Vu de l'étranger

Dario Cvitanich : « Passez le bonjour aux Niçois »

Alors que l'Europe a été percutée de plein fouet par la crise, comment évolue la situation en Amérique du Sud ? Pour répondre à cette question, nous nous sommes tournés vers la pointe du continent : un certain Dario Cvitanich...

A 35 ans, Super Dario continue à faire trembler les filets et « à performer », selon l'expression consacrée. Auteur d'un doublé championnat – Coupe de la Ligue en 2019 avec le Racing Club Avellaneda, le renard n'a rien perdu et gagne toujours. Il forme d'ailleurs, avec son « grand ami » Lisandro Lopez, un duo qui donnerait bien des tourments aux défenses de L1. Pour autant, résumer Dario au terrain revient à un essai non-cadré. Son charisme, sa classe et son humilité lui offrent un statut spécial dans la mémoire du Gym et des supporters. A quoi pouvait-on donc s'attendre quand on lui a tendu une perche pour nous parler d'une situation inédite ? « Mais bien sûr, dès que je finis mon entraînement, c'est bon pour moi ». Non, Dario ne change pas. La séance avalée, l'attaquant s'est mué en témoin, en s'excusant d'emblée « pour le français qu'il ne pratique plus trop », malgré un français quasi-parfait.

La situation en Argentine
« Ecoute ici, ça va bien. Tout le monde est en quarantaine sur ordre des docteurs. Je suis avec ma famille, ma femme et mes deux filles, c'est le plus important. C'est un peu bizarre, mais la période va s'étirer encore. Les dirigeants ont bien vu ce qui se passait en Europe, en Italie, en Espagne, en France, donc ils n'ont pas voulu prendre de risques : ils ont fermé toutes les frontières et mis toute la population en quarantaine dès les premiers cas. Aujourd'hui (entretien réalisé le 27 mars, ndlr), il y a à peu près 500 infectés et une dizaine de morts. Tu n'as plus le droit de sortir, à part pour aller faire les courses et à la pharmacie. Le problème, chez nous, c'est que 40 % de la population vit « au jour le jour » et a besoin de travailler pour pouvoir manger. Le contexte n'est pas facile. Pour l'instant, tout le monde respecte les consignes mais il commence à y avoir de l'impatience. Ce qui se comprend, car si tu ne peux pas manger, tu ne peux pas tenir. »

Sa journée type
« Réveil à 8h. Je prends le maté, puis je commence avec la petite niçoise Lupe. Je lui fais l'école virtuelle. Après, les préparateurs nous appellent pour nous donner le programme et je m'entraîne. Repas, un peu de sieste, puis un deuxième entraînement l'après-midi, avec des exercices où je travaille avec le poids du corps, où je fais du renforcement, des abdos. Après on fait les courses, on passe la soirée tous ensemble et le week-end, je prépare la viande, comme d'habitude. Franchement, avec ma famille, les journées passent vite. Durant la saison, je n'ai pas beaucoup de temps pour vivre ces moments, car on joue le mercredi, le dimanche et entre les deux matchs, on a mise au vert. Donc là, quand je suis chez moi, je profite. »

Dario Cvitanich et sa petite « niçoise » Lupe, lors de l'inauguration de l'Allianz Riviera

Le sportif
« Nous avons joué les deux première journées de championnat à huis clos et après, basta, tout s'est arrêté à cause du coronavirus. Je ne sais pas du tout comment ça va se passer et ce qu'ils vont décider. On ne sait même pas quand est-ce qu'on va retourner à l'entraînement… Comme j'ai dit, le préparateur physique nous appelle, donc on ne relâche pas les efforts. J'habite dans une maison mais certains joueurs de l'équipe vivent dans des appartements, donc ils doivent s'adapter pour pouvoir continuer à travailler dans des escaliers ou entre les bâtiments. Ce n'est pas facile. Si la situation reste comme ça 15 ou 20 jours, nous aurons besoin d'une autre préparation, c'est sûr. A 35 ans, je ne sais pas combien de temps il me reste sur le terrain, j'ai envie de profiter à fond de ma carrière. Sportivement, tout va bien. La saison passée, Boca (Juniors) a été champion et celle d'avant, c'était nous. Le Racing a gagné 3 titres en 50 ans et j'étais là pour le dernier. Le Club et les fans sont contents et moi, je suis heureux d'être là ».

Le coeur à Nice
« J'ai tout le temps des nouvelles de chez vous, que ce soit par téléphone ou sur les réseaux sociaux. Le temps passe mais une chose ne change pas : j'adore Nice et les Niçois. Quand on en parle, ma femme pleure, il y a la mélancolie de ce qu'on a vécu là-bas. Ce n'était pas seulement le foot, c'était un style de vie, les gens, la ville, les amis… Je ne suis pas encore revenu depuis mon départ, je compte bien le faire quand je le peux parce que tout ça me manque. J'en parle beaucoup avec Lisandro Lopez. Il habite à 5 minutes de chez moi, on est ensemble en mise au vert. Et autant te dire que j'étais bien content quand Nice a battu Lyon il n'y a pas longtemps... Je sais que le Gym est 6e, je regarde dès que je peux. Devant, Dolberg est un buteur formidable. Si le championnat reprend, l'équipe peut bien finir. J'ai aussi vu les photos du nouveau centre, ça à l'air d'être quelque chose… Pour le reste, j'espère juste que les Niçois vont bien. Qu'ils prennent soin d'eux. Passe-leur le bonjour et si quelqu'un a besoin de quelque chose au club, qu'il n'hésite pas... »