De la Selecioun au CFA

La folle histoire de Jacques Onda

La réserve niçoise vient d'enregistrer la signature d'un garçon atypique. Ou plutôt un retour. Pur produit de la formation niçoise, Jacques Onda (19 ans) avait quitté le Gym en 2013. Après une saison à Nîmes et une incroyable aventure avec la Selecioun, le polyvalent joueur réintègre son club de toujours.

A peine au primaire, déjà au Gym. Jacques a grandi un maillot rouge et noir sur le dos. 5 ans tout pile, le bonhomme découvre les coutures du ballon rond à Gorbella. Juste derrière le Ray. Puis à Charles-Ehrmann. « Je ne me rappelle pas de grand-chose. C'est assez flou. Mais bizarrement, je garde un souvenir très précis de ces années. Je nous revois, un jour, en train d'essayer de réussir notre premier retourné acrobatique. J'avais été le premier à y parvenir... et à m'étaler sur le sable ! », se marre le gamin devenu grand. « Ces images, ces tournois où l'on se prenait pour des pros à jouer contre le PSG, Arsenal... La barquette de frites qui allait avec. Des sensations de folie... »

Grand, puissant et rapide pour son âge, Jacques se distingue comme une figure de proue de sa génération 95. Longtemps régulière, sa progression est freinée par une saison blanche, en U15, la faute à une blessure au dos. Le jeune milieu intègre quand même le centre de formation mais fait les frais d'une croissance à vitesse grand V. « Une année, j'ai pris 8cm en cinq mois. » Les effets secondaires ? « Beaucoup de blessures musculaires, un gros manque de régularité. J'enchaînais les cartons rouges, aussi. Je montrais des choses intéressantes à l'entraînement, parfois en match. Mais objectivement, je n'étais pas en mesure de postuler à grand-chose. »

Saison 2012/2013, l'adolescent au fort caractère craque mentalement et veut quitter le Gym. Son club de toujours. L'année achevée, il prend la direction de Nîmes. Une nouvelle expérience. « J'ai découvert autre chose. J'ai quitté Nice pour la première fois. J'ai vécu des hauts, des bas. J'ai appris. Ma fin de saison est moyenne, je ne reste pas. »

Le sms de la Selecioun

Mai dernier. 19 ans depuis quelques jours. Sans club, Jacques reçoit l'un des sms qui peuvent faire basculer une carrière. Une convocation. Celle de la Selecioun, alors quasi-secrète, pour un entraînement à Charles-Ehrmann. « Gautier (Lloris) m'en avait vaguement parlé. Le lundi, je participe à une opposition contre une équipe du centre de formation. Le samedi, nous sommes en route pour la Suède. »

S'il l'ignore encore, le gaillard (1,90m, 82kg) tient l'un des principaux rôles d'une aventure digne du box-office. 26 heures épiques pour rallier la Laponie, 5 matchs mémorables en 7 jours, une ville qui s'embrase pour une équipe tout juste formée... « La compétition commence par une défaite. Mais avec les tripes, à la niçoise, nous nous sommes qualifiés pour les quarts. » Il résume la suite du tournoi, un brin taquin : « Nous avons balayé les Italiens, cartonné l'Ossétie du Sud et pris notre revanche sur l'Île de Man. »

« ces sensations d'enfance... »

Au final, des images « gravées à vie ». Footballistiquement, oui. Mais pas seulement. « L'aventure humaine est inoubliable. Nous avions un groupe magnifique, il n'y avait que des belles personnes. Des joueurs au staff, des mecs qui ont consenti à des efforts hors du commun. Ces sensations d'enfance, je les ai retrouvées. Le titre que nous avons remporté n'est peut-être pas significatif pour tout le monde. Et pourtant, il symbolise beaucoup de choses. Nous avons hissé notre drapeau en Suède, nous nous sommes sacrifiés les uns pour les autres. Et pour les Niçois. »

A l'attribution des numéros, par ordre décroissant d'âge, le benjamin du groupe avait hérité du dernier choix. Un numéro 2 qui s'est pourtant fait remarquer par son intelligence de jeu, sa solidité. En confiance, Jacques s'est éclaté sous les ordres du tandem Gioria-Mattio. De quoi éclabousser le tournoi de sa facilité et susciter, comme quelques uns de ses partenaires, les sollicitations d'émissaires présents en tribunes. « J'ai eu quelques touches, des essais, des propositions à l'étranger. » Puis l'OGC Nice. Une semaine à l'essai avec la réserve de Régis Beunardeau. « Il n'y avait même pas de question à se poser. Juste mes tripes à laisser sur le terrain. » L'essai transformé, Jacques s'est officiellement réengagé avec son club formateur, ce mercredi.

Finalement, Jacques n'a fait que partir pour mieux revenir. « Dans ma tête ou sur un terrain, je n'avais plus été aussi bien depuis longtemps. » En pleine possession de ses moyens, déterminé comme jamais, il entend désormais « tout arracher ». « Comme tout jeune joueur amateur, je rêve du haut niveau. Je veux progresser, mettre toutes les chances de mon côté. Je vais galérer, je le sais. Mais franchement, ça ne me fait pas peur... » 

Y.F.