Ancien

Gagnier, le voyageur

Aiglon de 1999 à 2003 et artisan de la montée en 2002, Laurent Gagnier a connu de multiples expériences après son départ du Gym. A l'honneur contre Toulouse, l’ancien attaquant est revenu sur son atypique carrière*.

Laurent, que représente le Gym pour vous ?
Tout ! Je suis de Cagnes-sur-Mer mais Nice, c’est le club phare de la région. C’est là où j’ai fait mes premiers pas en pro, où j’ai été formé, c’est mon club de cœur.

Quels souvenirs gardez-vous de la montée en 2002 ?
Vivre ça avec le peuple niçois et un Ray en fusion, c’était extraordinaire. Nous étions un groupe de potes, personne ne se prenait la tête. Tout le monde était heureux d’être ensemble, à l’entraînement ou en dehors du terrain. On a tout donné sur la pelouse cette année-là. C’est le meilleur souvenir de ma carrière.

Quel regard portez-vous sur le club actuellement ?
Il a évolué, ça n’a plus rien à voir avec ce que j’ai connu. Maintenant c’est une plus grande dimension ! Le Gym avait besoin de ça pour attirer de très grands joueurs comme Ben Arfa ou Balotelli. Il y a aujourd'hui une période de transition, dans laquelle Patrick Vieira fait vraiment du bon travail.


CHYPRE, THAÏLANDE, IRAN, CHINE...


Après vos années à Nice, vous avez beaucoup vadrouillé…

En effet ! J’ai d’abord été prêté à Niort puis j’ai rejoint Sedan qui avait un beau projet. Ensuite, j’ai connu des expériences à Chypre, en Thaïlande, en Iran ou encore en Chine. Je suis aussi passé par Amiens et le Red Star entre temps, avant de terminer ma carrière au Gabon.

Ce n’était pas banal surtout à votre époque…
J’ai toujours voulu voyager. Arrivé à 28-29 ans, je voulais vraiment partir loin et quitter l’Europe, d’autant plus que j’avais le sentiment d’avoir fait le tour en France. J’ai même refusé des propositions venant d’Espagne et d’Angleterre pour tenter toutes ces aventures.

De retour au pays, Laurent Gagnier a reçu le trophée de Anciens Aiglons avant le match Nice - Toulouse

Vous êtes l’un des premiers étrangers à avoir rejoint le championnat chinois…
C’est vrai, sauf qu’en Chine, il n’y avait pas vraiment de ferveur autour du football à l’époque. Cela n’avait même rien à voir avec la situation actuelle. Il y avait des problèmes de salaire, d’infrastructures… Nous étions en première division, et nous ne savions même pas quand nous devions nous entraîner ni à quel endroit. Rien n’était structuré, et je n’y suis resté que quelques mois.

Et en Thaïlande, comment était-ce ?
C'est un pays magnifique. J’ai été vraiment surpris car le foot avait déjà commencé à se développer. J’ai beaucoup joué là-bas, et découvert de très bons joueurs, même si au niveau du jeu, les équipes locales manquent d’un réel aspect tactique.


AU GABON AVEC BILL TCHATO


Après une courte expérience en Iran, quelques mois au Red Star, vous terminez finalement au Gabon…
On avait acquis notre maintien avec le Red Star en 2012. L’année d’après, d’anciens coéquipiers dont Bill Tchato (ancien du Gym) m’ont proposé de développer le football là-bas. Le Gabon a été une terre d’accueil extraordinaire, les habitants ont été supers avec moi. J’ai également découvert des paysages dingues, j’ai par exemple joué en pleine forêt gabonaise, c’était incroyable ! Après, le souci, c’est qu’il y avait vraiment tout à faire… Les problèmes de subventions étaient récurrents, les salaires n’étaient que rarement payés, c'était très compliqué. J’ai vécu ça comme une véritable aventure, c’est pourquoi je suis quand même resté 2 ans.  En revanche, il y a vraiment d’excellents joueurs, et le niveau était même assez bon. Pour donner un exemple, je pense que les premières équipes pourraient bien figurer en Ligue 2. La faiblesse reste encore et toujours l’approche tactique, mais sans aucune formation, c’est logique.

Avec le recul, que retenez-vous de ces passages à l’étranger ?
J’ai beaucoup mûri, en ayant appris des tas de choses. Je me suis rendu compte que même si on a tendance à critiquer la France, son système est vraiment bien fait malgré de vrais défauts. A l’étranger, c’était difficile car je partais à chaque fois de zéro mais dans le fond, ce n’était que du bonheur. J’ai de la chance car mon parcours m’a permis de rencontrer de belles personnes tout en faisant un tour du monde du football.

Si c’était à refaire…
Honnêtement, je ne sais pas si je ferais tout de la même façon. Avec le recul, je prendrais sans doute moins de risques, en faisant plus attention dans un monde où il y a beaucoup d’argent et de requins. J’ai été trop gentil, j’aurais parfois dû me méfier de certaines personnes tout en ficelant mieux mes plans.

R.B.

* L'interview est parue dans le n°323 d'OGCNICE.mag