Nice - Slavia

Sous les toiles de Doumé

Le 23 octobre 1997, l’OGC Nice tenait tête au Slavia Prague lors du 2ème tour de la Coupes des Coupes, dans un stade du Ray volcanique (2-2). Unique buteur niçois de la rencontre, le regretté Doumé Aulanier s’offrit un doublé qui permit aux siens d’espérer avant le retour. Que se cache-t-il derrière les deux toiles automnales de Bibiche ? On reprend le crayon pour croquer le décor.

Oxygène et électricité

Il arrive que l’oxygène dépende de l’électricité. En cet automne 1997, le peuple rouge et noir quiert la seconde pour respirer le premier. Dans un début d’exercice en dents de scie, les deux se fuient souvent. La D1 semble loin. Relégué, le Gym perd peu, gagne quelques fois, partage souvent les points. La calade est dure à avaler, ce qui rend la montée d’adrénaline rare et désirée. Cette montée porte un nom : Europe. Après avoir remporté la Coupe de France au printemps d’avant, les Rouge et Noir se retrouvent en Coupe des Vainqueurs de Coupes, bien qu’en D2. Plaisir et souffrance. L’air au-delà des frontières booste néanmoins les coéquipiers de Vandecasteele. Après avoir sorti les Ecossais de Kilmarnock au 1er tour, ils se retrouvent au faîte de leur saison avant de recevoir le Slavia, grâce à un succès contre Beauvais (2-0) qui les envoie à la 4e place du championnat - ce qui restera leur meilleur classement de l’exercice. Le Slavia, « un autre numéro » selon Silvester Takac.

« Les années passent, mais si je dois me souvenir d’une chose bien précise, c’est de l’ambiance, retrace le coach de l’époque. Notre début de championnat était bof, mais là, les gens étaient contents. Ce match était un événement exceptionnel, avec un Ray archi-plein. »

« C’était dingue, se souvient Mickaël Rol, titulaire dans le couloir gauche. Tout ce monde, tout ce bruit. On ne pouvait pas passer à côté. » Dans les tribunes, 14 274 spectateurs, dont quelques visiteurs. La meilleure affluence depuis le mois de mai 1991.

« Mon regret ? L’absence d’Onorati... »

D’entrée de jeu, Didier Angibeaud joue bien le coup. Sur une feinte de corps, l’attaquant camerounais tombe dans la surface, sans que le contact ne soit flagrant. Dominique Aulanier ouvre le score sur pénalty. « Derrière ça, on a arrêté de jouer, se souvient Rol. En face, c’était fort, on s’est retrouvé menés, puis c’est devenu de plus en plus compliqué. Mais on n’a rien lâché. » Sa combativité permet au groupe de revenir dans le coup. A l’origine de l’action, un certain Mickaël Rol, qui ne se doute pas encore qu’il dispute l’avant-dernier match européen de sa carrière. Au relais, Angibeaud. A la conclusion, le bout du pied d’Aulanier.

« Et après, tout s’emballe, on peut gagner, mais on ne le fait pas », trace l’ancien latéral. « Ce n’est pas grave, nous avions sorti un très bon match, poursuit son coach. Par contre, avec les années, ce match me laisse un regret : ne pas avoir pu compter sur Onorati. Le duo qu’il formait avec Aulanier, c’était quelque chose. Les deux étaient des artistes, ils donnaient des idées aux autres. Mais Onorati était absent, son expérience et son talent nous ont manqués. »

Derrière ce nul, le Gym se fait éliminer sans perdre à Prague (1-1), « à cause d’une erreur de marquage » et la saison sera terminée. Terminée et chaotique. Avant même le match retour en République Tchèque, le coach Takac fait les frais du début d’exercice, en étant remplacé par Michel Renquin, suite à une défaite contre Saint-Etienne (3-2) et un nul devant Martigues (1-1). Il revient aux affaires au printemps, quand les Aiglons flottent dangereusement au-dessus de la zone de relégation. Nice terminera 14ème, presque sans gloire. Presque : car la C2 reste encore dans les mémoires. 

Des mémoires où s’est installé durablement Doumé Aulanier, disparu cet été. Doumé le généreux à qui le club rendra hommage dès que son public reviendra. « Je n’étais pas né, mais j’ai vu les vidéos et les images, souffle pudiquement son fils Enzo. Mon père me parlait souvent de ce match-là. » Ce match qui, des années après, sera toujours un bon prétexte pour parler de lui.

L’hommage quand le public sera de retour

« C’est un crève-cœur pour le club de n’avoir pas pu encore honorer ses disparus », déplore Virginie Rossetti. « Ceux qui nous ont quittés et qu’on n’a pu mettre à l’honneur, faute de retour à la normale. Car que ce soit pour Marko Elsner ou Dominique Aulanier, ou pour tous ces amoureux du Gym qui depuis le mois de mars sont partis, nous nous devons d’attendre que le stade retrouve son âme, ses supporters, afin de communier tous ensemble en leur mémoire », explique la directrice de la Communication du club.

C.D. (source M.O.)