Interview

Nemanja Pejcinovic : « Comme chez moi »

Cent matchs officiels au compteur. Comme une nouvelle preuve de son investissement à l'OGC Nice. A 25 ans, le Serbe prend une importance grandissante sous les couleurs qu'il défend depuis l'été 2010. A une semaine de la réception de Marseille, il tire ses premiers enseignements du début de saison. Avec une certitude : celle d'être bien dans ses crampons.

Nema, à Toulouse, tu as disputé ton centième match officiel sous les couleurs du Gym...
J'espérais dépasser ce cap l'an passé. Malheureusement, quelques pépins physiques m'en ont empêché. Autant de matchs en moins de quatre saisons, c'est beau. Cela signifie que l'on joue souvent. Et ça me fait d'autant plus plaisir qu'à Nice, je me sens comme chez moi. Je me vois grandir. J’engrange de la confiance, de l'expérience.

Après neuf journées, quel premier constat dresses-tu de la saison ?
Nous l'avons mal commencée, en loupant la qualification pour l'Europa League. Une déception pour tout le monde. Mais nous avons su vite relever la tête. Nous méritons notre sixième place actuelle. Peut-être même mieux, vu les points facilement perdus.

Vous en comptez cinq de plus que l'an passé à la même époque...
C'est bien mieux, oui. L'an dernier, nous entamions aussi un nouveau cycle : nouveau coach, nouveau stade, nouveau projet... Là, nous avons l'avantage de déjà connaître les attentes. C'est du temps gagné, et je pense qu'avec l'ambition du club et du président, nous allons encore progresser.

N'était-il pas compliqué de redémarrer après une magnifique saison ?
Nice n'avait pas connu une telle réussite depuis très longtemps. A la reprise, inconsciemment, nous avons peut-être estimé que nous n'étions pas capables de reproduire cette performance. Je ne suis pas d'accord. Au contraire, nous avons la qualité pour viser bien mieux que la simple première moitié de tableau.

Et l'envie de re-goûter à l'Europe ?
J'ai été très déçu de me blesser juste avant Limassol. Mais pour avoir connu cette compétition avec le Herta Berlin, je sais qu'il s'agit de matchs délicieux. Peu de rencontres au cours desquelles il faut tout donner. Cette année, notre manque d'expérience nous a probablement pénalisés. Mais faisons d'abord un bon championnat. Et après nous verrons.

« J'ai de la chance d'avoir connu le Ray, puis l'Allianz Riviera »

Qu'est-ce qui change à l'Allianz Riviera ?
Au début, j'avais du mal à réaliser que nous étions à Nice. C'est énorme. Depuis le terrain, on entend beaucoup plus les supporters. Il y a plus de bruit, d'émotion. J'espère qu'un maximum de monde sera présent, y-compris sur les matchs prétendus moins prestigieux. En deux matchs à l'Allianz Riviera, nous avons engrangé autant de victoires. Même si ce sera compliqué, j'ai très envie de prolonger la série contre Marseille...

Europa League, der' du Ray, inauguration de l'Allianz Riviera : le début de saison a été animé...
Le Ray, c'était une belle histoire. Un musée. Je trouve que j'ai de la chance d'y avoir joué trois ans, et de faire aujourd'hui partie de la première génération de l'Allianz Riviera. C'est une période historique pour les Niçois. Une opportunité pour tous. Une nouvelle page qui, je l'espère, sera marquée par un maximum de réussite et de trophées.

« Bjekovic, une légende »

A la der' du Ray, on t'a aperçu avec tes compatriotes Milos Djelmas et Nenad Bjekovic...
Ce sont deux grands joueurs de l'histoire du club. J'avais déjà rencontré le premier peu après mon arrivée à Nice, il y a trois ans. Quant à Bjekovic, il est populaire en Serbie par ses fonctions au Partizan Belgrade. A Nice, j'ai bien compris qu'il est carrément une légende.

​L'héritage est lourd...
C'est une sacrée responsabilité, oui (rires) ! Je suis défenseur, mais je vais essayer de faire de mon mieux.

Tu en es la preuve avec Civelli et Bodmer : on associe souvent un défenseur central à son binôme...
La bonne relation entre les deux est primordiale. La communication et leurs déplacements doivent être fluides. Chacun fait son match mais au final, c'est surtout la complicité du duo qui fait le salut du collectif.

Outre ces deux-là, avec qui t'es-tu bien entendu ?
Quand j'étais petit, je jouais avec Nenad Tomovic, justement (photo ci-contre). Nous nous entendions très bien. Nous sommes de la même génération et avons rejoint Belgrade en même temps. Nous avons franchi les différents paliers ensemble.

 

« J'ai toujours pensé à la sélection »

La sélection ?

J'y ai toujours pensé. Le championnat français n'est malheureusement pas très populaire en Serbie. Paris et Monaco ont beau faire parler d'eux, c'est encore loin de l'Angleterre, de l'Italie, de l'Allemagne ou de l'Espagne. A mon poste, la concurrence est rude : Ivanovic (Chelsea), Subotic (Dortmund), Nastasic (Manchester City), Tomovic (Fiorentina), Bisevac (Lyon)... Mais je pense pouvoir me faire ma place.

Depuis ton retour de blessure, tu sembles en grande forme...
Ça va, oui. Mais je pense pouvoir faire encore mieux. Physiquement, je ne suis pas encore à 100%.

En quoi Claude Puel t'a-t-il fait progresser ?
Avant son arrivée, j'avais du potentiel. Il l'a exploité. Il croit en moi, pense que j'ai des qualités pour jouer au plus haut niveau. Il me donne confiance, toujours plus de responsabilités. Puis nous avons une bonne relation. C'est une bonne personne et un bon coach.

Ton avis sur l'Olympique de Marseille ?
C'est l'un des plus grands clubs de France. Ils ont de la qualité, des bons joueurs capables de faire la différence. Mais nous avons les moyens, devant nos supporters, de réussir un bon match. Il faut les respecter mais je pense qu'ils nous redoutent aussi. Depuis quatre ans, le bilan est équilibré. Ce sera un derby, et je pense que nous avons notre carte à jouer.

Le début d'une sacrée série...
Beaucoup de gros matchs nous attendent. Nous allons devoir être réguliers et prouver notre qualité constamment. Bastia, Bordeaux, Paris, Saint-Etienne... Les grands matchs vont s'enchaîner et j'espère qu'à la fin de cette série, nous aurons le sourire.

 

Y.F.