Interview

Cissé : « Le travail commence à porter ses fruits »

Partenaire de l’OGC Nice depuis juin 2018, le RC Abidjan continue de grandir. Champion de Côte d’ivoire pour la première fois de son histoire la saison dernière, le club de la capitale a disputé ces derniers mois ses tous premiers matchs de Ligue des champions africaine. Au cœur d’une saison inédite, plombée par le Covid-19 et un championnat national toujours à l’arrêt, Souleymane Cissé fondateur et Président de l’Académie fait le point sur son actualité.

L’année 2020 a été particulièrement belle pour le RC Abidjan sur le plan sportif avec un titre de champion et une première participation à la Ligue des Champions. Satisfait ?
Le travail qui est fait depuis plusieurs années commence à porter ses fruits. Il y a une forme d’accélération avec l’organisation qui est mise en place. Nous sommes montés en L2 où, après une année d’adaptation nous avons été champions. Même chose en L1, nous avons terminé 4es avant d’être sacrés champions. Cette saison, en coupe d’Afrique nous avons joué face à des formations bien rodées qui ont l’expérience de ces rencontres et des moyens colossaux. C’était de gros tests pour nous et avoir sorti ASKO Kara c’est très bien (2-2 sur l’ensemble des deux rencontres). Ensuite, contre Horoya nous faisons match nul avant de perdre sur la plus petite des marges, en prenant 2 buts sur penalty et sans avoir jamais été dominé. C’est satisfaisant parce qu’on veut produire du jeu et former nos jeunes à travers les compétitions nationales et internationales. Nous sommes un club qui émerge et nous sommes satisfaits de cela. Mais la route est longue et on ne veut pas fanfaronner parce que les choses vont vite dans le football.

Comment voyez-vous la suite de la saison alors que le championnat est à l’arrêt et que vous devez disputer un barrage de Coupe de la Confédération face au Pyramids FC ?
On dispute la coupe CAF face au dernier finaliste de la compétition. Ce n’est pas un cadeau mais c’est très bien, ce sont de grandes aventures pour nos jeunes pour qu’ils prennent en maturité et en expérience. Arrêté en 2020 en raison de la crise sanitaire, le championnat de Côte d’Ivoire n’a effectivement pas repris. Nous n’avons pas disputé une seule rencontre de championnat cette saison du fait d'un blocage électoral au niveau de la présidence de la fédération ivoirienne de football. Cela fait très mal aux clubs et aux joueurs qui sont pris entre le marteau et l’enclume… Ce sont des problèmes politiques, à l’image de ce qui se passe trop souvent sur le continent. Et ce n’est pas acceptable. Nous sommes encore dans le flou total. Un comité de normalisation travaille à la Fédération sur ce sujet. Ça nous nuit forcément parce que nos jeunes ne sont pas préparés à la compétition. Si on avait eu la possibilité de jouer en championnat ça aurait pu changer la donne face à Horoya.

Ces matchs continentaux permettent aux jeunes de grandir plus vite alors que la formation et l’accompagnement des jeunes sont au cœur du projet du RC Abidjan.
Je porte l’accent là-dessus. J’ai eu personnellement la chance de pouvoir bénéficier de l’éducation française, de gagner ma vie et il était important de donner de l’argent, de mon temps et de mettre en place des structures pour ramener les enfants à l’école. On a développé des jeunes qui évoluent aujourd’hui aux différents niveaux du championnat ivoirien. C’est cette union sociale et caritative qui font que c’est une structure atypique de ce que l’on peut voir aux niveaux européen et africain. Et à travers ça on a aussi voulu développer l’excellence. Les deux vont de pair. L’objectif est de continuer à accompagner les jeunes talents, aider les jeunes à avoir une vie sociale saine, à travers leur scolarité, une alimentation correcte, un toit, une éducation sportive et sociale et produire des jeunes joueurs pour l’équipe nationale de Côte d’Ivoire tout en alimentant nos équipes partenaires.

Récemment, la sélection U17 de la Côte d’Ivoire a remporté le tournoi UFOA B avec plusieurs jeunes joueurs du club. C’est un bon exemple du travail qui est effectué au RC Abidjan.
En U23 et en U20 aussi nous avons des jeunes. Chez les U17 ils étaient 6 et ont eu un impact colossal sur la compétition. Nous avons aussi un jeune qui a été sélectionné chez les A (Jean N’Guessan), c’est très rare pour être noté. On prépare les jeunes pour alimenter nos équipes partenaires, l’OGC Nice et Lausanne-Sport mais c’est aussi un volet très important de fournir des internationaux à notre pays. C’est une vraie fierté.

6 jeunes joueurs du RC Abidjan ont remporté le tournoi UFOA B avec la sélection U17 de Côte d'Ivoire. De gauche à droite : Bandaman Junior, Traoré Seydou, Fofana Moses Junior, Konate Abdul Rahamane, Fofana Valy et Djire Abdoulaye

Les cas de Thomas Trazié et Armel Zohouri formés au RC Abidjan et prêtés cette saison au Lausanne-Sport par Nice montrent bien les passerelles qui existent entre les 3 clubs. Quel est votre regard là-dessus ?
C’est fantastique culturellement parlant pour nos jeunes. Le football est avant tout une aventure humaine et leur permettre de pouvoir partager cette culture foot et sociale, c’est génial. Quand on sait qu’il y a aussi des qualités footbalistiques à partager c’est fantastique.

Avoir un club partenaire comme l’OGC Nice c’est très très bien pour le RC Abidjan. En Afrique tout le monde n’a pas cette chance-là. Sur l’aspect financier, l’OGC Nice nous aide à entretenir le projet. C’est important parce que jusque-là, depuis 2006 ce n’était que du mécénat et l’OGC Nice nous a permis de passer dans une autre dimension. Leur présence à nos côtés est salutaire pour nous.

Michel Saad