Le témoin

« Contre Monaco, tout peut arriver »

Sérieusement blessé à la cuisse le mois dernier, le meneur de jeu de la Lazio de Rome s'est fait opérer à Lyon. Il y observe en ce moment un repos complet, en attendant d'entamer une rééducation qui le tiendra éloigné des terrains jusqu'à la fin de saison. Il sera également devant sa télévision pour assister à Nice – Monaco, ce soir. Une affiche que l'ancien chouchou du Ray (2005-2008) a marqué de son empreinte.

Eder, peux-tu d'abord nous donner de tes nouvelles ?
Je me suis fait opérer de la cuisse il y a deux semaines. Tout s'est très bien passé. Le Dr Bertrand Sonnery-Cottet et son équipe ont effectué un excellent travail. Comme en 2010, lorsqu'ils sont intervenus sur l'autre jambe. A l'époque, j'avais été très inquiet. Certains médecins me disaient perdus pour le football. Finalement, j'ai pu revenir. Cette fois, je suis donc serein. Je sais par où je vais devoir passer. Beaucoup de travail m'attend, mais je vais tout donner dans l'espoir d'être apte à la reprise avec le groupe en juillet.

Avant de poursuivre : comment un Brésilien d'Italie parle-t-il toujours aussi bien français ?!
(Il se marre) A Rome, je joue avec Ciani, Konko, Cana, Cavanda... L'an dernier, Louis Saha était aussi parmi nous. J'ai donc continué de pratiquer la langue.

Arrivé à l'été 2012, comment se déroule ton expérience à la Lazio ?
Tout allait très bien jusqu'à cette blessure. Nous avons l'an dernier remporté la Coupe d'Italie. Un titre après lequel le club courait depuis quelques années et d'autant plus apprécié par les supporters que nous avons battu la Roma. Cette saison, j'ai commencé par de très bons matchs amicaux. J'ai eu un peu moins de temps de jeu en début de compétition mais j'ai gardé le moral et la confiance. Le public et le club m'ont toujours témoigné leur soutien ; je me suis toujours tenu prêt à jouer.

« Passion et ferveur : le football que j'aime »

Les supporters de la Lazio ont une réputation bouillonnante...
Ils sont très chauds, oui. Toujours à fond. Du matin au soir, 24h/24, toute l'année. J'aime quand il y a toute cette passion autour d'une équipe. Ça me rappelle Nice. Et avec toute cette ferveur, le football n'est que plus beau. C'est celui que j'aime.

En affrontant le Gym en amical l'été dernier, tu as dit un dernier au revoir au Ray...
J'étais très heureux de retrouver tout ce monde, ces gens avec qui j'ai travaillé pendant près de quatre ans. Ça m'a fait beaucoup de bien. Ce n'était que du bonheur. J'aurais aimé que Nice se qualifie en Europa League pour que nous nous retrouvions (la Lazio est tombée dans le même groupe que l'Apollon Limassol, ndlr). Ce n'est que partie remise, j'espère.

Comment expliques-tu l'affection que les Niçois gardent pour toi ?
Elle est réciproque. Je suis toujours resté professionnel, sérieux. Et je crois que ce que j'ai fait leur a plu. Nous avons partagé des moments forts. Encore ces derniers jours, via les réseaux sociaux, j'ai reçu de nombreux messages en provenance de Nice. J'ai été très touché.

Tes années niçoises ?
Ce sont mes débuts en Europe. J'étais tout juste majeur. Ils symbolisent beaucoup de travail. Gernot Rohr et Frédéric Antonetti, mes entraîneurs successifs, m'ont beaucoup fait progresser. Mentalement et physiquement. J'ai progressé et cette période m'a permis de goûter à la Ligue des Champions avec Lyon. Un grand moment dans une carrière.

Le premier match niçois qui te vient à l'esprit ?
Mon premier derby contre Monaco. Celui où je marque depuis le milieu de terrain. Mon premier but en Ligue 1, resté l'un des plus beaux de ma carrière.

Effectivement, tu n'as jamais été tendre avec Monaco...
Tu veux parler de la demi-finale au Louis II (rires) ? Effectivement, je me souviens très bien de cette tête qui nous qualifie pour le stade de France. Là-aussi, un moment magique. La finale nous laisse des regrets, mais ce parcours restera fantastique. Effectivement, avec le recul, je me dis que nous avons vécu quelques matchs mémorables contre Monaco. Nous prenions tout à fait la mesure de l'importance de ces derbys. Toute l'équipe les prenait très à cœur.

