Interview

Lusamba : « J’avais perdu trop de temps »

Il ne s’échappe pas au moment d’évoquer la période de troubles ayant accompagné le terme de son prêt au Cercle Bruges, la saison passée. Et, surtout, les conséquences qu’elle a eues. A 22 ans, Arnaud Lusamba n’a jamais complètement promené son talent et sa technique délicieuse au Gym, où il est arrivé en 2016. Jamais avant cet été. Changé, le milieu relayeur réalise un début de parcours de qualité, sorti du chapeau par Patrick Vieira, dès la 2e journée. Inspiré, différent, il a démarré 6 rencontres sur 9 de L1 et redistribué les cartes d’un milieu dans lequel il séduit. Avant Paris, « Chino » sort du terrain pour prendre la parole. Avec franchise.

Arnaud, comment te sens-tu en ce début de saison ?
Bien. Il y a beaucoup de jeunes joueurs dans l’équipe, je les connaissais déjà presque tous. Le coach me donne des bons conseils, je vois qu’il me fait confiance. C’est important. J’ai l’impression d’avoir eu un déclic qui fait que j’arrive plus à me lâcher sur le terrain, à montrer vraiment ce que je vaux.

Comment expliques-tu ce déclic ?
Ça doit sûrement venir du prêt de l’année dernière à Bruges. Là-bas, je jouais, j'enchainais, j’étais performant (25 rencontres disputées entre août 2018 et mars 2019, ndlr). Après, il s’est passé ce qui s’est passé… Je ne vais pas entrer dans les détails. J’ai commis des erreurs. Ça m’a fait un électrochoc. Pendant 3-4 mois, je réfléchissais. Je me suis dit : « Ce n’est pas la carrière que je veux faire. Il faut que je me reprenne en mains ». J’ai pris conscience que j’avais trop perdu de temps. Il fallait me remettre au travail sérieusement. J’ai travaillé, travaillé, et je continue. Mon objectif, c’est de faire ce qu’il faut aux entraînements pour que le coach se pose les bonnes questions. S’il me fait confiance, c’est à moi de lui rendre sur le terrain.

 

« J’ai déjà entendu que j’étais une recrue. Je ne peux pas en vouloir aux personnes qui me l’ont dit »

 

Sportivement , qu’est-ce que t’a apporté ce prêt au Cercle Bruges ?
Ça m’a permis de retrouver confiance. J’ai enchaîné les matchs en relayeur, ça se passait bien avec les joueurs et les supporters. J’ai repris le rythme. La Jupiler League est un championnat très dur, très physique, très direct. Malgré la fin, c’était une bonne expérience.

Tu as pensé à un départ de l’OGC Nice cet été ?
Mon entourage m’en a parlé mais ma réponse ne changeait pas : je voulais montrer à tout le monde que je pouvais jouer à Nice, et prouver à ceux qui m’ont recruté qu’ils ne se sont pas trompés. En ce moment, ça se passe bien, j’espère que ça va continuer et je mets tout en œuvre pour. A moi d’être performant parce que le foot, c’est dur, et on juge un joueur à sa régularité.

Eprouves-tu le sentiment « d’être une recrue » ?
J’ai déjà entendu beaucoup de fois cette phrase. Je ne peux pas en vouloir aux personnes qui me l’ont dite. Je n’avais jamais montré ce visage-là à Nice, ils ne me connaissaient pas vraiment. Je vois la bascule dans certains comportements. Quand je suis en voiture, il arrive qu’on me glisse un petit mot sympa, ça me fait plaisir. C’est bizarre, parce qu’on ne dirait pas, mais j’étais là avant (il sourit). Je connais bien la maison.

Comment le coach Vieira t’a-t-il mis en confiance ?
Etant donné que j’avais bien travaillé, j’étais en forme à la reprise. Je voyais qu’il me parlait et me conseillait beaucoup. Dans ma tête, je me suis dit : « Il s’intéresse à moi, il faut continuer ». Il est très proche des joueurs, il aime bien s’amuser avec nous, mais le travail, c’est le travail. Cette proximité m’a mis à l’aise. Avec lui, je me sens bien, relâché.

Le poste d’avant-centre, d’entrée de saison, était une bonne étape ?
La première fois que j’y ai joué, c’était à Nîmes (J2, victoire 2-1). La veille du match, à l’entraînement, le coach me dit : « Demain, je vais sûrement te faire débuter en 9. Je sais que ce n’est pas ton poste, mais là, j’ai besoin que tu aides l’équipe ». J’ai dit oui de suite, sans réfléchir. C’était spécial mais pour aider le groupe, pas de problème. S’il faut y retourner, j’y vais, mais j’avoue qu’en relayeur, mon poste de prédilection, c’est bien mieux.

A froid, quel sentiment vous laisse ce match de Nantes ?
Le même qu’à chaud : de la déception. Ce n’est pas la prestation qu’on voulait faire. Nous avons manqué d’agressivité alors qu’on contraire, contre eux, il fallait en mettre plus que d’habitude. Maintenant, il faut passer à autre chose.

Quel bilan collectif tires-tu de ces 9 premières journées ?
Il y a eu pas mal de changements, d’arrivées, de départs. L’équipe ne s’est pas encore mise en place à 100 %, il y a quelques réglages à faire, mais ce qu’on réalise est globalement positif. Après, tout n’est pas parfait et il y a encore des choses à améliorer. On y travaille.


« Dès qu’on se relâche, il se passe quelque chose »

 


Justement, si tu devais citer un aspect positif ?

La cohésion. Sur le terrain, on arrive à se trouver, on parle le même football. C’est ce qu’il faut garder et développer.

Au contraire, un aspect sur lequel renforcer le travail ?
Dans nos derniers gestes, nous devons être encore plus efficaces. Au niveau de la concentration aussi. Des fois, on peut être très bon et, dès qu’on se relâche, il se passe directement quelque chose de mauvais. Il faut être concentré du début à la fin, même si ce n’est pas évident.

Comment sens-tu la suite de la saison ?
Les joueurs, le coach, les supporters : il y a tout pour faire un bon parcours. Ça commence par Paris. On a beaucoup pensé à ce match sur les 2 dernières semaines. Dire qu’il est comme les autres serait mentir. Paris est une grande équipe, avec de très grands joueurs. Ça va être compliqué, mais on joue au foot pour ça. Nous avons bien travaillé et récupéré pendant cette trêve : à nous de prendre du plaisir et de faire ce qu’on sait faire.

Justement, comment s’est passée la trêve ?
Elle nous a permis de garder le rythme. Nous avons aussi rencontré Lausanne, ça nous a fait du bien (0-0). A l’entraînement, le coach a insisté sur certains points, nous avons pu nous concentrer sur des choses bien spécifiques, avec un groupe un peu plus réduit. Durant les trêves, le coach peut aussi passer un peu plus de temps avec certains joueurs pour dire ce qu’il attend. Ce sont des bonnes périodes. Maintenant, on a hâte de reprendre.

propos recueillis par C.D.