Portrait

Qui es-tu, Patrick Burner ?

Il a chanté en Créole lors de son bizutage, pour honorer ses racines. Debout face à l'ensemble des joueurs et du staff, au coeur d'un hôtel majestueux de Divonne-les-Bains, en plein milieu de la préparation de l'équipe professionnelle. Debout face à son avenir, entrant officiellement dans un groupe à force de régularité. Son premier contrat pro signé cet été, Patrick Burner (20 ans) a pourtant affiché beaucoup de calme, debout devant ses aînés. Une qualité collant à la peau du jeune latéral, lancé dans le grand bain par Lucien Favre. Présentation.

15 ans, le grand départ

« Je m'appelle Patrick Burner. J'ai 20 ans et je suis originaire de Martinique ». Voilà l'essentiel énoncé en une courte introduction. L'attaque épurée tranche pourtant avec les kilomètres ayant porté le natif de Fort-de-France au bord de la Méditerranée. Des kilomètres avalés sans broncher par un petit gabarit explosif (1,70 m, 65 kg) ayant cru à sa bonne étoile dès ses premières foulées. « Mon objectif a toujours été de réussir dans le foot. Pour l'atteindre, j'étais prêt à partir depuis tout petit. »


Le saut en métropole ne tarde pas à s'effectuer. Après avoir attaqué le foot au Golden Star, l'ailier évolue au Club Franciscain depuis ses 11 ans, et fait partie de la sélection de Martinique qui participe à la Coupe Nationale des U15. Ses accélérations et sa force de percussion attirent prestement le regard. Sollicité par Drancy, club qui évolue alors au niveau régional, il quitte son île à 15 ans et relève son premier défi. Accompagné de sa mère et de sa soeur, il pose ses valises en région parisienne. Y passe une saison « assez difficile au vu du climat » qui lui permet de retrouver soleil.

« C'était plus dur, ça allait plus vite »

Après une bonne saison, il quitte Drancy. Direction le Sud, le Var et Fréjus. Cette fois, la famille ne l'accompagne pas, et le Martiniquais intègre le club partenaire du Gym en U17 nationaux.


Toujours déterminé, il poursuit son chemin dans un couloir à un poste offensif, déborde et enchaîne les bonnes prestations. « Nous étions 1ers toute la première partie, après nous avons reculé au classement, car c'était dur face à des clubs pros », analyse-t-il avec recul. Guidé par l'envie de franchir les échelons, Burner ne se pose pas de question. Garde la tête sur les épaules. Doué des deux pieds - ce qui a pu se vérifier à Bordeaux, où il démarra à gauche de la défense - il ne parvient pas s'imposer contre les Aiglons (génération Albert, Honorat, Ranieri, Ondeyer) mais ne tarde pas à les rejoindre.


A 17 ans, après un exercice à l'Etoile, le voilà intégré au centre rouge et noir. Prêt à grandir et à entamer sa mue. « Au début, c'était un peu dur car ça allait plus vite, concède-t-il. Il y avait des entraînements tous les jours. Mais je me suis bien intégré parce qu'il y avait des mecs cools. Les coachs m'ont également bien accueilli. »

L'exemple Amavi

Deux années durant, il polit ses armes avec les U19 du club... et se réoriente avec justesse. Le regard toise toujours le couloir : il recule d'un cran pour mieux y débouler. « Les coachs Puel et Malaspina m'ont trouvé les qualités pour jouer latéral. Du coup, j'ai reculé pour la première fois. J'ai bien aimé et ça ne s'est pas trop mal passé. J'ai travaillé et travaille toujours pour être bien à ce poste où il faut plus anticiper, bien parler, courir. Et puis à l'époque où j'ai reculé, Jordan Amavi s'imposait en pros. Quand je vois Jo', qui était aussi attaquant, ça me donne forcément envie de suivre le même chemin et de m'imposer dans mon club formateur, celui qui m'a donné ma chance et a cru en moi. »


Puisque « ça ne se passe pas trop mal » dans la ligne basse, les paliers continuent à se franchir. Alors que la CFA lutte pour se maintenir, il y débute dans une rencontre couperet et tient le choc. L'épreuve du feu est réussie avec fraîcheur. La suite s'écrit en toute logique : une saison pleine en réserve, à droite, à gauche ou au milieu, sous l'oeil de Laurent Bonadei, « un coach qui m'a fait confiance et beaucoup progresser. »

« Le coach Favre me donne beaucoup de conseils »

De fil en aiguille, les portes du vestiaire pro s'ouvrent avec légèreté. Burner raconte : « La saison passée (2015/2016), un joueur était blessé, donc je suis monté avec l'équipe première pour la première fois lors d'un entraînement. J'étais très stressé, je ne parlais pas. Et puis ça s'est bien passé parce que les joueurs étaient très sympas et m'encourageaient. Comme le groupe est jeune, c'était plus facile de m'intégrer. »

Vient ensuite le premier contrat pro, « une grande fierté, même s'il ne faut pas s'arrêter là et continuer à aller de l'avant ». Puis la rentrée, le début de stage et les orientations de Lucien Favre. « Le coach Favre me donne beaucoup de conseils et m'aide à corriger mes défauts. Il me dit de beaucoup travailler et qu'il nous fait confiance. »


Touché durant l'avant-saison, Burner voit sa progression ralentie, ne participe à aucun match amical. Loin de baisser la tête, il remet à l'hiver ses premiers pas avec les grands. Ces derniers interviendront face à Krasnodar (victoire 2-1), où il arpente tout le couloir droit avec vitesse et allant.


Puis à Bordeaux, à deux reprises, à l'occasion d'un 8e de finale de Coupe de la Ligue et d'une 19e journée de L1 très musclée (0-0). 19e journée où il manque de peu la distinction d'Aiglon du match, attribuée par les supporters au joueur niçois le plus en vue...


Heureux mais pas euphorique, le néo-pro jette avec plaisir et détermination un oeil sur son parcours, mais son regard s'oriente ailleurs. Vers un effectif où il s'intègre toujours plus, lui le jeune homme discret hors du pré, et où il communique autant avec les anciens que la jeune génération, Arnaud Lusamba, Vincent Marcel et Malang Sarr. Et bien évidemment, vers un futur où ses objectifs apparaissent clairs : « M'imposer et disputer le plus de matchs possible dans l'élite. »

Le tout énoncé comme les paroles d'une chanson : avec sérénité.


C.D.