Interview

Guessand tourné vers l’avant

Pour lui, le bonheur est dans le prêt. Pour le Gym - qui l’a envoyé à Lausanne la saison passée pour mieux le retrouver - aussi. Au bord du Lac Léman, Evann Guessand a perdu sa jeunesse pour s’affirmer comme un élément incontournable du dernier 6ème de Super League. Revenu sur la Côte d’Azur, l’attaquant de 20 ans a changé. Mûri. Grandi. Et souhaite désormais s’inscrire dans la durée avec les Aiglons, sous les ordres de Christophe Galtier. Fort d’un nouveau statut, tourné vers l’avenir et vers l’avant.

Evann, tu viens de prolonger ton contrat avec Nice. Peux-tu nous dire ce que ça représente pour toi ?
De la fierté et de la joie. Beaucoup de joie, même. Je suis arrivé au Gym en U14, en provenance de l’ASPTT Marseille. J’ai fait deux ans à la préformation. Puis j’ai franchi les paliers un à un, jusqu’aux pros. Et aujourd’hui, je suis là, j’ai prolongé et j’en suis très heureux. Merci au club de compter sur moi. C’est un rêve parce que l’OGC Nice a changé de dimension et aurait pu ne pas « calculer » les joueurs de son propre centre. Mais non, nous poursuivons ensemble et c’est avec grand plaisir que je rentre dans un projet formidable. Le Gym est ambitieux et je suis un compétiteur. On va continuer notre histoire d’amour ensemble, quel bonheur ! J’espère que nous ferons de grandes choses.

Penses-tu être un bon exemple pour les jeunes du centre qui rêvent d’arriver en pro ?
Voir que tu peux sortir de la formation et jouer chez les professionnels, ça fait rêver. On est au centre pour ça. Et moi, quand j’y étais, mon exemple, c’était Malang. Donc si je peux ouvrir le chemin et montrer que c’est possible, tant mieux.

Pourquoi avoir fait le choix de rejoindre Lausanne la saison passée ?
Avant que je signe mon premier contrat pro, on était d’accord avec les dirigeants niçois : il fallait que je fasse une saison en prêt pour enchaîner les matchs. Tout était clair. C’était le bon choix car j’ai pu progresser et vivre pour la première fois une saison au haut niveau. Quand j’étais au LS, j’étais constamment en lien avec Fred Gioria. Il est venu me rendre visite, voir mes matchs, il prenait de mes nouvelles. Les dirigeants étaient aussi présents. Grâce au suivi mis en place par le Gym, on n’était pas à l’écart et on était toujours concernés par ce qui se passait dans les deux clubs.

Quand tu dis « on », c’est avec Lucas Da Cunha et les autres Niçois du LS ?
C’est ça. Avec Lucas, par exemple, on se connaissait déjà depuis la sélection U16. A Lausanne on s’est rapprochés et c’était une belle expérience pour nous. Son profil me correspond bien et vice versa. On était assez complémentaires sur le terrain et je pense que ça a bien marché. J’espère que ça va continuer comme ça à Nice maintenant. C’est à nous d’élever notre niveau pour faire de grandes choses ici. 

Comment décrirais-tu ton jeu ?
Je suis un vrai attaquant. Mon père, Hervé, l'était aussi, mais je suis "moins 9" que lui. Je suis parti à Lausanne en tant qu’avant-centre mais je me sens à l’aise à tous les postes offensifs. D’ailleurs à la base, j’ai été formé en tant qu’ailier, ce n’est qu’en prenant du gabarit que je suis passé dans l’axe. À Lausanne, par rapport au système qu’on utilisait, j’ai beaucoup évolué dans le couloir, puis j’ai fini en pointe. L’enchaînement des matchs et leur intensité m’ont permis de progresser. Avec le climat suisse, très froid, j’ai appris à connaître mon corps. C’était une expérience aussi belle que nécessaire. C’est important, à mon âge, de pouvoir emmagasiner du temps de jeu en pro.

… Et de pouvoir marquer des buts !
Ce n’est pas de la prétention mais je suis d’un naturel confiant, je connais mes capacités, je sais que je peux être décisif. Je l’ai été la saison dernière (34 matchs de Super League, 7 buts, 5 passes décisives), j’espère l’être cette saison. Maintenant, je suis concentré sur ce que j’ai à faire avec le Gym.


"Cette année en prêt m’a permis d’enlever cette étiquette du jeune"


Ton statut avec le Gym, justement, ne sera plus celui d’un jeune joueur.

Non, et je pense que ça fait du bien à tout le monde ! Je sens que je suis un joueur plus confirmé. Le Club me traite comme tel. Ça me donne encore plus confiance. Cette année en prêt m’a permis d’enlever cette étiquette du jeune. Je suis au même niveau que tout le monde, même si certains ont plus prouvé que moi et que j’ai tout à faire avec le Gym.

Que retiens-tu de tes premières entrées en pro avec le maillot rouge et noir ?
C’était un de mes rêves de jouer à l’OGC Nice donc je me souviens de tout. C’est encore dans ma tête, bien frais. Mon premier match, c’était contre Fréjus en Coupe de France, je suis entré dans le couloir gauche. Après, j’ai grappillé quelques minutes contre Lens, Paris et Bordeaux, dans l’axe. Maintenant, j’ai hâte de retrouver le terrain et l’ambiance du stade… J’ai été ramasseur de balles, porte-drapeau, j’ai été en tribunes, je connais Nissa la Bella, les chants des supporters... J’ai hâte de découvrir ou redécouvrir tout ça en tant que joueur.

Physiquement, où en es-tu ?
Je n’ai pas loupé un match en Suisse et je me suis blessé à l’ischio lors de la dernière rencontre de la saison contre les Young Boys. Je suis actuellement en phase de reprise. Ça me frustre un peu parce qu’un joueur veut être sur le terrain, surtout pendant la préparation, mais je dois être patient. Je passe mes journées entre les soins, la musculation, le vélo et le cardio’. Prochaine étape : la reprise de la course.

Que vous êtes-vous dit avec le coach Galtier ?
Il m’a expliqué comment il me voyait dans son système, ce qu’il attend de ses joueurs offensifs dans son 4-4-2 à plat. On ne se connaissait pas plus que ça mais la discussion a été très constructive et, franchement, elle m’a mis en confiance. Je sais que le coach aime bien les joueurs de percussion, de profondeur. Ça tombe bien. La concurrence s’annonce rude et saine. Tant mieux. C’est comme ça qu’une équipe avance.

F.H.