Interview

Jean-Pierre Rivère : « Je n’ai jamais été aussi serein »

Président, quel est le bilan que vous dressez de cette première partie de saison ?
Nous savions que c’était une année de transition. Elle est un peu plus difficile que prévu pour l’instant, mais nous en connaissons les raisons. Dans tout projet, il faut savoir se donner du temps. Cela va se mettre en place, j’en ai la certitude. Et j’espère que dans la 2e partie de saison, nous récolterons les premiers fruits de tout le travail mis en place ces derniers mois pour améliorer les choses.

Percevez-vous une forme d’impatience chez les supporters ?
Oui, bien sûr. Cette impatience est naturelle. Ce regard extérieur, on peut le comprendre, on l’entend. On voit bien que le stade a une déficience de remplissage, les résultats ont été un peu en dents de scie,…
Il s’est quand même passé beaucoup de choses cette année… En additionnant l’arrivée d’INEOS fin août, avec le fait de conserver, voire d’améliorer quantitativement la défense qui avait été l’une des meilleures de Ligue 1 la saison passée (2e à égalité avec Paris, 35 buts encaissés), et d’avoir renforcé l’équipe avec des recrues offensives, tout le monde s’est dit : « ça y est, c’est fait, l’OGC Nice va être performant ». Mais ce n’est pas comme ça que cela se passe.
Malheureusement, on a eu beaucoup de blessures, on n’a jamais pu jouer avec l’équipe-type. Je suis persuadé qu’il faut laisser du temps aux nouveaux joueurs qui sont arrivés. De plus, ceux qui étaient déjà là ont aussi pu penser « ça y est, on est devenu une grosse équipe ». Non, on a beaucoup de travail à faire, collectivement, pour arriver à performer.
On raisonne sur des années. Comme on l’a toujours fait. L’objectif est d’installer l’OGC Nice dans la partie haute du classement et de façon récurrente. Le challenge est là. Je suis très serein sur l’avenir de ce projet. Je n’ai même jamais été aussi serein.

Pourquoi ?
Ce club a aujourd’hui des objectifs élevés, mais on a des actionnaires qui ont conscience qu’il faut du temps pour les obtenir. Du temps pour bâtir. On veut passer dans une autre dimension. Cela va nécessiter beaucoup de travail de l’ensemble du club. Les tensions présentes début septembre sont toutes en train de s’évacuer. On est en train de trouver une osmose de travail et d’envie de partager ce projet.

Cette sérénité a aussi été perceptible dans votre soutien au coach, quand les résultats n’étaient pas là et que les rumeurs affluaient…
C’est dans la difficulté que vous pouvez juger de la relation avec quelqu’un. Ce n’est pas quand tout va bien. Ces moments difficiles, nous venons de les vivre. Avec effectivement beaucoup de rumeurs. Ces difficultés vont nous permettre de grandir plus vite que prévu. On a énormément progressé ensemble, et en peu de temps, sur le plan humain. Il y a un côté fondateur dans ces périodes. Ces difficultés vont nous rendre plus forts pour l’avenir.

En 4 mois, il y a eu beaucoup de changements à l’intérieur du club...
On a un objectif à terme, c’est l’excellence. Pendant 2 ans et demi, on a quand même été sur un mode de stagnation. On n’a pas pu faire grand-chose. Au contraire, des choses se sont défaites petit à petit, même si ce n’était pas très visible de l’extérieur. Aujourd’hui, nous avons la possibilité de mettre tous les ingrédients au sein du club, que ce soit administratif, sportif, médical... Une multitude de détails qui vont nous permettre de réussir.

Le dernier « détail », qui n’en est pas un, c’est le basculement de la préformation dans le giron de la SASP ?
C’est un sujet qui, au sein du club, dure depuis tant d’années… Quand nous étions là précédemment, nous avions essayé et c’était compliqué. Là, on ne peut que se réjouir d’un tel résultat.

Qu’est-ce qui a fait la différence ?
Notre détermination. On n’a pas fait les choses en force mais on a été très déterminé. Ce nouveau projet nous a permis de dire : ceux qui souhaitent avancer sont les bienvenus et ceux qui ne le souhaitent pas, ce sera sans eux. En face de nous, bien sûr, on a eu de fortes oppositions. Mais on a eu aussi des gens intelligents qui ont partagé notre vision de l’avenir. Et nous allons le bâtir ensemble. On ne peut que s’en réjouir. Pour nous, c’est un élément fondateur de ce que peut être l’OGC Nice dans 4 ou 5 ans. Bien évidemment, les gens ne vont pas attendre tout ce temps. Mais encore une fois, notre rôle, c’est d’essayer d’avoir des résultats le plus vite possible tout en prévoyant l’avenir du club. Et vraiment, à ce niveau, je pense qu’on a fait un pas de géant.

