Nice - Bordeaux

Coup de fil à… François Grenet

L’ex-joueur du Gym (2004-2006) est désormais agent d’assurance à Bordeaux. Bordeaux, sa ville, son club. Celui avec lequel il a tout connu. D’une finale européenne à un titre de champion de France, François Grenet mène aujourd’hui une vie bien remplie. D’une simplicité rare, il s’est livré pendant plus d’une demi-heure sur sa vie actuelle, sa carrière de footballeur et son regard actuel. Entretien vérité.

François, est-ce que tu peux nous dire ce que tu as fait depuis la fin de ta carrière ?
Après Nice, je suis rentré sur Bordeaux. C’était très clair dans ma tête et, ce, peu importe où et quand je finissais ma carrière. J’ai continué à m’entretenir avec la CFA des Girondins sous la houlette de Patrick Battiston. Je faisais ça au cas où un club ait besoin mais je n’avais pas envie à tout prix de continuer ma carrière. Au mois de décembre 2006, je reçois un coup de fil de Philippe Hinschberger qui était alors entraîneur de Niort, en Ligue 2. Mais cette proposition a été un déclic pour moi dans le sens où je n’avais plus envie. Je l’ai quand même remercié pour sa demande parce que c’est rare qu’un joueur ait encore des propositions. Mais je n’avais pas envie de tricher. Je ne l’ai jamais fait durant ma carrière et c’est ma fierté. J’étais conscient de faire un métier privilégié mais j’ai dit stop.

Comment se passe ton quotidien ?
Tout s’est enchaîné très vite. En peu de temps, il a fallu que je prenne mes marques pour mon nouveau métier. Il fallait aussi que je fasse le deuil de ma carrière. Je m’y étais préparé psychologiquement mais c’est quand même quelque chose de difficile. J’ai connu trois mois compliqués. En tant que footballeur, on mène une vie atypique et aucun autre métier ne t’amènera la même chose. Mais aujourd’hui, je suis satisfait et j’ai des journées bien remplies. Je savais ce que je voulais faire mais le passage entre les deux métiers a quand même été violent. Il fallait passer à autre chose.

Comment se reconvertit-on de footballeur professionnel à agent d’assurance ?
Il a fallu que je reparte en formation. Je l’ai fait par volonté, réflexion mais aussi par anticipation. En tant que trentenaire, j’ai quand même plus d’années devant que derrière moi. Mais c’est un choix très personnel que j’ai fait. C’était clair et net que je voulais être dans la vraie vie et ne plus être dépendant financièrement du foot. Même si tu coupes jamais vraiment avec le foot, ça fait six ans que je fais ça, ça me plaît et ça marche. Mais c’est très éprouvant.

Est-ce que tu peux nous raconter tes années bordelaises ?
Ce serait long à tout raconter mais c’était super. Ce sont les plus belles que j’ai pu vivre et elles ont eu une incidence sur le reste de ma carrière dans la mesure où j’ai commencé par le dessert. A l’époque, Bordeaux était une référence dans le foot français. A 21 ans, j’ai quand même la chance de vivre une finale de Coupe d’Europe (en 1996, Bordeaux atteint la finale de la Coupe de l’UEFA mais s’incline devant le Bayern Munich, 2-0, 1-3). J’ai aussi remporté un titre de champion de France, je suis finaliste en Coupe de la Ligue et je connais des sélections en Equipe de France Espoirs et A’. Ce que je regrette, c’est la fin de ces années bordelaises. Je ne l’ai jamais vraiment digéré parce que ça s’est mal passé. Physiquement, mentalement, tout est lié et c’est peut-être pour ça que j’ai connu des blessures. Quand je joue avec Rennes et Nice, je ne suis pas trop mal mais je suis encore frustré. Je ne retrouve pas cette constance… Mais Bordeaux, ça reste génial parce que tout ce que tu souhaites vivre en tant que footballeur, je l’ai vécu. J’ai tout connu et je retiens la plénitude que j’avais là-bas. J’étais comme un amateur dans un monde de professionnels qui prenait du plaisir à jouer.

