Ancien

Calatraba : « Je ne baisserai pas les bras »

Ancien joueur de l’OGC Nice, au début des années 90, Jérôme Calatraba dirige actuellement le High Club, célèbre discothèque située sur la Promenade des Anglais. En cette période particulièrement difficile pour le monde de la nuit, nous avons souhaité prendre des nouvelles d'un membre de la famille rouge et noir. 

Jérôme, peux-tu nous dire où tu en es au niveau professionnel ?
Concrètement, il y a du nouveau par rapport à la situation qui nous bloque depuis l’année dernière. On a rendez-vous avec L’Elysée ce mercredi en visioconférence pour faire avancer les choses (l'entretien a été réalisé mardi, ndlr). L’autre solution, c’était d’aller au Conseil d’État, ce qui n’arrange personne. On espère que la situation va se décanter, parce qu’il est hors de question qu’on continue à être les dindons de la farce. Les boîtes de nuit sont les seules à être fermées depuis le début de la pandémie, et pourtant les cas ont continué à monter. 

La fête de demain ressemblera-t-elle à la fête d’hier ?
Bien sûr ! Mais la vérité, c’est que la fête a continué, de différentes manières, à part pour nous. La fête est un sas de décompression, les gens en auront toujours besoin. Je suis un chef d’entreprise, avec 51 salariés. En France, il y a 1600 discothèques, pour un chiffre d’affaire de 1,7 milliard d’euros, mais on ne pèse « que » 25 000 emplois. Donc quand on voit que tout bouge, sauf pour nous, on se pose des questions. On n’est pas non plus aidés par les banques, ce que je peux comprendre, mais en gros, on est seulement reconnus quand il faut payer des taxes. On doit avoir de la visibilité sur la suite, parce que ce ne serait pas normal que tout ouvre de nouveau sauf nous.

Tu es également toujours engagé dans le milieu du football, au club de la Colle-sur-Loup…
C’est ça, je suis vice-président du SPCOC qui compte 470 licenciés. Là aussi, on fait avec les moyens de bord, parce que comme les subventions baissent, ce n’est pas facile. Mais là aussi, on s’accroche et on continue à apporter de l’argent pour que le club continue à avancer.

Es-tu toujours attentif aux performances du Gym ?
Bien sûr ! Ce n’est pas évident de jouer sans public, surtout pour nous à Nice. Les jeunes sont bourrés de qualités, mais à un moment, ça ne l’a pas fait. J’espère que la saison va bien finir et que celle d’après sera bonne.

Tu es toujours en contact avec les gens du club ?
Toujours, parce qu’en plus je fais partie de l’équipe des Anciens. D’ailleurs Fred (Gioria) m’a envoyé un message sympa il y a quelque temps : « Ne baisse pas les bras, tu ne le faisais pas sur le terrain ». J’ai été touché et je lui ai répondu : « T’inquiète pas Fredo, je ne baisserai pas les bras. » C’est quelqu’un de bien, vraiment. Depuis qu’il a repris l’équipe avec Adrian, je trouve qu’il a ramené de la gnaque. C’est ce qu’il fallait.


Tu as également connu Fred Gioria comme coéquipier...
C’est ça. Après la rétrogradation administrative du Club (1991), nous étions une bande de potes du centre à jouer en D2, avec les Crétier, Fugen, Collet, Di Costanzo - qui soit dit en passant était extraordinaire. On était encadrés par des mecs d’expérience, Mattio, Gioria, Elsner, Sandjack, Abou Cissé – le frère de Djibril -, Génésio, le regretté René Marsiglia, qui m’avait pris sous son aile. C’est cette alchimie entre les anciens et les jeunes qui nous a permis de décrocher le titre de champion de France de D2 et de faire remonter le club (en 1994).

Un mot sur Marco Di Costanzo que tu qualifies "d’extraordinaire" ?
Il l’était, même s’il n’a pas eu la carrière qu’il méritait On se voit encore. A l’époque, c’était quelque chose. Au Ray, quand il ne jouait pas, les supporters tournaient le dos au terrain pour manifester leur mécontentement (rires). Marco était un phénomène. Une fois, on a fait un match de gala au Ray contre le grand Bayern, entraîné par Beckenbauer. On est menés deux fois au score, on finit par gagner (3-2). J’égalise sur centre de Sandjak et Marco marque 2 buts de fou. On pensait tous qu’il allait signer au Bayern…

Enfin, on te laisse conclure.
Puisque l’occasion m’est donnée, j’en profite pour faire un clin d’oeil à mon père spirituel Eugène Fugen (dirigeant, éducateur, entraîneur adjoint et secrétaire général du Gym, disparu au mois de mars). Si je suis ce que je suis aujourd’hui et si j’ai pu être pro, c’est grâce à cet homme. Une partie de moi est partie avec lui. Enfin, pour le futur, je souhaite la santé à tout le monde, que le Gym continue à travailler d’arrache-pied pour amener la 5ème ville de France au sommet, et bien sûr, que le High Club rouvre !