Portrait

Sur les traces de Flavius...

Il est arrivé à l’été 2020, sans jamais avoir joué en pro, presque sur la pointe des pieds. Neuf mois après, Flavius Daniliuc a disputé 21 rencontres avec le Gym, dont 18 en L1, affiché ses qualités dans une charnière bicéphale, une défense à trois, le couloir droit, et s’est même offert le luxe d’être décisif à Rennes, d’un coup de tête magistral. Alors qu’il n’a pas 20 ans – il les aura le 27 avril - , le défenseur, qui a honoré sa première sélection avec les Espoirs autrichiens ce samedi, s’est taillé une place au soleil à force de travail. Mais qui est-il vraiment ? OGCNICE.com retrace un riche itinéraire l’ayant mené de Vienne à Nice, via Madrid et Munich.

"Europe-trotteur"

Né en Autriche, Flavius claque ses premières passes dans son quartier : « J'ai commencé à jouer pour un petit club local avant d’être repéré par l’Admira, retrace-t-il. Par la suite, j’ai été détecté par le Rapid Vienne, la grande équipe de la capitale ». Le Rapid accélère sa trajectoire. Après un petit exercice au sein de l’académie du club 32 fois champion d’Autriche, petit Flavius tape dans l’oeil de grandes écuries européennes lors d’un tournoi de fin de saison. « J’avais neuf ans et j’ai été nommé joueur du tournoi. Les recruteurs du Real étaient présents et ils m’ont demandé de venir à Madrid ».

Avec l’accord de sa famille, il se rend dans la capitale espagnole et séduit les éducateurs madrilènes lors des tests, puis intègre alors le centre de formation merengue : « Nous avions été tellement surpris... Nous devions rentrer le lendemain en Autriche, mais je suis resté un mois de plus avec mon père ». Le mois se transforme en années. Quatre, pour être précis, que le joueur, qui n’est pas encore adolescent, passe loin des siens. A 13 ans, l’éloignement lui pèse. Logiquement. Direction le Bayern Munich, autre mastodonte de la planète foot, plus proche de sa famille. A 1h30 de la frontière autrichienne, Daniliuc voit les siens plus régulièrement, ce qui « comptait et compte toujours beaucoup ». Sur le plan sportif, la progression apparaît linéaire. L’Allemagne lui va bien et il grandit – au propre comme au figuré - dans l’air de la Bavière. Pendant 6 ans, il y franchit les paliers, s’impose comme un élément incontournable, et devient même le capitaine des U19 avec qui il dispute la Youth League. Récompensé pour ses bonnes performances, il est convoqué à 4 reprises en équipe réserve lors de la saison 2019-20. Saison à l’issue de laquelle il rejoint l’OGC Nice, pour y signer son premier contrat professionnel.

L’Autriche

A l’aube de ses 20 printemps, le n°5 des Aiglons « s’est habitué » à une vie d’expatrié. « C'est comme ça pour moi depuis que j'ai 10 ans, avance-t-il sans amertume. Je n’ai que très peu vécu dans mon pays. Bien sûr, mes proches me manquent et j'essaie de les voir le plus souvent possible. Nous faisons beaucoup de FaceTime et nous nous appelons tout le temps pour rester en contact ».

Si ses venues en Autriche se font rares, il garde néanmoins un attachement profond à son pays natal, qu’il considère comme sa maison et qu’il évoque dans un mélange de respect et d’admiration : « C’est un pays avec de nombreuses traditions. Il y a beaucoup de montagnes, des grandes villes, mais aussi de très beaux endroits. Je viens de Vienne que je connais donc très bien. Les gens sont vraiment simples, ils essaient d'être gentils et travaillent dur ». Des valeurs qui ont déteint sur son caractère et lui ont permis de se fondre dans le club rouge et noir à la vitesse grand V.

Au mois d’août dernier, l’international Espoirs autrichien était revenu sur sa terre natale, à l’occasion du second stage estival du Gym, effectué dans la région de Salzbourg. Un moment particulier lui ayant permis de revoir certains membres de sa famille, au sortir d’un confinement qu’il a passé au centre d’entraînement de l’octuple champion d’Allemagne en titre. : « Mon frère a même assisté au match contre Dac. Je ne l'avais pas vu depuis longtemps donc ça m’a fait du bien de passer du temps avec lui ».

Une famille de sportifs

Son frère nous permet d’ouvrir sur un nouveau chapitre. Le chapitre familial, qui occupe une place centrale dans l’histoire du jeune Aiglon, par ailleurs fervent croyant. Le colosse a "poussé" entouré de 5 frères et soeurs, avec qui il a beaucoup partagé malgré l’éloignement : « Quand je grandissais, je parlais avec eux tous les jours, je prenais des conseils, je les aidais avec certaines choses et ils m'aidaient », souffle-t-il avec pudeur au moment d'en parler.

D’ailleurs comme lui, les membres de sa fratrie sont tous de grands sportifs. Certains sont des même des habitués des terrains. « J’ai deux frères qui évoluent en Autriche. L’un est gardien de but (au SV Ried en 1ère division), l’autre est défenseur, comme moi, en 3e division (SV Mattersburg II) ».

Grand fan de Cristiano Ronaldo - qu’il qualifie d’« exceptionnel, notamment pour sa mentalité » -, le 10ème Autrichien de l’histoire du Gym* possède deux modèles à son poste : « Sergio Ramos et Virgil Van Dijk. Ce sont deux joueurs très talentueux. L'un joue au Real Madrid depuis 10 ans. L'autre est arrivé à Liverpool grâce à son travail acharné et est maintenant l'un des meilleurs du monde ».

Nice

Le travail acharné, Flavius connaît. Sur le terrain, celui qui n’avait jamais joué en pro avant son arrivée sur la Côte d’Azur réalise déjà une saison solide. Il a pris part à 21 matchs - en mettant en évidence son goût des duels, son intelligence et son sens de la relance – et reste sur une prestation aboutie face à l’OM, où il a formé une charnière solide avec Jean-Clair Todibo.

Hors du pré, Flavius a aussi surpris par sa capacité à parler français. « Je progresse rapidement, j'ai deux ou trois heures par semaine avec un professeur. Je comprends déjà beaucoup, je n'ai même plus besoin de traductions donc c’est plutôt bien ». L’enchaînement des semaines lui permet déjà de s’exprimer, y compris lorsque 90 minutes viennent éprouver sa lucidité.

Il peut également le faire en autrichien, en allemand, en espagnol, en anglais et en roumain. Un héritage de ses jeunes années de voyages...

* Les autres Autrichiens du Gym se nomment Rudolf Hudecek, Günther Kaltenbrunner, Anton Marek, Helmut Mätzler, Walter Presch, Christian Reicht, Johann "Hans" Tandler et dans une époque plus moderne Goran Kartalija et Roland Linz.