Tu évoquais la finale de 1996. On imagine que c’était une super saison ?
Lors de cette saison 1995-1996, j’ai 21 ans et c’est ma première saison où je commence à jouer régulièrement. Je commence à m’imposer. Mais la saison est paradoxale parce qu’on se sauve deux journées avant la fin et pourtant on va en finale de l’UEFA. On avait un super groupe avec Duga, Liza, Zizou… Gamin, tu ne réalises pas trop, ça passe vite et tu avances dans ta carrière. Et puis après tu te rends compte que jouer une finale de Coupe d’Europe, ce n’est pas donné à tout le monde. Tout le monde souhaite vivre ça, c’est que du bonheur.

Tu finis champion de France en 1999. En comparaison avec la finale de 1996, laquelle des deux saisons préfères-tu ?
Désolé Pierre de Coubertin mais je n’aimais pas juste participer, je voulais tout le temps gagner (rires). Je retiens toujours la victoire. C’est vrai que la finale de 1996 a marqué les gens mais 1999 reste un de mes meilleurs souvenir. C’est un championnat donc il fallait être régulier jusqu’au bout et on a montré de la constance (cette année-là, Bordeaux est champion, devant l’OM, à la dernière minute au Parc des Princes). Cette saison, on avait tout. De l’état d’esprit de chacun à l’ambiance, on s’était vraiment régalés.

Restes-tu proche du club de Bordeaux ?
Bordeaux, c’est comme ma deuxième maison. Je vais souvent déjeuner au Haillan (centre d’entraînement des Girondins) et le personnel administratif est toujours en place. J’ai l’impression d’être chez moi. En comptant la formation, j’y ai quand même passé quinze ans.

Parlons de l’OGC Nice. Tu y as fait une saison pleine en 2004-2005. Quels souvenirs gardes-tu ?
J’y ai vécu une saison pleine mais sportivement, il y avait un peu de regrets. Jusqu’à la trêve, on n’est pas trop mal et puis on s’est écroulés par la suite. On a connu un hiver compliqué et puis on a dû jouer un peu le maintien. On connaît un changement d’entraîneur donc il fallait garder un esprit positif. Dans ces moments-là, tu ravales ta fierté et tu ne penses qu’au club. Il fallait sauver le Gym en Ligue 1. Personnellement, je n’étais pas trop mal et j’avais même marqué un but (rires). Le cadre de vie était extraordinaire et je n’hésitais pas à donner un coup de main comme ce jour où j’étais allé jouer avec les jeunes à Gap. J’étais toujours disponible. Au final, c’était une bonne expérience sur le plan humain mais c’était assez mitigé sportivement. La convivialité au club était super.

Qu’est-ce que tu penses de l’évolution du club ?
Je souhaite une chose au club, qu’il continue de grandir. Il commence à se structurer. Avec des moyens supplémentaires, il ne peut que gravir des échelons. Ce qui serait bien, c’est que l’OGC Nice soit dans la partie haute du tableau toutes les saisons. Cela donnerait au public de belles affiches avec une équipe compétitive. C’est bien que le club avance avec Jean-Pierre Rivère et Claude Puel. On voit que le Gym s’appuie sur sa formation. Quand on a moins de moyens, il faut des jeunes de qualité.

Comment vois-tu le début de saison de Bordeaux et Nice ?
Je pense que Willy Sagnol va amener un réel plus à Bordeaux. On a l’impression que ça a donné un coup de fouet à tout le monde. Les deux premiers résultats vont dans ce sens. A Nice, le début de saison est toujours déterminant. Il leur faut une bonne dynamique pour engranger un maximum de points.

Un petit pronostic pour samedi ?
Si c’est le cœur qui parle, je dirais Bordeaux. Mais je pense que Nice va «emmerder» cette équipe girondine. Je dirais 2-2 et tout le monde est content.

Julien Galle