Supporters

« The Nissarts »

« Sorry, we are late ». Retrouvés devant la boutique officielle du Gym, Keith et David avaient pensé à tout le nécessaire pour la der’ face à Caen : le maillot, l’écharpe et une sacrée dose de bonne humeur. Ils avaient néanmoins oublié un détail : leur téléphone, ce qui nous a obligé à scruter les « looks » britanniques sur le parvis en les attendant. 

Malgré leur panoplie 100% Nissart, il était difficile de manquer leur arrivée. Le premier à s’exprimer porte le maillot de la saison passée : « Hi, it's you ? I'm Dave and I am sixty-one* ». De trois ans son aîné, Keith est venu avec la tenue de 2001-02, année de la remontée. Il rechigne d’abord à répondre - « Is that important, how old am I ? » - avant d’éclater de rire : « You can write 24** ». Le ton est donné. La conversation se poursuivra en anglais, et avec le sourire.

« Mon premier match ? en 68, à Valenciennes »

Dave vient de Portsmouth, Keith de Brighton. 2 villes côtières du sud de l’Angleterre, « comme Nice ! » Ils se sont rencontrés grâce à un « Famous Nice supporter », Serge Gloumeaud, qui a conté les déplacements des supporters niçois, côté coulisses, dans plusieurs ouvrages.

Dans l’un d'eux***, figure d’ailleurs une photo de Keith, avec son épouse Anna, lors d’un « away match » à Lille. A 50 kilomètres de là où tout a commencé pour Monsieur : « C’était en 1968, à Valenciennes. Nice a gagné 0-1. C’était mon premier match, mais j’étais tombé amoureux de la ville et du club tout petit, lors de mes vacances à Nice ». Pour Dave, la passion est plus récente, mais tout aussi prégnante : « J’ai vécu ma première au Ray, il y a une dizaine d’années. Je suis immédiatement tombé dedans ».

« Wasquehal, Sedan... des endroits étranges »

En Angleterre, seulement quelques matchs du Gym sont retransmis à la TV. Ce qui force les 2 loustics à prendre leurs dispositions. La première est de choisir les « vacances à Nice en fonction du calendrier sportif » pour se fondre dans la marée rouge et noire à l’Allianz Riviera. La seconde consiste à écumer les parcages visiteurs. « Cette saison, j’ai visité Montpellier, Strasbourg, Angers, et Lille » énumère Keith. « De beaux stades », pour celui qui a connu la D2  et ses « endroits étranges : Wasquehal, Sedan, Le Havre ». Sans oublier le « derby » à Boulogne : « Il n’y avait que la Manche à traverser, c'était cool ».

Dans le pays du football, leur amour du Gym a d'abord surpris. « Mais maintenant, mes amis suivent les résultats de Nice, raconte Keith. Ils me disent : "Oh, vous avez gagné ce week-end !" ». Abonné à Chelsea, Dave « évoque toujours l'OGC Nice à Stamford Bridge ». Le sexagénaire, qui aime se placer proche de la Populaire Sud, aime raconter « l'atmosphère fantastique mise par les supporters niçois ».

« Voir le Gym en Angleterre »

Ce match face à Caen (victoire 4-1) fut leur der' de la saison. Une saison « longue » mais qui n'affecte pas leur ferveur, comme le promet Keith : « Les joueurs passent, mais le club reste. Les supporters doivent être là même quand les temps sont moins radieux ». Le retour du beau temps, les deux amis le prévoient pour la saison 2018-19 : « On y croit à fond », promet Dave, qui va devoir se trouver une occupation jusqu'à la reprise. « Le 11 août, c'est loin. C'est terrible même... On attend le calendrier pour planifier notre prochain tour de France. Et on espère aussi avoir la chance de voir le Gym évoluer à nouveau en Angleterre ».

Fabien Hill

* « Salut, je m'appelle Dave. J'ai 61 ans »

** « Est-ce important, mon âge ? Vous pouvez écrire 24 »

*** « Une saison avec le Gym, Carnet de Route d'un supporter niçois » S. Gloumeaud, Baie des Anges éditions, 2009.

Ils ne marchent pas seuls

« Nous ne sommes pas les seuls » raconte Dave, qui verrait d'un bon oeil la création d'un « club des supporters anglais ». Les deux compères ont d'ailleurs accueilli avec un large sourire l'histoire de Jim (photo ci-contre), qui a amusé le public français après avoir porté le maillot du Gym lors d'un match de Bournemouth : « C'était excellent ».