Formation

U19 : le bilan d'Emerse Faé

​Le changement dans la continuité. Entraîneur principal des U17 pendant 3 années, Emerse Fae a suivi "ses petits" dans la catégorie supérieure cette saison. S'il dresse un bilan « mitigé » de son premier exercice avec les U19 (6ème place finale), l'exigeant éducateur se veut optimiste pour l'avenir. Entretien.

Quel bilan dressez-vous après cette saison 2018-19 ? 
Il est m
itigé. Nous avions bien commencé, avec une grosse préparation lors de laquelle j’ai vraiment aimé le groupe. Le niveau était très interessant, avec une forte concurrence et des garçons investis. On a poursuivi sur cette lignée à l'entame du championnat, avant de rentrer dans le ventre mou. Je regrette notamment la perte de points contre des équipes à notre portée, qui nous auraient permis de titiller Montpellier et Saint-Étienne. On n'a pas retrouvé l'état d'esprit affiché lors de la préparation.

Comment l’expliquez-vous ?
La concurrence forçait les garçons à avoir un certain niveau. Mais nous avons perdu 3 titulaires sur blessure dès la première journée : Noah Crétier, Balthazar Pierret et Julien Gastaldy, pour environ 2 mois. Avec moins de concurrence, il y a peut-être eu moins d'émulation et moins d'investissement. Notre groupe était composé de plus jeunes, rejoints par ceux qui descendaient de N2. On a perdu le fil, et on ne l'a retrouvé que sur les 5-6 dernières journées.

Face aux grosses cylindrées, vous avez pourtant tenu votre rang, à l'image des 6 points pris sur 6 possibles face au 1er, Montpellier...
C’est pour ça que c’est frustrant ! A l'arrivée, on réalise un championnat moyen en étant 6ème, alors qu’à l'exception de Toulouse, nous avons réalisé de bonnes performances face aux gros. Mais à l'inverse, tu perds contre Béziers, qui descend, chez toi. Tu ne prends qu'un point face à Cannes (8ème), zéro contre Nîmes (4ème)... Nous avons perdu 8 à 10 points contre des équipes à notre portée. C'est dommage, car si on les prend, on joue le podium jusqu’à la fin.

Quel est le point positif à retenir ? 
La progression des joueurs. En formation, c’est le plus important. Ce sont des joueurs que j’ai depuis longtemps, et je sais d’où ils sont partis. Je pense par exemple au petit Crétier, qui a continué à progresser malgré les blessures, et a même pu jouer en N2.

Et le point négatif ?
Le premier, c'est que nous avons pris trop de buts à mon goût, même sur des matchs où on a gagné largement. Le second, c'est ce manque d'ambition supplémentaire pour aller chercher quelque chose.

De nombreux U19 ont garni les rangs de l'équipe réserve, voire des pros cette saison. Comment gère-t-on ces allers-retours ?
Les joueurs présents sur une feuille de match en pro ne peuvent redescendre immédiatement en N2 : ils doivent retourner en U19. Cela peut générer de la frustration pour ceux qui s'entraînent avec le groupe depuis le début, et sont contraints de céder leur place à ceux qui descendent. Mais ça fait partie du jeu.

« Leur donner le bagage pour être titulaires en pro »

Que ressentez-vous lorsque vous voyez des petits que vous aviez sous votre aile, pointer le bout de leur nez en pro ?
Ca me fait plaisir, forcément. Il faudra que je compte, je pourrais bientôt faire une équipe (rires). Plus sérieusement, ça fait 7 ans que je suis éducateur au club : heureusement qu’il y en a ! Pour nous, ça constitue l’objectif numéro 1. Il faudra être plus performant, car aujourd’hui, parmi ceux que j'ai eus, seul Malang (Sarr) est titulaire indiscutable. Patrick (Burner) joue aussi, mais je ne l'ai pas coaché. L’important, c’est de les former pour qu'ils aient le bagage nécessaire, non pas pour faire des apparitions, mais pour prétendre progressivement à une place de titulaire.

Cette saison, vous êtes passé des U17 aux U19. Votre travail a-t-il changé avec cette catégorie d'âge ? 
Oui, ça n’a rien à voir. Ils ont 2 années de centre de formation derrière eux. On peut aller plus loin dans le travail, être plus exigeant. Ils ont une maturité supérieure. Le championnat est aussi plus relevé qu'en U17, on se rapproche d’un foot d’adulte.

Patrick Cordoba (entraîneur des U17) a souligné la qualité des échanges entre les entraîneurs des différentes catégories.
C’était une année de transition. Nous sommes passés d’un mode de travail à un autre, complètement différent. Avec tous ces changements, nous avons communiqué un maximum pour que chacun puisse donner son ressenti. L’an prochain, on aura une année de recul, ça ira beaucoup plus vite. Ce travail commun permet aux jeunes de s'adapter plus facilement lorsqu'ils passent d'une catégorie à une autre. Ca facilite les choses.

« C'est vraiment bon de parler foot avec Gilles Grimandi »

Quelle a été la nature de vos échanges avec Gilles Grimandi (directeur technique du club) ?
Nous nous sommes réunis à plusieurs reprises. J’ai également échangé individuellement avec lui : tu sens qu’il connait le foot. C'est toujours bien d’échanger avec des personnalités du football, qui ont une véritable expérience et des références au plus haut niveau. Les échanges étaient constructifs, car nous aussi, nous lui avons apporté des choses. Il a surtout connu le haut niveau chez les pros, nous lui avons donné des billes sur le club et la formation. Je ne le connaissais que de nom, et j'ai pu me rendre compte que c'est une personne avec qui il est vraiment bon de parler football.

Comment sera constitué le groupe U19 la saison prochaine ? 
Il y aura beaucoup de joueurs nés en 2002, quelques 2003 et des 2001 qui n'auront pas encore franchi le palier supérieur. On va continuer à jouer avec des jeunes. Beaucoup de U19 vont aussi reprendre avec la N3. Quant à mon groupe, je sais qu'il aura de la qualité. Ce sont des garçons très à l’écoute, ce qui va nous permettre de bien travailler. Sam Alexander, par exemple, a beaucoup marqué avec les U17. Il est monté avec nous en fin de saison et a été aussi efficace. Il est prêt pour les U19. Le petit Salim (Ben Seghir) a commencé à faire des bonnes choses avec nous avant d'être suspendu. Il y a aussi Lorenzo Depuidt, que je ne trouvais pas encore prêt en milieu de saison, mais qui a fait des choses très intéressantes par la suite. Avec une bonne préparation, ils seront prêts. Il y a vraiment de la qualité et un bon état d'esprit. Ce qui est sûr, c'est qu'on va pouvoir bien travailler. Ce groupe devrait être plus rigoureux, ce qui devrait nous éviter de perdre des points bêtement.

Quand débutera votre préparation ? 
Le 15 juillet. Les joueurs ont eu 2-3 semaines pour couper, avant de suivre un programme de remise en route. C'est ce qui va leur permettre d'encaisser la charge de travail qui les attend à la reprise.

F.H.