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Gautier, en toute humilité

Voilà une jeune pousse aux longues tiges. Une jeune plante du cru ayant attendu 2016 pour fleurir au soleil. Enfant de Nice et du Gym, Gautier Lloris (20 ans) a disputé ses premières minutes professionnelles début janvier. En Coupe de France, face à Rennes. En championnat, contre Angers. Une arrivée au premier plan accompagnée d'une ambition toute simple : continuer à progresser pour reprendre sa marche en avant.

« Quand tu es Niçois et que tu rentres en pros au Gym, ça a forcément une saveur en plus. Depuis tout petit on va au stade. On applaudit les joueurs. En plus, pour moi, il y avait mon frère dans l'équipe, j'allais à tous les matchs, c'est là que j'ai pris le virus de Nice. Tu ne penses pas qu'un jour, c'est toi que l'on va applaudir ». Et pourtant ce fut à son tour d'être applaudi, presque 10 ans jour pour jour après Hugo, son immense aîné. Le 4 janvier dernier plus exactement, lors d'un duel face aux Rennais. Un duel où Gautier Lloris entra « au feu », en plein coeur de la défense, alors que les Aiglons évoluaient en infériorité numérique. Une demi-heure de qualité, en lieu et place du capitaine Mathieu Bodmer, où le grand pitchoun (1,91m) se montra rapidement à son aise. Où son sens de l'anticipation lui permit d'intervenir parfaitement sur quelques coups chauds. Où il prit le rythme rapidement et sûrement.

Bref, une entrée convaincante, malgré un pénalty loupé lui ayant fait craindre « un accueil mitigé » selon son propre aveu.

L'ébauche d'une analyse humble est prévenante ne collant pas à la réalité des faits. L'accueil fut unanimement bon. D'un point de vue sportif, où les premières minutes en Coupe furent rapidement suivies d'une première apparition en L1, une semaine après, face à Angers. D'un point de vue affectif, aussi, un enfant du pays touchant la vérité dans sa ville natale provoquant toujours un sentiment de fierté collective. Qui plus est lorsque celui-ci est issu d'une noble lignée...

« Ok, peut-être que ça s'est plutôt bien passé... »

« Ok, peut-être que ça s'est plutôt bien passé, concède avec recul le défenseur. Mais c'était sur un bout de match, sur une courte durée. Il faut voir sur 90 minutes, et je ne pense pas encore être prêt, surtout en L1. Je dois continuer à travailler ». A croire que la sagesse n'attend pas le nombre des années... Eveillé au terrain à St-Sylvestre, Gautier resta à Nice-Nord jusqu'à l'âge de 12 ans. Jusqu'au moment d'intégrer le Gym, la section sportive du Parc Impérial puis le centre de formation.

Un moment où son corps change, où il grandit d'un coup. « Un moment où je n'arrivais plus a courir, et où il a fallu ré-apprendre à tout maîtriser », comme il s'amuse à le confier. Les centimètres se gagnent vite. De numéro 6, ces derniers le font glisser dans l'axe de la défense et s'imposer rapidement comme l'une des valeurs sûres de l'académie rouge et noire. Au Gym, le gaucher « apprend à jouer ». A relancer court sans se précipiter. A défendre intelligemment sans jamais reculer.

Conséquence naturelle : les étapes sont avalées comme du petit lait. Des 16 à la CFA, avec un petite participation à la victoire en Gambardella, la cadet des Lloris progresse sereinement. Intelligemment. A même pas 18 ans, il enchaîne les matchs en CFA 2 (18 en 2012 -2013), aide la réserve à regagner l'étage supérieur, et s'y affirme comme le taulier (27 matchs de CFA + 3 de 19 nationaux en 2013 / 2014). Les sélections en équipe de France de jeunes valident rapidement l'éclosion de son talent. Un contrat pro vient accélérer son ascension. Une blessure la contrarier, du moins pour un temps.

Car à tout juste 20 ans, le voilà qui a mis un (grand) pied dans un monde qu'il a déjà frôlé il n'y a pas si longtemps. Bercé par une idée fixe : « Retrouver (s)on meilleur niveau en travaillant beaucoup, afin de pouvoir postuler à quelque chose la saison prochaine ». Histoire de reprendre le train en route, un peu plus loin que là où il s'est arrêté.

C.D.