Interview

Gouiri : « On a les crocs »

Il est le joueur le plus utilisé de l’été. Il est aussi l’un des nouveaux visages de l’OGC Nice. Un visage juvénile, déterminé et animé d’une furieuse envie de réussir. Ancien Gone, nouvel Aiglon et auteur d’une préparation de qualité, Amine Gouiri (20 ans) attend avec impatience le début des hostilités. Cela tombe bien : dimanche, le Gym retrouve, face à Lens, le chemin de la L1...

Amine, pour commencer, revenons à la genèse de ton été. Quand est-ce que tu as su que tu allais être transféré au Gym ?
J’avais repris le 8 juin avec Lyon, je savais que les deux clubs étaient en discussion. Ça s’est calmé et ne semaine et demie après ma reprise, tout s’est accéléré. A ce moment, je me suis dit que c’était bon. Je savais que j’allais venir mais je ne savais pas quand. Ça s’est débloqué rapidement, heureusement. Je ne suis pas allé en stage avec Lyon à Evian, je suis venu ici. Quand tu arrives d’entrée, tu apprends à connaître tout le monde de suite, les nouveaux joueurs, le staff, tu t’adaptes à de nouvelles habitudes. C’est plus facile et ça te met dans de bonnes conditions. 

Le timing du transfert était une de tes craintes ? 
Un peu. Quand tu arrives en cours de route, je crois que c’est plus difficile. Moi, je suis arrivé la semaine du premier match amical, à Lyon, en plus. J’ai pu faire tous les amicaux et presque toute la prépa’. Je me sens bien.
 
Au-delà du côté sportif, ton départ est aussi celui d’un jeune homme de 20 ans qui quitte pour la première fois sa famille.
C’est vrai. A Lyon, j’ai tout le monde, toute ma famille, du côté de mon père ou de ma mère. Jouer pour l’OL a été une fierté. Mais dans une carrière, il faut faire des choix. Et le meilleur choix pour moi, c'est Nice. J’en ai parlé à mes parents, pour eux aussi c’était une bonne décision. Il fallait la prendre. 
 
Tu habites seul ici ? 
Pour l’instant, je dors au centre d’entraînement, le temps que je trouve une maison. Quand ce sera fait, ma famille viendra de temps en temps, mais la majorité du temps, je serai seul. Ça va me changer. Il y a 2 ou 3 ans en arrière, ça aurait peut-être été difficile. Là, j’ai grandi, je me sens mature. Ça ne me pose pas de problème. Au centre, il y a tout. Je mange ici le soir, je reste dans ma chambre où tout est bien. Je suis sur place le matin, pas besoin des trajets. Ça me convient bien.

 
"J'ai hâte"


Comment vis-tu le fait qu’on attende énormément de toi alors que tu n’as pas fait une saison pleine en L1 ?

Ça ne me dérange pas. Quand on est à Lyon, on ne s’en rend pas trop compte de ce qu’on peut penser à l’extérieur. C’est un peu comme une bulle. C’est quand tu sors de cette bulle que tu t’aperçois que les gens sont attentifs aux jeunes joueurs, à ceux qui sortent, à ceux qui partent. Il n’y a aucun souci avec ça, moi je ne me concentre que sur le terrain. Ma première année (saison 2017-18), j’ai fait 7 matchs de L1 et des matchs de Coupes (Europa League, Coupe de France, Coupe de la Ligue). Puis je suis parti à l’Euro U19, je suis rentré et je me suis fait les croisés. Je suis revenu sur le terrain à la fin de la saison 2018-19, sans apparaître en pro. En 2019-20, j’ai effectué ma préparation, il y a eu un changement de coach, je suis entré 5 fois et le championnat s’est arrêté. Au total, ça fait 2 ans que je n’ai pas joué en L1. J’ai très, très hâte.


Ton jeu a-t-il changé avec la blessure aux croisés ? 
Difficile à dire. Quand je suis revenu, je me sentais bien. Mais si je compare avec mes sensations d’aujourd’hui, je me dis qu’en fait, je n’étais pas aussi bien que ça. Ça change un peu au niveau des appuis, peut-être. Au début, tu ne vas pas fort, il y a un peu d’appréhension. Au fur et à mesure, tu prends de la confiance. Maintenant je suis comme avant.
 