Vous avez bâti, vous vous êtes absenté et vous êtes revenu avec la possibilité d’emmener le projet encore plus loin. Est-ce que quelque chose a changé dans votre manière d’appréhender votre fonction ?
Non, pas dans la manière. Nous sommes toujours extrêmement vigilants sur l’aspect financier, mais il faut reconnaître qu’on a une latitude de travail que nous n’avions jamais eue. C’est la grande différence. Il va falloir du temps, le projet est structuré, on ne va pas faire n’importe quoi. Mais c’est un projet qui prend une autre dimension. Ce n’est pas encore perceptible par le grand public aujourd’hui mais nous savons où nous voulons aller et nous savons qu’on va nous donner les possibilités d’y aller.

« Venir au stade, c’est participer à cette construction »

On vous sentait heureux au mois de septembre. L’êtes-vous toujours autant ?
Ce n’était pas à titre personnel, parce que je n’étais pas parti pour revenir. J’étais parti pour faire en sorte qu’il y ait un changement d’actionnaire. Ça a été notre combat de quelques mois et sincèrement, quand ça s’est fait, nous avons eu un vrai moment de satisfaction. C’était difficile, mais on y est arrivé. Après, à titre personnel, je suis heureux avec le football, mais je suis aussi heureux sans. En revenant, on repart dans un beau projet, mais aussi dans beaucoup de travail, de préoccupations.

A votre retour au club, vous avez aussi réintégré les instances nationales en tant que vice-président du collège des clubs de Ligue 1. Quel en est l’enjeu ?
Beaucoup de décisions prises dans les instances ont évidemment un impact sur le football français, et également sur l’OGC Nice. Donc il est important d’y être et de jouer un rôle. On participe à l’évolution de notre football et on peut faire entendre la voix du club.

Plus largement, dans quel état d’esprit attaquez-vous 2020 ?
Avec l’envie de faire tout ce qu’il faut pour développer ce projet. J’espère que le jeu et les résultats seront de meilleure qualité. Mais encore une fois, on n’a jamais aligné l’équipe-type, on a eu beaucoup de blessés. Ça a été compliqué. Les automatismes d’une équipe qui a l’habitude de jouer ensemble, on ne les a pas eus. J’espère qu’on va être préservé des blessures et que les joueurs pourront exprimer tout leur talent en 2e partie de saison.

Dans l’esprit d’un président, existe-t-il, d’une manière ou d’une autre, une peur de l’échec ?
Peur de l’échec, non. Après, l’incertitude est toujours présente. Vous ne savez jamais si les choses vont bien se passer. Mais la sérénité dont je parlais tout à l’heure, je la ressens profondément parce que je me dis que, quelque part, on a fait ce qu’il fallait pour le club. Ce n’était pas le cas à notre départ en janvier, nous n’étions pas allés au bout des choses. Aujourd’hui, nous avons l’actionnaire idéal pour le club. Le travail pour atteindre les objectifs est énorme, mais nous avons les outils pour.

Quels objectifs fixez-vous lors de la 2e partie de saison ?
On ne fixe jamais d’objectif de place au coach. On va faire en sorte que le coach, le staff, les joueurs, nous, tous ensemble, on essaie de trouver les meilleures solutions pour qu’on finisse le plus haut possible. C’est un travail collectif. Et après, au-delà du sportif, il y a aussi toute l’organisation du club qu’il faut continuer à développer et améliorer. C’est un travail visible et invisible. Avec deux parties aussi importantes l’une que l’autre.

Et enfin, quels vœux présentez-vous aux amoureux du Gym ?
Pour tous, la santé de leurs proches. Ça, c’est sur un plan purement personnel. Et après, qu’ils aient confiance en l’avenir de l’OGC Nice, qu’ils continuent à nous supporter car dans les moments un peu plus difficiles tels qu’on a pu les avoir en début de saison, leur présence est indispensable. Et puis si j’ai un message à passer, c’est de venir au stade. Il ne faut pas attendre que tout aille pour le mieux, il faut participer à cette construction.