Mon Nice à moi

Neal Maupay : « Je suis un enfant du club »

« Je suis un enfant du club ». L’ado que la France du foot a découvert un soir de décembre 2012 - il devint le deuxième plus jeune buteur du championnat en inscrivant le but de la victoire face à Evian (3-2) - n’a jamais coupé les liens avec son club formateur, sa ville, ses supporters. Jeune adulte (23 ans), Neal Maupay s’est depuis fait un nom au pays du football. Les supporters de Tottenham, Arsenal, ou encore Everton, l’ont appris à leur dépens. Buteur racé, généreux, engagé, le vainqueur de la Gambardella (2012) n’a plus rechaussé les crampons depuis le 7 mars dernier au Molineux Stadium de Wolverhampton (0-0). Confiné Outre-Manche - « il y fait très beau, je vous assure » -, l’attaquant continue de préparer un avenir pourtant gorgé d’incertitudes. Il en profite également pour évoquer son Nice à lui. Avec la franchise et l'affection d'un enfant du pays.

Neal, comment se passait ta saison jusque là ?
J’ai signé l’été dernier à Brighton. Je suis satisfait de ma première saison en Premier League. On est dans une équipe qui souffre un peu, où on ne domine pas les matchs (15e) et j'ai réussi à être décisif. C’est bien, mais je veux toujours faire mieux. Ca fait 3 saisons que je suis en Angleterre et je me régale. Je suis épanoui, je joue, je marque des buts (NDLR : 8 réalisations, 2 passes décisives en Premier League cette saison, 41 buts et 14 offrandes lors des 2 exercices précédents avec Brentford, pensionnaire de 2e division).

Tu as quitté le Gym à l’été 2015. Si tu devais retenir un moment de ton passage chez les pros à Nice ?
Evian ! C'est mon premier but en pro, et j’offre la victoire dans le temps additionnel, devant notre public (3-2 alors que le Gym était mené 0-2 ndlr)… Ca me procure toujours autant d’émotions quand j’y repense. Surtout quand tu sais que le stade du Ray n’existe plus. Ce sont des moments gravés.

« On a toujours gardé le lien avec les supporters »

Pour les supporters aussi…
Oui, on est toujours liés grâce à ces moments forts, vécus ensemble. Mon aventure à Nice s’est arrêtée plus tôt que prévu : c’était un déchirement de quitter le club. Mais j’ai toujours gardé le lien avec les supporters qui m’ont toujours soutenu, en tant qu’enfant du club. Depuis mon départ, dès que je fais un bon match ou que je marque des buts je reçois des messages d’affection. Ça me fait plaisir de voir qu’ils ne m’ont pas oublié et qu’ils me suivent toujours (voir encadré ci-dessous). De mon côté, je suis toujours les matchs du Gym, et dès que je peux me rendre à l’Allianz Riviera je le fais !

En tant que supporter niçois, quel est ton meilleur souvenir ?
C’est l’aventure en Coupe de la Ligue en 2006 (défaite en finale 2-1 contre Nancy, ndlr). J’étais supporter depuis tout petit, et j’étais fier de voir mon club en finale. Je jouais déjà à Nice. J’étais Benjamin première année, or seuls les 2e année avaient pu monter à Paris. J’avais regardé la finale à la maison, en famille.

Et au centre de formation ?
La Gambardella, sans hésiter. Le parcours, tout au long de la saison, avec la finale au Stade de France, c’était incroyable. C’était une véritable aventure humaine avec Guy Mengual et Manu Pirès. J’avais 2 à 3 ans de moins que certains, j’étais surclassé et c’était génial de pouvoir y prendre part. Si je devais retenir un moment ? Le but d’Alexy (Bosetti) en finale. J’étais sur le banc, et c’est là que je me suis dit : « On va la gagner ! »

« Cyprien a repris sa place de patron »

Parmi les joueurs actuels du Gym, lequel t'impressionne ?
Wylan Cyprien. Après sa blessure il a mis un peu de temps à revenir, ce qui est normal. Quand on se blesse aussi gravement, il faut du temps pour retrouver du rythme. Je sais de quoi je parle, je suis passé par là (rupture des ligaments croisés du genou en 2013). Les médecins disent que si tu es arrêté 9 mois, il te faut autant de temps pour arriver à retrouver ton niveau. Cette année, Wylan a repris sa place de patron du milieu de terrain. Il équilibre l’équipe, marque pas mal de buts (8 toutes compétitions confondues), fait des passes (5). C'est le véritable métronome de l'équipe. Ce n’est pas pour rien que le coach Patrick Vieira lui a donné le brassard en l’absence de Dante.

