Témoin

Inoubliable Vermeulen

Il n’a joué à Nice qu’un peu plus d’une saison. Défenseur physique Arjan Vermeulen n’avait pas la géniale insolence de Dick Van Dijk, autre figure hollandaise passée au Gym. Mais il s’y est pourtant fait un nom en réussissant l’un des gestes les plus importants de l’histoire du club. Avant la rencontre face à ses compatriotes d’Arnhem, il revient pour OGCNICE.COM sur son tir au but décisif en finale de la coupe de France 1997 et se rappelle à notre souvenir alors qu’il a entamé une seconde carrière dans le football.

« J’étais très angoissé ». A l’heure d’évoquer son historique tir au but, Arjan Vermeulen, n’enjolive pas le récit à son avantage. Arrière gaucher format déménageur, remplaçant au coup d’envoi, entré en jeu à la 91e minute, le natif de Culemborg n’était pas programmé à être l’un des héros de la soirée avec Bruno Valencony. Son nom est pourtant directement associé à la plus belle émotion du peuple niçois de ces cinquante dernières années. Comme Onorati, Tatarian et De Neef, le défenseur a transformé son tir au but. Mais si l’on se souvient tout particulièrement du sien, c’est parce qu’il fut le dernier de la série. Celui qui cloua Angelo Hugues et transporta du même coup les 7 000 supporters du Gym vers le paradis.

Mais pourquoi diable s’est-il retrouvé avec le sort entre ses pieds, alors que ni James Debbah ni Andrzej Kubica ne furent désignés ce soir-là ? « Pour tout dire, je ne sais pas. Je n’avais jamais frappé de tir au but auparavant dans ma carrière. J’étais très nerveux. D’autant que quand j’ai posé le ballon sur le point de penalty, l’arbitre est venu me dire qu’il n’était pas bien placé. Cela m’avait encore plus stressé ».

Puis Vermeulen a pris une grande respiration, a ajusté la mire du gauche à ras de terre et a embarqué le portier à contre-pied. La suite ne fut que bonheur. On le revoit encore faisant un saut de cabri par-dessus les panneaux publicitaires pour venir communier avec le kop de Boulogne où étaient rassemblés la majorité des supporters de l’OGC Nice. Une enclave dans un Parc des Princes acquis à la cause bretonne et subitement muet.

« La nuit fut ensuite aussi longue que belle » dans la Capitale. Et le retour à Nice, mémorable. « De nombreux supporters nous ont accueillis à l’aéroport puis au stade pour célébrer avec nous cette victoire. Nous avions été invités sur un plateau tv aussi ».

Le retour au quotidien sera brutal pour toute l’équipe. La relégation attendait depuis de longues semaines l’équipe de Silvester Takac. Vermeulen étirera encore son mètre quatre-vingt-cinq pendant 6 matchs en deuxième division avant de regagner le pays, et de porter les couleurs du MVV Maastricht et d’Heracles Almelo. « J’ai dû arrêter à 30 ans à cause d’une blessure. Je n’ai plus été dans le milieu du football pendant une longue période. Mon fils, Jiro, est tombé malade. Il est décédé après 6 années de lutte contre la leucémie. Ce fut un moment très dur dans ma vie ».

Avant Nice, il évoluait au... Vitesse Arnhem

C’est aujourd’hui de nouveau dans le football qu’Arjan Vermeulen poursuit sa carrière professionnelle, avec son ami Marc Struik : « Cette fois en dehors du terrain. Nous travaillons comme intermédiaires entre les joueurs et les clubs. Peut-être que nos routes se recroiseront alors avec l’OGC Nice et qu’un de nos éléments viendra ici. La boucle serait bouclée ».

Lui qui n’a pas encore eu l’occasion de se rendre à l’Allianz Riviera a naturellement gardé un œil sur son ancien club. Et sur ses ex-coéquipiers, Fred Gioria en tête dont il a remarqué avec plaisir la présence sur le banc en regardant la double-confrontation face à l’Ajax à la télévision.

Il sera sans doute aussi fidèle au poste jeudi quand les Rouge et Noir se mesureront à une autre formation hollandaise, le Vitesse Arnhem. « Je pense que Nice est favorite sur les deux matchs. Mais ce sont deux bonnes équipes, et je leur souhaite bonne chance à toutes les deux ».

Pas de parti pris. Et pour cause, c’est à Arnhem que Vermeulen a donné le premier élan à sa carrière avant de rejoindre la Côte d’Azur. « J’ai même participé à une finale de la coupe des Pays-Bas avec Vitesse (en 1990). Nous l’avons perdue parce qu’un de mes partenaires a manqué un penalty à une minute de la fin de la partie ». Il préfère aujourd’hui en plaisanter : « Peut-être que cela aurait été préférable que je le tire aussi celui-là… ».

L.O.