Tu t’es illustré à l’Euro des U17, à la Coupe du Monde des U19, en Youth League : est-ce qu’il y a une différence entre les compétitions de jeunes et les matchs de L1 ?
Oui, ça change. La L1 est plus physique. Par contre, dans les grandes compétitions de jeunes, on fait face à des gens qui évoluent aussi dans des groupes pros et qui, eux aussi, font des entrées. Je ne vais pas dire que ça a le même niveau, mais c’est quand même élevé. A Lyon, quand j’entrais  en pro et que le score était large, c’était souvent ouvert, il y avait des espaces. Mais j’ai un souvenir d’un gros match de Coupe d’Europe, contre l’Atalanta, où j’étais entré un quart d’heure et où c’était serré. Là, tu sens que l’intensité, c’est autre chose. Ça va deux fois plus vite. 
 
Comment juges-tu la préparation du groupe ? 
Je pense qu’elle est bonne. On a mal débuté au niveau des résultats, après ça allait mieux. Il y a avait beaucoup de recrues, les automatismes n’étaient pas là d’entrée. Plus le temps a passé, plus on a corrigé et ajusté certaines choses. On a remporté 3 matchs (le Standard, Dac et Rennes), même si les résultats de la prépa’ ne sont pas l’essentiel, c’est important pour la confiance. Tout n’est pas parfait, on doit travailler pour progresser sur pas mal d’aspects. Mais là, on commence à bien se connaître. Et à se dire qu’il y a tout pour faire une bonne saison. 


"Marquer, faire marquer, aider l'équipe"

Ta préparation ? 
(Sourire) Je ne pensais pas que j’allais jouer autant (avec 597 minutes, il est le joueur le plus utilisé de l’été rouge et noir). Franchement, c’est un régal. J’avais repris une semaine avant avec Lyon, donc quand je suis arrivé, j’étais bien physiquement. Je suis plutôt axial, j’ai souvent joué à gauche, ça ne me dérange pas. J’ai inscrit 3 buts, délivré 2 passes dé’. Marquer, faire marquer, aider l’équipe, c’est ce qui me plait. Je me sens de mieux en mieux. J’espère continuer comme ça.



Justement, quelles sont les différences entre l’axe et la gauche de l’attaque ?
Quand tu joues 9, tu es dos au jeu, face à tes coéquipiers. Sur le côté, tu es en face, ce qui change pas mal de choses. Ce sont deux postes différents. Je me sens plus à l’aise en 9 parce que depuis tout petit, je joue à ce poste. Mais si je continue à gauche et que j’y fais des bons matchs, ça peut élargir ma palette et me permettre d’être plus polyvalent. J’aime bien rentrer dans l’axe, être au coeur du jeu. Même en 9 et demi à deux attaquants, ça me plait. A gauche, quand on a la balle, le coach me demande généralement de rester collé à la ligne, mais on a plusieurs systèmes. Quand le relayeur descend et s’excentre, je prends l’axe. Quand on conserve haut et que Hassane monte, pareil, je me rapproche de Kasper, en mode 10. Il y a plusieurs schémas, c’est bien. 
 
Dimanche c’est le début de la L1. Qu’est-ce que tu attends de cette saison ?
Une grosse saison. Un très beau parcours en Europa League, où je nous souhaite d’aller le plus loin possible. Postuler et être à la bataille avec les équipes d’en haut en L1, sans négliger la Coupe de France, parce que ça reste un titre.
 
Et au niveau individuel ?
Jouer un maximum de matchs. Être performant et marquer des buts. Je n’ai pas encore fait de saisons pleines en L1. Si tu as le niveau, tu joues et l’expérience, tu l’acquiers en jouant. Je sais que je peux être décisif et que je peux aider l’équipe. Je suis très motivé. 


La reprise du championnat face à Lens s’effectuera à huis clos. Qu’est-ce que ça t’inspire ?
On aurait aimé avoir les supporters pour ce premier match de championnat à domicile. Même 5000, on les aurait entendus… Mais il faut faire avec, c’est pour des raisons sanitaires, il vaut mieux faire ça qu’empirer la chose. Maintenant, malheureusement, on est un peu habitués, parce que depuis le début de la préparation, on joue à huis clos. Ça ne veut pas dire que c’est agréable, mais comme tout le monde, on s’adapte. A nous de faire le travail, parce que même sans les supporters, on est chez nous. Et on sait qu’une belle saison passe par un bon parcours à domicile. Ça fait 5 mois que nous n’avons pas joué en compétition officielle. C’est beaucoup. A nous de monter qu’on a les crocs et de commencer par une victoire. C’est obligatoire.

Propos recueillis par C.D.