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Roi du poker et fou du Gym !

Quel est le point commun entre Jean-Pierre Teisseire, Dick Van Dijk, Roger Ricort, Roby Langers, Maurice Cohen et Yoan Cardinale ? L’OGC Nice, de toute évidence. Mais l’évidence cache souvent une autre vérité que le hasard, seulement, permet de débusquer. En ce début du mois de mai, à cheval sur la parole - son fidèle destrier d’argent -, le hasard nous a menés vers un champion du monde de poker fou amoureux du Gym.

Avec du recul, il faut presque se pincer pour y croire. Mais le recul permet parfois d’avancer, alors va pour le coup de pince. Lorsque le 21 mars 2018, Antonin Teisseire se rend à l’Allianz Riviera, pour prendre part à un tournoi de poker organisé par Winamax (alors partenaire du Gym), il le fait dans l’anonymat, content d’affronter Cardinale, Souquet, Lees-Melou, Cyprien et autre Plea.

Si les Aiglons sont sur leur terrain, c’est bien lui qui est chez lui. Cartes en mains, jetons sur le tapis, associant les chiffres et les figures avec un style, une voix, une verve et un charisme qui lui ont valu le surnom "de Pavarotti du Poker" : « C’est plus parce que je suis un peu costaud et que je fais souvent le con dans les tournois », se marre-t-il au bout du fil, en nous mettant de suite à l’aise. « Je suis venu jouer à l’Allianz Riviera parce que mon pote de Winamax m’avait invité et comme je suis un fou du Gym, j’ai accepté et je me suis éclaté ». En "éclatant" les autres, aussi…

Fils d’un ancien Aiglon

Car dans le monde du poker, « Tonin » Teisseire, originaire de la Colle-sur-Loup, a depuis longtemps perdu l’anonymat. En 2009, il termine 3ème du prestigieux tournoi PPT de Cannes, qui lui permet, depuis, d’être sponsorisé par Partouche. Deux ans plus tard, en 2011, il règne sur la planète, en décrochant un bracelet WSOP, équivalent du titre de champion du monde, à Las Vegas. Pour l’honorer, le Palais de la Méditerranée rebaptise sa « poker room » à son nom. Gloire, renommée et succès arrivent à la chaîne. Une belle récompense pour un homme qui avoue « avoir appris à jouer dans les tripots » de la plus belle ville du monde, « sans le dire à mon père »

Son père justement, parlons-en. Né à la Colle-sur-Loup le 31 août 1940, Jean-Pierre Teisseire appartient à la grande famille du Gym, où il effectue sa formation et dispute 55 matchs en pro, entre 1959 et 1964. Le défenseur y inscrit un seul but, face à Bordeaux (victoire 2-0 le 12 avril 1964), avant de poursuivre sa carrière à Grenoble, Lyon, Aix, Avignon, Reims et Ajaccio. Son nom, comme celui de tous les anciens, est affiché sur les murs de la salle de conférence de presse du centre d’entraînement. 

Sa lignée, elle, éprouve un amour sincère et profond pour l’institution rouge et noir. Son fils comme son petit-fils Arthur, 28 ans et abonné en Sud. « Je ne loupe jamais un match, prévient Tonin. Quand le Gym perd, j’en ai mal au ventre, ça me rend malade. Cette année, on a eu beaucoup de blessés, mais franchement, j’ai bon espoir pour la suite, parce que le Club est entre de bonnes mains. Et parce que les moments où j’ai le plus vibré comme supporter, c’était durant les dernières années, avec Ben Arfa et Balotelli… »

Le café avec Roger, « les bocce » avec Roby

Les échanges qui se poursuivent prouvent rapidement une chose : le champion ne bluffe pas. Incollable sur les saisons, les résultats, les joueurs, les périodes, il nous sort progressivement des sentiers battus pour nous plonger dans son parcours de vie. Avec une gouaille et des échos personnels pour chaque époque. « Petit, j’allais voir les Bjekovic, Katalinski, Jouve. Ça, c’est le Gym de mon enfance, avec mon grand-père qui m’amenait au Ray. On habitait aussi à côté de Van Dijk, que je connaissais bien. Quand j’ai grandi, je me suis fait beaucoup d’amis au Club. »

Lancé, il enchaîne : « Roby Langers habitait à Saint-Paul de Vence et moi je passais ma vie là-bas. Donc quand il était là, on était très potes. On jouait aux boules ensemble. Le soir du quadruplé contre Strasbourg, j’étais au stade et je suis parti faire la fête avec les joueurs au Royal Cost, en ville. Je pourrais t’en citer plein d’autres. » Si, justement, il ne devait en citer qu’un ? « Mon grand ami, Roger Ricort. C’est un vrai, un bon. On buvait le café tous les matins ensemble et comme il est à la Colle, on parle encore souvent du Gym. Bon je le rendais un peu fou en lui demandant des places à la dernière minute, mais il a toujours assuré. A un moment, je buvais le café avec Jean-Phi’ Mattio, mais on s’est un perdus de vue. Je connais aussi Maurice Cohen, avec qui je me suis retrouvé à un tournoi de poker à 100€ alors que j’étais champion du monde... ».

Au bout du fil, les minutes filent sans que l’on y prenne gare et rapidement, le temps commence à manquer. Les émissions sur le poker qu’il anime sur RMC avec Daniel Riolo ; le tournoi à Barcelone avec Neymar - « quelqu’un de très sympa qui adore le poker et qui croyait me battre… » ; le maillot du Gym fièrement brandi à Dublin, après une victoire importante en 2016, « dès que je peux je fais des trucs comme ça » ; les réseaux sociaux et leurs discussions de bar, « que je ne supporte pas, à part pendant le mercato » ; la saison en cours et celles qui arrivent...

Très vite, l’on convient que le temps se prolongera dans une deuxième mi-temps. Dès que le contexte sanitaire le permettra, l’OGC Nice l’invitera à visiter le centre d’entraînement, avec son père et son fils, histoire que la famille se joigne à la famille.

Le centre d’entraînement qui se situe rue Jean-Luciano, qui fut son entraîneur au Cavigal et celui de son paternel chez les Aiglons...

Constantin Djivas
Photos : Winamax