Rencontre

Issa Silkeborg !

C'est l'histoire d'un tweet. Ou plutôt d'un message privé, un "DM" envoyé comme une bouteille à la mer. « Nous sommes nés au Danemark à Silkeborg, comme Kasper Dolberg. Notre grand rêve serait de le rencontrer », expliquaient Alexander et Sebastian Mogensen, 24 ans et 26 ans. Deux semaines plus tard, les deux frères débarquaient au siège de l'OGC Nice, pour rencontrer leur idole.

« Notre mère était fille au pair au Danemark. Elle devait rester un an. Mais elle y a trouvé l'amour... ». Comme Kasper Dolberg, les fils Mogensen voient donc le jour à Silkeborg, bourgade de 60 000 habitants. Mais en 2004, le mal du pays regagne maman, qui rapatrie toute sa petite famille dans le Var. « Nous n'étions pas vraiment chauds au début », sourit Sebastian, alors âgé de 11 ans. « Mais nous n'avons pas été déçus, surtout par le climat ! » Mécanicien dans l'armée danoise, reconverti pisciniste en France, leur paternel ne coupe pas le cordon avec le royaume. Malgré les 1400 km de distance, la famille continue de suivre avec passion les exploits et déboires de l'IF Silkeborg, actuel dernier de l'élite danoise. « Ce n'est pas toujours la joie, concède Alexander. Mais on regarde tous leurs matchs à la TV, et on va au stade à chaque fois qu'on retourne au pays ».

Alexander, Sebastian et Kasper débriefent l'entraînement du jour.

« Kasper suit tous les matchs de Silkeborg »

Cette passion, ils la partagent avec le buteur niçois, qui a longuement échangé avec eux au bord du terrain : « Ça fait plaisir : il nous a dit qu'il suivait toujours les matchs de l'IFS, et qu'il avait gardé des amis au club ». Un club où la pépite locale n'a pas eu le temps de briller, puisque le grand Ajax Amsterdam est venu le chercher après seulement 3 entrées en jeu, à l'âge de 17 ans. « Il y a un petit goût d'inachevé. Et on rêve que d'une chose : qu'il revienne finir sa carrière chez nous ».

Alexander n'a d'yeux que pour Dolberg ! 

« Sa mentalité colle avec celle des supporters »

En attendant, le grand blond de 22 ans fait le bonheur de l'OGC Nice depuis l'été dernier, avec déjà 5 buts et 1 passe décisive (en 12 titularisations). « Au début, j'ai été surpris de sa venue », reconnaît Alex, qui estime que l'attaquant effectue « un bond dans sa carrière avec ce projet niçois ». « Ici, il retrouve un club familial, même si on est dans une autre dimension, tranche son aîné. Le championnat peut lui plaire, il a le physique et la technique pour réussir en Ligue 1. Et sa mentalité colle avec celle des supporters niçois ». « Avec Erikssen (Tottenham), Kasper est notre joueur préféré. C'est un attaquant complet, rapide, costaud et technique. Mais ce qu'on préfère, c'est sa vision du jeu et sa qualité de passe. Il fait briller les autres. C'est une belle pioche pour Nice ! », avancent les deux frères, à l'unisson. « Il est très travailleur. Et s'il peut apparaître timide au premier abord, il est très sympa. Merci à lui, et à l'OGC Nice pour cet accueil ! » 

Les 3 Danois posent sur le terrain. 

« A l'Euro, on aura deux chances d'être heureux »

Au moment de plier bagage, les deux franco-danois ont salué Patrick Vieira avant de prendre quelques photos avec le numéro 9. Ils en ont profité pour souhaiter « bonne chance aux Aiglons », qu'ils viennent encourager dès qu'ils peuvent à l'Allianz Riviera : « On s'est pris au jeu, on est derrière eux. Il y a de quoi réaliser une belle saison ». Au terme de celle-ci, ils troqueront le rouge et noir pour les couleurs de leur pays natal, puisque Dolberg et ses coéquipiers ont validé leur ticket pour l'Euro après 8 ans d'absence. « Au risque de décevoir notre mère, on sera pour le Danemark », sourit Sebastian. « Après, si la France gagne, on ne sera pas déçu non plus. On a deux chances d'être heureux ! »

Fabien Hill