« La coupe, toujours à part »

Ce soir, comment le Gym peut-il rivaliser avec le mastodonte monégasque ?
Un match de coupe est toujours à part. Tout se joue d'abord au cœur, au courage et à l'abnégation. Les Niçois vont devoir faire preuve d'une grande rigueur défensive. Et lorsque des opportunités se présenteront, ils ne devront pas avoir peur d'aller au bout de leurs idées. Monaco est une très grosse équipe, c'est vrai. Mais tout peut arriver, à condition d'y croire.

Ton avis sur l'OGC Nice, aujourd'hui ?
Je suis toujours l'équipe, j'ai regardé plusieurs matchs cette saison. Elle est capable de belles choses mais surtout, elle possède encore une grande marge de progression, vu sa jeunesse. Sur le terrain, je remarque beaucoup de qualité et la rigueur inculquée par un coach que je connais bien.

Tu as effectivement côtoyé Claude Puel pendant trois saisons...
En arrivant à Lyon, j'étais un joueur très offensif. Presque un deuxième attaquant. Avec moi, le coach a beaucoup insisté sur les devoirs défensifs. Il m'a appris des aspects nouveaux pour moi, il m'a fait progresser.

Certains joueurs t'ont-ils tapé dans l'oeil ?
Cvitanich est très à l'aise techniquement. Il a le sens du but et se montre précieux pour son collectif. J'aime beaucoup le petit Traoré, avec qui j'ai joué. C'est un bosseur, un mec sérieux. En défendant bien, en ressortant proprement les ballons, il prouve qu'il a également les caractéristiques pour également évoluer un cran plus bas. C'est un joueur de qualité. Je connais également bien Pied, Kolodziejczak et Bodmer, mes ex-coéquipiers à l'OL.

Es-tu resté en contact avec Hugo Lloris ?
Nous avons joué près de huit ans ensemble. Il est comme un frère pour moi. Nous nous appelons régulièrement et je suis ravi de sa progression. Travailleur comme il l'est, il mérite tout ce qui lui arrive. Il a un caractère fort. Il n'a pas besoin de crier sur tout le monde pour être un leader. Il emploie les mots justes au bon moment. Et au-delà de son intelligence, c'est un gardien phénoménal par sa qualité, sa rapidité. J'espère qu'il fera une belle Coupe du Monde. Avec, pourquoi pas, une finale contre le Brésil.

La progression de Gautier, le petit frère, n'a pas dû t'échapper...
Nous nous sommes même affrontés lors du match amical. J'étais très content de le voir. Il a grandi, beaucoup progressé et commencé à fréquenter le groupe professionnel. J'espère qu'il va poursuivre sur cette dynamique.

A votre départ et à d'autres reprises depuis, Hugo et toi avez insinué que l'aventure niçoise n'était peut-être pas complètement terminée...
En football, tout peut aller très vite. Tout reste possible. Effectivement, nous en avions déjà parlé de cette hypothèse avec Hugo. Ce serait beau. Mais à ce jour, je suis sous contrat avec la Lazio. Je suis concentré sur mon club, j'y suis bien et je le respecte.

Vas-tu prochainement découvrir l'Allianz Riviera ?
Bientôt, je l'espère. Puisque je suis en vacances forcées, je vais essayer de venir d'ici la fin de saison. De l'extérieur, en passant à côté, j'ai vu un stade magnifique. J'ai maintenant hâte de le découvrir de l'intérieur.

Un mot pour les supporters ?
Dis-leur qu'ils me manquent et que je les salue. Eux et toutes les personnes que j'ai eu le bonheur de côtoyer au club. Notamment Nabil (intendant) ou Philippe (kiné), qui ont beaucoup fait pour moi. Un grand bonjour à tous. Le Gym gardera toujours une place particulière dans mon cœur.

Y.F.

Ederson à l'OGC Nice

Jan.2005 – juin 2005 : 7 matchs, 2 buts
2005 – 2006 : 26 matchs, 3 buts
2006 – 2007 : 32 matchs, 6 buts
2007 – 2008 : 40 matchs, 8 buts

Finaliste de la Coupe de la Ligue 2006