début de saison, le costume de numéro 1 sur les épaules. Résultat ? Il est apparu à 21 reprises en L1, ce qui en fait le portier de 20 ans le plus utilisé des cinq grands championnats européens (stat Opta). Débarqué sur la pointe des pieds au poste le plus exposé, le natif de Fréjus franchit progressivement les paliers. Prend de plus en plus d'assurance. Et entend désormais tout déblayer sur son passage sans se poser de questions, mais en répondant avec assurance à toutes celles qu'on lui présente.

Mouez, tu sembles monter en puissance depuis quelques semaines et le début de la nouvelle année. Comment juges-tu ta progression ?
En début de saison, c'était compliqué, je n'étais pas en confiance. Mais je progresse au fil des rencontres, j'essaie d'emmagasiner du temps de jeu et d'acquérir de l'expérience. Le coach me fait confiance, me fait jouer. Donc je progresse et me sens de mieux en mieux. Je suis plus serein.

Quel est justement, selon toi, le secteur où tu as le plus évolué depuis ton arrivée en pro ?
Les sorties aériennes. Lors de mes premiers matches, je n'étais pas serein lorsque je sortais de mes buts. Quand tu as 19 ans, c'est compliqué de voir un joueur de 34 ans te foncer dessus à toute vitesse. Maintenant, ça va mieux, et d'une manière plus générale, avec Lionel (Letizi, entraîneur des gardiens), j'essaie chaque jour de m'améliorer dans tous les domaines.

Justement, on sent que ses conseils te sont très précieux...
Oui, il m'apporte beaucoup. Avant les matches, il me rassure un maximum, me demande de rester calme et de suivre mon instinct. Ce qui était le cas quand j'évoluais en jeunes, où je jouais aussi avec ma folie. Avec les pros, c'était plus difficile à mes débuts, car il y a la pression du résultat et beaucoup de choses en jeu. Cela m'a fait réfléchir, ce qui n'est jamais bon. J'ai fait quelques boulettes... et j'en ai eu marre. Je me suis dit qu'il fallait que je revienne comme avant, et ça me réussit bien. En plus, je suis dans un club qui fait confiance aux jeunes, donc je me lâche, je me sens mieux et j'ai confiance en moi. Et puis on est passé par tous les états et les schémas en début de saison, maintenant, je suis rôdé.

"Avec un peu de recul, je trouve que le coach a eu raison. Sa décision a payé, je pense que le choc a fonctionné"

Comment as-tu vécu l'intérim de Simon Pouplin cet hiver (qui a duré trois matches, à la fin de l'année 2014) ?
On arrivait dans une période où le club n'était pas très bien, il y avait pas mal de pression. Je pense que le coach a bien fait de mettre quelqu'un d'expérience comme Simon, qui est un très bon gardien. Pour ma part, ça m'a permis de me remettre en cause et de travailler les points où je n'étais pas bien. Sur le coup, j'ai eu un petit choc – ce qui, je pense, est une réaction normale-, mais avec un peu de recul, je trouve que le coach a eu raison. Sa décision a payé, je pense que le choc a fonctionné, c'était un mal pour un bien. Simon me parle toujours beaucoup avant les matches, et pendant les entraînements. C'est une bonne concurrence. Saine. Je suis content de l'avoir avec moi au quotidien car il m'apporte beaucoup par son vécu et son parcours. Cela me facilite la vie sur le terrain et en dehors.

Lorsqu'on est un jeune homme de 19 ans titulaire en Ligue 1, est-ce qu'on se rend forcément compte de la chance qu'on a ?
J'avoue que parfois je ne me rends pas compte que j'ai une chance extraordinaire d'être gardien en Ligue 1, et a fortiori dans un club qui me fait jouer. Je n'ai pas la même vie que la majorité des autres jeunes de mon âge. D'ailleurs, des fois, je me dis que ce ne serait pas mal de revenir à l'école, mais j'ai choisi ce chemin et j'en suis très content.

Quand tu observes le parcours d'Hugo Lloris et de David Ospina, tes prédécesseurs dans le but niçois, on imagine que ça te donne des idées...
Ca donne forcément envie de travailler plus et d'atteindre leur niveau. J'ai regardé le match Tottenham-Arsenal, ils ont fait deux belles prestations. Je garde espoir, et je vais essayer de suivre leur chemin en espérant, pourquoi pas, faire un peu mieux. Même si ça va être difficile car ils sont déjà au max !

Constantin Djivas (avec R.R.)