Si tu devais citer un ex-coéquipier à Nice ?
Cardinale. On se suit depuis le centre de formation. C’est un de mes meilleurs potes. Quand j’étais à Nice on était toujours ensemble ! On n’a pas eu la chance de jouer en même temps en pro : quand il a fait ses débuts, je n’étais déjà plus là. Je citerais aussi Jordan Amavi, qui avait fait une saison incroyable avant son départ. Comme Cardi, c’est toujours mon pote aujourd’hui. Dès qu’on a 2 jours sur Nice on se retrouve.

Manu Pirès (directeur du centre de formation) vous cite régulièrement tous les 3 en tant qu’exemples pour les jeunes…
C’est vrai ? Ca fait plaisir ! Manu, c’est mon mentor depuis tout petit ! Je l’ai de temps en temps au téléphone ou par messages. Et quand on peut on se voit, je l’ai croisé au stade dernièrement. Quand j’ai un moment, j’essaie de passer au club pour saluer les kinés et tous les salariés du club : ça me fait plaisir de les revoir.

« Ça risque de faire long... »

Quel est ton endroit préféré à Nice ?
La Promenade des Anglais. Quand il fait bon, marcher au bord de l’eau, ou s’asseoir pour boire un verre ou manger sur une plage, c’est ce que je préfère. Il fait beau, chaud, la mer est magnifique… C’est ce que je préfère. J’ai vu les images de la Prom’ vide. Ca fait bizarre. Mais en ces temps compliqués, c’est la seule solution dont on dispose actuellement pour améliorer les choses. Comme tout le monde, on attend patiemment que la situation s’améliore. Ca risque de faire un long moment sans descendre à Nice. J’ai hâte !

Et pour finir, le meilleur plat niçois ? 
La Socca ! Quoique, ce n’est pas un plat... Est-ce que le Pan bagnat peut être considéré comme un plat ? Si oui, je le mets direct ! Dès que je descends, je suis fan. Ca me manque trop ici. Les Anglais et la nourriture française ce n’est pas trop ça, alors les plats niçois, je ne t’en parle pas (rires)

Neal, version Playstation

Neal Maupay profite également du confinement pour exprimer ses talents de « Gamer ». Invité à la 4e édition Tournoi #MonGymMaFamille, le natif de Versailles a fait briller son Gym virtuel jusqu’en 8es de finale. Ca valait bien un petit échange 2.0.

Neal, on t’a revu avec un maillot du Gym…
J’étais très content de participer à ce tournoi ! J’ai ouvert mon placard et j’ai pris mon plus beau maillot du Gym (le maillot porté par Papy Mendy, ndlr). J’ai passé un bon moment avec les supporters, c’était fun. C'est une super initiative de la part du club. La situation actuelle est compliquée pour tout le monde, ça change les idées. On a aussi profité de ce tournoi pour discuter avec les supporters. Certains ont évoqué des bons souvenirs comme mon premier but face à Evian, ou encore le retour de Bastia, avec l’accueil à l’aéroport…

Ton équipe FUT a impressionné tout le monde…
C’est clair ! J’ai acheté quelques packs pour acheter des gros joueurs. Et en tant que joueur professionnel on a des contacts avec EA Sport : ils nous donnent quelques joueurs.

Si tu devais prendre un joueur de Nice pour compléter ton équipe FUT ?
J’en vois 3. Le premier, c’est Atal. Il a une carte spéciale qui est incroyable. Il y a aussi Malang Sarr qui est très bon. Et enfin, la carte de Wylan Cyprien est à 87. Je le verrais bien dans mon milieu.

Avec ça, penses-tu battre Lucasdinho (représentant du Gym sur e-Ligue 1, et double vainqueur de l’épreuve) ?
Je sais pas, il est bon Lucas ! On joue souvent en match amical, et je ne l’ai battu qu’une fois. On avait des connaissances en commun, et on a sympathisé. Depuis, on joue de temps en temps, c’est sympa.

 

Neal, vu par son « mentor »

​Directeur du centre de formation, Manu Pirès garde beaucoup d'affection et d'admiration pour Neal Maupay : « C’est une grande fierté de voir ce garçon du coin, un enfant du club, se faire sa place dans le football européen. Il possède les valeurs indispensables pour arriver au haut niveau : il a du tempérament, une force de caractère, un gros mental. Ce sont des vertus qu'on essaie d'inculquer au quotidien à nos jeunes. C'est un exemple à suivre. Pour lui, il n'y a pas de différence entre le match et l'entraînement, il est toujours à fond. Les joueurs qui réussissent sont toujours des compétiteurs et des travailleurs avec une culture du travail au-dessus de la moyenne. Il en fait partie. C'est un garçon brillant, intelligent, et je lui souhaite plein de réussite pour la suite de sa carrière ».

F. Hill