Aiglon du mois de février

Benitez confirme

Walter Benitez est votre Aiglon du mois de février. Avec 85% des voix, le portier n'a laissé aucune chance à Adrien Tameze, avec qui il était en compétition. Il viendra récupérer son trophée avant Nice - Toulouse (prévu le 15 mars à 19h), des mains d'un supporter tiré au sort. 

En ce dernier jour de février, retrouvez le papier ayant été consacré au gardien argentin dans le magazine de la rencontre contre Lyon (1-0, le 10 février).

Au match aller (Lyon 0-1 Nice, le 31 août 2018), il avait su revenir dans le 11 de départ et balayer les doutes. Dans l’adversité, au milieu des missiles ennemis, ses mains, ses pieds et tout son corps dirent ce que ses mots refusent, par pudeur, de clamer tout haut. Face à Lyon, dans un Groupama Stadium entièrement tourné contre le Gym, son retour fut une naissance. Le début d’une saison et le début d’une histoire. Depuis, Walter Benitez n’a jamais semblé aussi solide. Y compris lorsqu’on l’observe de son cher et tendre pays.

« Il a toujours accepté mes choix, a toujours continué à travailler et, ce soir, il a été exceptionnel ». Vendredi 31 août 2018, Patrick Vieira se dresse face à ses joueurs, dans le vestiaire du stade lyonnais. La rencontre vient de s’achever et les Aiglons, heureux mais éreintés, tiennent leur premier succès en championnat (1-0). Ce 31 août, Walter Benitez réalise 9 arrêts dans la rencontre. La prestation est monumentale, elle obtient un 9 dans l’Equipe et Nice-Matin le lendemain. Le quotidien national titre « Lyon prend le mur » pour résumer une soirée marquée par la puissance de l’Argentin.

« Il est l’un des meilleurs gardiens du championnat ». Les semaines ont filé, nous sommes le 26 janvier, au sortir d’une victoire contre Nîmes (2-0), et Patrick Vieira complimente de nouveau son portier. Cette fois, le coach a troqué l’intimité du vestiaire pour les micros de la presse. Depuis Lyon, le numéro 40 des Aiglons n’a plus quitté sa place et a multiplié les performances de haute volée. « L’une de ses grandes forces, c’est qu’il ne lui faut pas 6 mois pour saisir sa chance », glisse avec recul Lionel Letizi, entraîneur des gardiens du Gym depuis 2012.

Les stats de la montagne (1,91m, 91 kg) culminent très haut, que ce soit en L1 ou en Europe. Tellement haut que beaucoup d’observateurs en viennent à se poser une grande question : peut-il pousser les portes de l’équipe nationale? Question qui en introduit une autre : quel écho ses performances ont-elles au « pays des magiciens », où le génie des attaquants se transmet de génération en génération, mais où on peine à trouver un grand gardien ? Personne, à l’heure actuelle, n’est en mesure de livrer une réponse définitive, mais certains interlocuteurs peuvent, d’Amérique du Sud, apporter des éléments de réflexion intéressants. Encore faut-il savoir où chercher, à quelle porte taper et à quelle figure se fier…

 

« Quand tu le vois travailler, tu comprends »

 


Les deux premières problématiques se résolvent par la 3e. « Vous appelez de la part de Pablo, c’est un plaisir de pouvoir échanger. On travaille avec la L1 depuis 2011. Chaque week-end, nous retransmettons les meilleurs matchs dans 7 pays d’Amérique du Sud, et nous avons un « show spécial L1 » tous les lundis ». Au bout du fil, Samuel Vargas, commentateur et présentateur de la chaîne Direct TV Sports, où Pablito, ancien chouchou du Ray, occupait le rôle de consultant il y a peu.

Disert, Vargas connaît bien « le championnat des champions du monde ». Il faut dire que les venues de « Neymar, Cavani, Di Maria, Falcao, Ospina, James » ont tendu un fil solide entre les deux continents. Un fil où se promène allégrement un public de passionnés. Alors le Colombien, dont la parole porte (il est suivi par 140 000 personnes sur Twitter), ne tarde pas à évoquer le cas Benitez. « Franchement, c’est un peu une surprise de le voir évoluer à ce niveau. En Argentine, il jouait à Quilmes, qui est à peu près l’équivalent d’Amiens ou de Troyes en France. On le connaissait surtout parce qu’il était le gardien de l’équipe nationale U20 et quelques années plus tard, on le retrouve en train d’enchaîner les bons matchs dans un top club français. Ce n’était pas facile à pronostiquer... »

« Quand tu le vois travailler au quotidien, tu comprends pourquoi il en est là, rebondit Lionel Letizi. Depuis son arrivée, il a tout mis en place, sur le terrain et en dehors, pour atteindre ce niveau. Walter est quelqu’un de très intelligent, qui ne s’arrête jamais de travailler. Il fallait le temps qu’il se remette de sa blessure – car il est arrivé blessé – et qu’il s’adapte. Désormais, il s’est adapté, mais il continue à bosser. Il sent que tout le club lui fait confiance, ce qui est déterminant à ce poste ».


« Il est parti en silence et a trouvé, à Nice, sa place dans le monde »


 


Entre l’été 2016, moment de sa signature sur la Côte d’Azur, et l’hiver 2019, l’ultime rempart a disputé 51 matchs de L1*. Selon les suiveurs, ceux des années précédentes ne dégagent pas la même impression de maîtrise que les 21** de cette saison. « Quand il s’est engagé au Gym, il était une alternative à Cardinale, et peu à peu, il s’est imposé, pose Vargas. Maintenant, chez nous, il est connu pour ses arrêts sur pénaltys (il en arrêté 4 sur 8 en L1, ndlr) et parce qu’il est devenu titulaire. Il est grand, physique, possède de bons réflexes. En plus, il joue sous les ordres de Patrick Vieira, dont on parle beaucoup ... ».

« Il est parti d’ici en silence et a trouvé, à Nice, sa place dans le monde », résume Juan Furlanich, son compère de la chaîne Direct TV Sports. Suffisant pour trouver sa place dans l’Albiceleste ? « C’est le bon moment pour lui, répond Vargas. Romero (31 ans) commence à sortir. Le numéro 1, désormais, c’est Armani (33 ans), de River Plate. Mais derrière, il y a de la place en tant que n°2 ou n°3. D’autres concurrents peuvent y prétendre, mais si Benitez enchaîne les saisons comme celle-là, dans un club qui joue les premiers rôles, il n’y a pas de raison qu’il n’apparaisse pas ».

« Aujourd’hui, on n’a pas encore entendu parler d’une éventuelle convocation, avoue Juan Furlanich. Mais la sélection regarde tous les joueurs qui sont à l’étranger. Et effectivement, s’il maintient ce niveau-là...» Le silence en fin de phrase termine la réponse sans arrêter le jugement. Sans mettre un terme au suspense. Personne ne le peut, d’ailleurs, la balle étant dans le camp de Walter Benitez et de Lionel Scaloni, le sélectionneur argentin.

Du haut de ses 19 années en pro, Lionel Letizi précise juste une chose, en guise de conclusion. « Quand tu es gardien, ta meilleure période, c’est entre 26 et 33 ans. Walter vient d’en avoir 26. Le plus beau est devant lui...»

C.D.

*Il en est aujourd'hui à 54.

** 23 avant Nice - Strasbourg.