Covid-19

Julien Fournier : « Absolument aucun avantage à reprendre »

Avant la présentation du plan de déconfinement par le premier ministre, Julien Fournier a donné son sentiment au quotidien Le Monde sur la pertinence de reprendre ou non la compétition en juin.

Pour le directeur du football de l’OGC Nice, une reprise de la saison 2019-20 en juin serait une «  une décision extrêmement précipitée et je n’y vois absolument aucun avantage. Ni d’un point de vue économique, ni d’un point de vue sanitaire, ni en termes d’image. Absolument aucun avantage », a-t-il déclaré dans un entretien au Monde. « Souvent, les clubs mettent principalement en avant l’aspect économique pour dire qu’il faut terminer le championnat. Or, je trouve que c’est une analyse faite un peu en surface ».

Le dirigeant niçois insiste sur le fait que la santé des joueurs n’est pas suffisamment prise en compte : « C’est ce qui me gêne le plus. Pour l’heure, le président de la République a dit que seules les personnes dont on pense qu’elles ont de symptômes bénéficieront de tests. Si nous, clubs de football, nous mettions à tester nos joueurs tous les deux jours, comment l’expliquer aux milliers de soignants ? Comme expliquer que des footballeurs passent en priorité par rapport au personnel soignant, au personnel de caisse dans les supermarchés, toutes ces professions, et j’en oublie, qui font face à la pandémie ? Je serais assez mal à l’aise. Le foot ne peut pas passer avant ces gens-là ».

En comparaison avec d’autres pays qui prévoient une reprise de leur championnat, comme l'Allemagne (début mai), Julien Fournier estime que « chaque gouvernement prendra une décision en fonction de la situation, notamment selon la question du nombre de tests et de masques à disposition. Je considère que le football ne se situe ni au-dessus, ni en dessous des lois. Il n’est pas une exception à la société. »

Selon le directeur du football, le scénario de reprise des entrainements en mai et de la compétition à la mi-juin fait en outre courir des risques importants de blessure : « Telle qu’elle est prévue pour le moment, si j’ai bien compris, la reprise des entraînements en mai se ferait par groupes de trois ou quatre joueurs. Ce n’est que plus tard, à une semaine de la reprise de la compétition, que des entraînements collectifs au complet seraient autorisés. Sans matchs amicaux, avec une sorte de présaison un peu tronquée, il est fort à parier qu’on ait beaucoup, beaucoup de blessés dans tous les clubs. Enchaîner tous les trois jours des matchs, après une interruption aussi longue est aussi anxiogène sur le plan psychologique, puis enchaîner par une nouvelle saison de championnat [en mai], voire par l’Euro pour les internationaux, je ne trouve pas cela sérieux ».

La position de Julien Fournier est alignée sur celle de Sylvain Kastendeuch, le coprésident du syndicat des joueurs, invitant à un arrêt définitif de la saison « dans ces conditions » : « Autant je peux être critique envers cette institution, autant, là, j’ai trouvé ce texte extrêmement pertinent et juste. Mais je trouve que les joueurs, dans leur immense majorité, restent étrangement silencieux. Alors que ce seraient eux les premiers exposés sur le plan sanitaire, mais aussi sur le plan de leur image ».