Interview croisée

Marcel / Sarr : bonjour jeunesse !

Ils ont 17 et 19 ans et, après quelques entraînements déjà effectués la saison dernière, vivent leur première préparation avec le groupe fanion. Leurs premières minutes dans le grand bain. Gauchers pur jus façonnés au centre de formation, Malang Sarr et Vincent Marcel sont arrivés « chez les grands » sans complexe et pleins d'ambitions. Déjà intégrés et porteurs de belles promesses, le défenseur polyvalent et le milieu créateur reviennent sur le premier mois chez les pros, en érigeant le travail comme valeur motrice de leur progression.

Vincent, Malang, avant toute chose, pouvez-vous tracer votre parcours d'une manière express ?
Vincent Marcel  J'ai 19 ans, je suis né en Guadeloupe. Jusqu'à 11 ans, j'ai commencé là-bas, je jouais dans un club qui se nomme la Gaulloise. Après, je suis parti au centre de formation du Havre et j'ai rejoint le Gym l'été dernier. J'ai commencé en U19, puis je suis passé par la CFA jusqu'à cet été, où je débute avec le groupe pro.

Malang Sarr   Pour ma part, j'ai 17 ans, je suis né ici à Nice. J'ai débuté au club, je suis là depuis tout petit (né en 1999, Malang a signé sa première licence au Gym... en 2004, ndlr). J'ai fait toutes mes classes, la pré-fo et la formation ici. Etant originaire des Moulins, j'habite à côté du centre depuis tout petit, à un petit quart d'heure. C'est ma première préparation avec les pros et mon but, c'est de rester ici.

Quand est-ce que vous avez su que vous alliez reprendre avec la première ?
V. Marcel A la fin de notre dernier match de la saison passée...

Qu'aviez-vous ressenti alors ?
M. Sarr Une grande fierté. C'est une sorte de finalité, même si le plus dur reste à venir. Depuis petit on veut aller toucher au monde pro, on travaille pour ça. Là, on a mis un pied dedans, il faut continuer.

Vincent, t'attendais-tu, toi qui est arrivé à l'été 2015, à te retrouver avec la 1ère un an plus tard ?
V. Marcel
Non, pas du tout. J'ai passé quelques paliers rapidement, mais au début, quand ça t'arrive, tu n'y crois pas. Quand on m'a dit que je monterais avec les pros, c'était une grande fierté, une joie pas possible et difficile à exprimer.

Du coup vos vacances ont dû, plus que jamais, être studieuses...
M. Sarr
C'est ça, encore plus que d'habitude. Pour arriver à être bien et à tenir le coup durant la prépa' - surtout qu'elle est compliquée cette année -, il faut se préparer en avance, donc pendant les vacances. C'est là qu'une saison peut se jouer.

On vous voit très à l'écoute du coach Favre durant les entraînements et les matchs.
V. Marcel
  Il nous met en confiance, nous donne des conseils, nous aide à bosser sur les points à améliorer. Il nous parle aussi du haut niveau et de l'importance de la capacité d'adaptation.

M. Sarr   On voit qu'il a du vécu. Il y a beaucoup de détails sur lesquels il va nous orienter - comme exemple sur le positionnement du corps en fonction du jeu -, des petites choses qui, au final, vont faire la différence. Il connait le haut niveau et essaye de nous donner le maximum pour qu'on progresse rapidement. Et surtout, il nous fait confiance. On sent qu'on n'est pas mis à l'écart par rapport aux autres, même si on est les plus jeunes. Le coach n'hésite pas à nous mettre sur le terrain pour qu'on puisse montrer ce qu'on sait faire.

