Interview

La rétrospective de Dante : Partie 2/2

Ce jeudi, la rédaction d'OGCNice.com a publié la 1re partie de la rétrospective d'El Commandante en ce qui concerne l'acte 2018-19. Voici désormais la seconde moitié. 

D’après Patrick Vieira et Gilles Grimandi, la base de l’équipe repose, cette saison, sur toi, Walter Benitez, Malang Sarr et Christophe Herelle. Comment décrirais-tu votre responsabilité ?
Notre responsabilité envers le club et l'équipe, c'est d'être des joueurs fiables par rapport à notre présence et au niveau des blessures. Walter a manqué 3 parties, Malang aussi, Christophe un peu plus et moi 2. Plus on se connaît, plus on joue ensemble et plus on progresse. C'est ce qui fait qu'on devient meilleur. Cette stabilité, elle n'a malheureusement pas été là à tous les postes : Atal fait une très grosse saison mais il a été embêté par des blessures. Et ce n'est pas le seul dans ce cas. Après, concernant la prestation, on donne tout. Être conscient de notre responsabilité, bien nous gérer, nous entraîner et nous occuper de notre corps afin de répondre présent, à chaque match, c'est important. Je les félicite, eux 3, d'avoir progressé, mais également toute l'équipe de nous avoir épaulés dans notre travail. Si nous n'avons pas encaissé beaucoup de buts (35 dans l'élite en 2018-19, ndlr), ce n'est pas uniquement grâce à nous. Tous les gars travaillent bien, c'est une responsabilité que le coach partage et c'est ce qui fait notre force. 

Dans le discours, Malang et Christophe t'ont accompagné. Est-ce essentiel qu'ils prennent parfois la parole ?
Je suis ici pour apporter mon expérience. Pas pour que les jeunes m’écoutent, mais pour qu'ils me suivent. Je ne veux pas que tout le monde s’asseye pour écouter Dante. Si tu sens que c’est le moment de parler, que tu as des idées, vas-y ! Je suis un être humain mais des fois, je ne trouve peut-être pas les bons mots alors qu'il faudrait mieux ne rien dire. Et dans ces moments-là, j'ai besoin d'aide. C'est là que Malang et Christophe interviennent. Je suis très content de voir qu’ils prennent un peu plus le relai, même avec moi. Parlez-moi. Si le "vieux" dort, il faut l'appeler, l'engueuler (rires). Qu'importe le fait d'être le capitaine. C'est avant tout pour le club, l'équipe, parce qu'à la fin de la saison, je ne vais pas me rappeler qu'à tel match, untel m'a crié dessus. Je m'en fous ! Et les joueurs commencent vraiment à le comprendre. Il faut passer par là pour réussir.

« Cette rage, cette envie, cette adrénaline »

Tu as inscrit ta 1re réalisation de l'exercice 2018-19 devant Montpellier. Tu l'attendais ce but...
Oui ! J’étais en colère, en conflit avec moi-même. J'ai joué un certain nombre de matchs (124 rencontres en Rouge et Noir, toutes compétitions confondues, ndlr) et marquer un but de la tête, il fallait que j'apporte ça à l'équipe. Pas à moi. Mon job, c'est de bien travailler derrière, de sortir le ballon proprement et d'aller de l'avant pour peut-être aider les coéquipiers. C'était quelque chose à ajouter, c'est fait, et j'en suis d'ailleurs très content. 

Le Gym annonce ensuite ta prolongation. Le club et toi vous étiez mis d'accord il y a un petit moment déjà. Pourquoi as-tu eu envie de poursuivre l'aventure ? 
J'étais et je suis toujours très heureux ici. Le plus important, c'est que je ressens toujours cette rage, cette envie, cette adrénaline d'aller au-delà de mes limites. Et ce sont ces raisons qui vont me permettre de réaliser encore 2 bonnes années avec l'OGC Nice. Je vais bien me préparer afin de ne pas décevoir les personnes qui me respectent et pour continuer à leur procurer du bonheur. 

Au final, le Gym sera l'institution dans laquelle tu as passé le plus de temps dans ta carrière... 
Oui, c’est quelque chose de très rare ! Le maximum que j'ai fait c'est 3 ans au Bayern (2012-15) et 3 ans et demi à Gladbach (2009-12). À partir de la saison prochaine, je vais entrer dans ma 4e année niçoise. Je suis très fier et heureux d'avoir reçu la confiance de tout le monde. Et cette prolongation de contrat me donne encore plus envie d'aider le club. Quand tu reçois de la confiance, des responsabilités et aussi du respect, c’est réciproque. Tu es obligé de redonner, de faire toujours plus. Cela me tient vraiment à cœur et c'est à moi de garder un très bon niveau, de beaucoup travailler, encore plus chaque année avec l'âge, de faire plus attention et de récupérer davantage derrière. 

« s'installer dans le top 6, voire le top 5 »

As-tu peur que le contexte extrasportif de ces dernières semaines freine des joueurs à rejoindre le Gym ?
Malgré ce qui s'est passé cette année, le club reste le club. On a un beau stade, de bons supporters, un très bon centre d'entraînement... Sans oublier le jeu, notre envie de jouer.

Comment décrirais-tu le potentiel de l'OGC Nice. Jusqu'où peut-il aller ?
Le club peut arriver très haut mais les gens doivent prendre conscience que c’est un long travail. Depuis maintenant 7 ans, Claude Puel (2012-16), Lucien Favre (2016-18) et maintenant Patrick Vieira souhaitent avoir la possession du ballon, trouver des coéquipiers entre les lignes… Alors l’ADN, on l’a acquis. Mais il faut l’entretenir au quotidien. En plus, tu as goûté à l’Europe, donc tu commences à avoir une certaine expérience. Mais maintenant, il faut ce petit déclic avec de nouveaux joueurs, complémentaires à notre groupe. Quelqu’un qui nous apporte un plus, dans le caractère ainsi que dans la personnalité, et pas seulement sur le terrain. On en a besoin pour progresser et passer un palier. À partir de là, Nice peut s’installer dans le top 6, voire le top 5. Cela veut dire qu’à la 7e place, ça serait un échec. Pas cette année parce qu'on a fait une très belle saison, très courageuse au vu de nos moyens. Mais il faut penser au long terme, toujours avec notre ADN de possession, de jeu attractif, de vouloir sortir de la pression de l’adversaire à terre… Si des joueurs veulent nous rejoindre, ce n’est pas grâce au soleil ou à la belle ville, mais grâce au football qu’on propose et à nos supporters amoureux du club. Par contre, je dois donner un conseil : l’exigence du travail, c’est celle qui te maintient et celle qui te fait progresser. Aujourd’hui tu es bien mais il faut toujours chercher quelque chose que tu maîtrises moins. Même si tout le monde ne tarit pas d'éloges sur toi et dit que tu réussiras. Tu dois toujours te méfier, pas de ton talent, mais du ballon. Tu as toujours un adversaire de l’autre côté ou un ballon qui va plus vite que toi, qui peut flotter… Quand tu as appris ça, transmets l’énergie positive aux autres et c’est comme ça qu’on pourra hausser le niveau, s’approcher de très haut objectifs.