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QVL Dissata : le Gym, vu des tribunes

Vous avez pu découvrir le premier numéro face à Paris, dans les travées de l’Allianz Riviera. Ce vendredi, le 2e est sorti, en marge de la réception de Bordeaux*. Entièrement imaginé et créé par les supporters du Gym, Quoura Ven Lou Dissata, clin d’oeil « nissart » au mythique « When Saturday Comes » (« Quand arrive le samedi… »), vous permet de plonger au coeur de la vie du club par un chemin hors-terrain : celui des tribunes. En remettant au goût du jour le « fanzine » - contraction anglophone de fanatic et magazine -, le 12e homme prend corps sur le papier. Derrière cette (re)naissance se cachent une équipe et une voix : celle de Bruno Martel. Entretien.

Bruno, peux-tu nous expliquer ce qui t’a conduit à ce projet ?
Les « fanzines », je les collectionne depuis longtemps. J’en avais fait en 2005, au Ray. C’étaient juste des souvenirs de potes mais à la fin, on les avait édités. 2 de 100 pages. Une trentaine d’exemplaires. Que pour nous. Heureusement d’ailleurs, parce qu’on se les partageait sur des forums perso’ et, aujourd’hui, ces forums n’existent plus. Me replonger dans l’écriture m’a, en plus, ramené des années en arrière. C’est sympa.

Qu'est-ce qu'un « fanzine » ?
A la base, c’est issu d’une sous-culture, du mouvement punk, quelque chose d’un peu « underground ». Il y a eu plus de 260 références différentes pour près de 2700 numéros, répartis dans une cinquantaine de clubs, mais le format est un peu anachronique. Il y a eu une grosse période fanzine entre 2000 et 2010 mais désormais, avec l’arrivée des réseaux sociaux, ça a chuté. J’ai découvert ça en fréquentant d’autres groupes ultras. J’en ai beaucoup sélectionné, beaucoup lu, beaucoup collectionné. A l’époque, je ne me rendais pas compte que ça allait bien vieillir. Je trouvais ça dommage qu’il n'y en ait pas plus, surtout à Nice, où la Sud et la Parigi en avaient déjà fait. C’est pour ça qu’on s’est lancé. Et comme ce n’est plus dans l’air du temps, nous faisons un gros effort de qualité pour intéresser les gens.

A la base, ce format est destiné à un groupe de supporters...
Au début, j’avais vu avec la Pop. Mais après réflexion, je pense que le fait d’axer sur un groupe précis est un peu ce qui a tué le format. Donc nous, notre idée, c’est d’en faire un pour tous les supporters, pour que tout le monde ait envie de lire, de participer. On a plutôt suivi le modèle de ce qui se fait en Angleterre.

Que trouve-t-on dans le 2e numéro ?
On fait toujours les comptes rendus des matchs à domicile et à l’extérieur. Bon, nous ne sommes pas là pour décrypter le jeu. L’idée, c’est de capter les détails autour, les anecdotes qui nous aident à nous remémorer la soirée. On a aussi la rubrique des joueurs moustachus - avec René Marsiglia pour ce 2e numéro - ; l’interview des gens qui ont fait venir Nissa la Bella au stade ; une rubrique avec les meilleures phrases du Café des Aiglons… On est également allé voir Yvan Gastaut, qui nous a parlé des supporters dans les années 30, avant la création du CDS. Après, nous mettons un coup de projecteur sur les « Testa Pelada », le derby de Milan, Blackpool, un déplacement au Danemark pour l’Intertoto, un peu de culture, nous gardons notre page en Niçois... Bref, on s’applique à faire les choses proprement. Sur 92 pages.


"Dans notre démarche, on essaie d’intégrer les groupes"

 

Un sacré travail, donc...
On est parti d’un constat : des gens découvrent le stade à l’Allianz et n’ont pas forcément connu le Ray, soit parce que le Gym ne les intéressait pas, soit parce qu’ils étaient trop jeunes. Ou on faisait un truc de notre côté, ou on essayait de les intégrer. On a choisi la 2e option, parce que Nice, le Niçois, le club et son passé, c’est important. On ne va pas révolutionner le monde, on veut juste garder un souvenir, partager et se faire plaisir.

Comment décrirais-tu ton histoire avec le Gym ?
Elle ressemble à beaucoup d’autres. Mon père m’amenait au stade. A l’époque de la D2, on allait au Ray le samedi parce qu’on ne savait pas trop quoi faire et qu’on entrait sans payer. Puis il y a eu la montée, la découverte du monde ultra, les déplacements, les amis. Tu te laisses prendre. Après, on est passé en ARN, pendant 3 ou 4 ans. Puis on ne faisait plus partie du groupe mais on est resté en seconde nord, avec une vingtaine de potes. Par la suite, j’ai étudié à Caen (avec un Diplôme d’Ingénieur Chimie à la clef, ndlr) et travaillé à Paris, ce qui fait que je voyais plus de matchs à l’extérieur qu’à Nice. Je suis rentré en 2013. Actuellement, je suis retourné en Sud, je suis encarté mais pas impliqué au sein du groupe.

Quels sont tes rapports avec le club ?
Je ne connaissais personne avant de prendre contact. On voulait juste présenter le projet, pour bien faire les choses, éviter que l'OGC Nice ne le découvre au moment de sa sortie et, si possible, avoir un point de vente à l’Allianz. Virginie (Rossetti, directrice communication & marque) et Nicolas (Bernard, directeur-adjoint communication & marque) nous ont reçus, nous avons bien parlé et, franchement, je ne m’attendais pas à ce que notre travail soit aussi bien accueilli… Ils ont compris que notre fanzine était une manière différente de faire vivre le club. Le projet est viable, on ne fait de concurrence à personne, tout ce qu’on cherche, c’est partager notre passion. On s’est déclaré en association, 100 % bénévole, on travaille tous à côté, on a refusé la pub, on reste indépendant. Notre fanzine est un nouvel outil de notre identité, une fierté. Nous sommes très heureux que ça se passe de cette manière avec l’OGC Nice.

Quel est l’objectif final ?
Dans notre démarche, on essaie d’intégrer les groupes. S’ils veulent communiquer à travers le fanzine, pas de problème, au contraire, on est là pour ça ! J’espère que ça les intéressera. Par contre, nous n’aspirons pas à grandir. L’idée n’est pas d’augmenter le tirage mais le nombre d’intervenants. Nous étions une petite dizaine pour le 1er numéro, une vraie dizaine pour celui-là. C’est positif. Actuellement nous tirons 250 exemplaires. Notre seuil de rentabilité est autour des 200 exemplaires, en dessous le projet n'est pas viable. On vient de franchir cette barre pour le n°1 et on espère l'atteindre encore plus vite pour le n°2. Heureusement les retours ont été positifs, ça nous encourage à continuer et à en sortir un tous les 2 mois, jusqu’à la fin de saison. Après, on verra.

* Le numéro 2 de QVL Dissata est disponible à l'Allianz Riviera les soirs de match (Escalier G) et dans différents points de vente. Informations et renseignements : QVLDissata@gmail.com

C.D.