Qu'est-ce qu'on se dit à 17 ou 19 ans quand on débarque dans un groupe qui reste sur une 4e place en L1 ?
M. Sarr
Qu'on va travailler pour essayer de se mettre au niveau des joueurs qui sont là. Il faut bien bosser pour qu'il n'y ait pas de différence, et mériter d'avoir du temps de jeu. Personnellement, je suis là pour donner mon maximum et essayer de gagner ma place. Le coach fait la compo', à moi de faire ce qu'il faut pour y être. Ça passe par la constance dans le travail, quoi qu'il arrive.

V. Marcel Tout est résumé. Même si on n'est pas dans le groupe ou dans l'équipe, ce qui compte, c'est de continuer à travailler pour parvenir à y figurer à un moment donné.

Il n'y a donc pas d'âge pour être ambitieux...
(Tous les deux)
Non, plus maintenant.

C'est-à-dire ?
M. Sarr On voit des jeunes joueurs qui arrivent assez tôt au haut niveau. On n'a qu'à regarder la génération qui vient de gagner l'Euro, ils sont tous déjà en L1 ou L2. Dans le foot moderne, il n'y a plus vraiment d'âge.

V. Marcel Cette génération qui vient de gagner l'Euro (composée en majorité par des éléments nés en 1997), c'est la mienne. J'ai déjà joué contre la plupart des joueurs, même si je ne les connais pas personnellement. Ça fait plaisir de les voir et de savoir qu'aujourd'hui, ils peuvent gagner l'Euro et jouer en pros. Ça prouve qu'ils ne se posent pas la question de l'âge et avancent...

M. Sarr On se dit aussi que, grâce au Gym, c'est encore plus accessible. Grâce à la volonté de s'appuyer sur le centre, on sent qu'il y a aussi la place pour nous et que ce n'est pas barré, qu'il y a vraiment une passerelle entre le centre et les pros et qu'en travaillant dur, on peut y arriver.

En deux matchs de préparation, un de vous deux s'est déjà signalé par un but...


Quels objectifs vous fixez-vous pour la saison qui vient ?

M. Sarr
Progresser, travailler pour rester dans le groupe pro, essayer de jouer et pourquoi pas de gagner ma place. Rien n'est impossible, je ne me fixe pas de limite.

V. Marcel Ne jamais lâcher, continuer l'entraînement et travailler pour essayer de figurer dans le groupe le plus souvent possible, tout en donnant le meilleur si je dois évoluer avec la CFA.

En parlant de CFA, avez-vous déjà échangé avec Laurent Bonadei cet été ?
V. Marcel
Bien sûr ! Déjà, il nous a félicités d'être là. Il continue aussi à nous conseiller. Un exemple ? Il nous dit de toujours s'entraîner avec des « protège ». Même si on n'est plus avec lui à l'entraînement, il vient nous regarder quelques fois. Il est toujours là à veiller sur nous, ça fait plaisir.

M. Sarr Il nous a beaucoup donné. Je me souviens que le 1er match à Tarbes la saison dernière, il m'a mis titulaire à gauche direct. Pour la confiance, ça aide forcément. Il nous a appris beaucoup de petits trucs : les « protège » comme le dit Vincent, toujours s'entraîner en vissés pour éviter les problèmes musculaires... Tout ce qui se faisait en pros l'année dernière, le coach Bonadei nous l'enseignait aussi, pour qu'on ne soit pas dépaysés au moment de monter. Du coup, on se sent bien...

Quelles différences notez-vous entre une préparation au centre et une chez les pros ?
V. Marcel
C'est différent, ne serait-ce que sur le plan mental. Au centre, on travaille, mais on est un peu plus libérés car on a plus de repères. Là, on est avec les pros, on est obligé de ne rien lâcher du début à la fin, lors de chaque minute.

M. Sarr Il faut être sérieux dans la récupération, sur le terrain... Il faut être pro, tout simplement. Au centre on travaille beaucoup, mais on sent que quand tu arrives là, c'est différent. Il y a tout le temps des gens qui regardent l'entraînement, des charges physiques plus importantes. C'est plus dur, plus intense, mais c'est très bon...

C.D.