Interview

F. Gioria : « Sur un bon chemin »

 Il est le dernier capitaine niçois à avoir soulevé un trophée. La Coupe de France 1997, pour être précis. 20 ans après une finale au Parc des Princes remportée aux tirs au but contre Guingamp, Fred Gioria a laissé son brassard pour s'asseoir sur le banc. Relais essentiel de Lucien Favre, l'entraîneur adjoint reste l'un des garants de l'identité du Gym. Dans l'attitude et dans le jeu. Avant le duel face à l'En Avant, où les héros de 97 seront mis à l'honneur, coach Gioria – qui est par ailleurs revenu sur l'aventure Coupe de France au cours d'un entretien à retrouver sur le prochain programme de match - balaye l'actualité rouge et noire avec un oeil transversal.

Fred, avec un peu de recul, quelle lecture as-tu du match de Bastia de vendredi dernier (1-1) ?
On a des joueurs indisponibles à cause des blessures ou des suspensions. Automatiquement, c'est un peu plus difficile pour nous. Après c'est un nul, nous n'avons pas perdu, mais nous devons avoir des regrets car nous aurions dû en faire plus. On savait qu'avec les blessures et les suspendus, on allait avoir un début de mois de janvier difficile et qu'il allait falloir faire le dos rond. On y est. Maintenant, il faut passer à autre chose et se concentrer sur le match de dimanche.

Tu as connu des périodes difficiles avec le Gym, qu'est-ce que tu ressens quand, après 3 nuls consécutifs en championnat, une certaine forme de frustration s'installe ?
Ça signifie que les gens s'habituent aux bonnes choses. Les supporters croient qu'on va gagner tous nos matchs, mais il faut savoir que tous nos matchs remportés précédemment l'ont été difficilement, à part Monaco, où on a eu un peu de chance et où nous nous sommes montrés très efficaces. Rien ne sera facile et on est plus attendus qu'avant.

Dimanche, il s'agira de repartir du bon pied à l'Allianz.
Tous les matchs sont difficiles, on le sait et on l'a vu. Ce serait bien si nous arrivions à rester invaincus chez nous en championnat, car c'est toujours important de prendre un maximum de points à domicile. Ce sera intéressant pour notre saison, car les matchs qui restent seront tous très importants.

Dans le jeu, que penses-tu du Guingamp 2016 / 2017 ?
C'est un groupe qui a un pouvoir offensif hyper intéressant avec des joueurs de qualité comme Briand, Salibur, Coco, Blas... C'est une attaque assez athlétique, avec Mendy et Privat en plus. Guingamp se projette beaucoup vers l'avant, cette équipe est très intéressante, dangereuse en contres et avec un bel entraîneur. Si elle est là, c'est qu'elle le mérite. Ce n'est pas une surprise.

Quel oeil portes-tu sur la première moitié de saison ?
Ça a été 6 mois très, très bons. Au niveau des points engrangés, 44 sur les matchs aller (46 à l'heure actuelle), c'était inespéré en début de saison avec l'effectif et l'arrivée tardive de certains joueurs. On a bénéficié d'un peu de chance par moments, mais on a été la chercher. Nous avons aussi récupéré au dernier moment des joueurs de qualité, Mario, Younes et Dante. On a un effectif qui n'était pas au complet à Divonne, quand tu rajoutes ces 3 là, tu as  de suite une autre équipe.


« On commence à parler en bien de nous »

Dans le jeu, qu'est-ce qui a changé par rapport à la saison passée ?
L'an dernier, nous avions fait des matchs très aboutis techniquement contre St-Etienne, Rennes ou encore Bordeaux. Il y avait plus de folie dans notre jeu, notamment par l'intermédiaire d’Hatem. Là, on est mieux organisés, plus structurés, plus équilibrés. Les joueurs et les systèmes font aussi aussi que les matchs ne sont pas les mêmes. Cette saison, c'est donc différent, même si on s'inscrit dans la même lignée : on repart de derrière, on cherche en permanence à jouer. 

On sent aussi que le Gym est plus costaud, ce qui se matérialise par la meilleure défense de L1 après 21 journées? (14 buts encaissés)
C'est ça. Dante apporte beaucoup de sérénité et d'agressivité derrière. Tout le caractère d'un joueur de haut niveau. Quand tu vois sa carrière... Il dégage et apporte tout ça. La révélation du jeune Malang, l'arrivée de Dalbert, la confirmation de Ricardo. Oui, le bloc défensif est plus équilibré.

Toi qui connais bien les Niçois, comprends-tu l'emballement qu'il peut y avoir autour du Gym ?
Bien sûr, c'est compréhensible. C'est comme ça, les gens du sud, on s'enflamme toujours facilement, d'un côté comme de l'autre. Les gens qui n'ont pas connu grand chose depuis des années à Nice, ils voient cette équipe là qui est en tête, puis dans les 3 premières... C'est normal qu'ils se projettent sur un mois de mai avec quelque chose de magnifique. Je les comprends, il n'y a rien de méchant. Bien au contraire.

Est-ce bon de ressentir ça, ou est-ce que ça rajoute une pression supplémentaire ?
Non, il n'y a aucune pression particulière par rapport à nous. S'ils y croient et que ça les rend heureux, c'est très bien. On a tendance à être comme ça ici. Quand ça va mal, rapidement, on est très négatifs et quand ça va mieux, on voit tout de suite un peu trop haut. Ça fait partie de notre contexte.

Dimanche, le Gym reçoit Guingamp, 20 ans après la Coupe de France remportée face à ce même adversaire. Pour l'occasion, le club a invité tes coéquipiers de l'époque afin de célébrer cet anniversaire.
20 ans, ça passe très vite. Et c'est bien d'associer le match de dimanche aux 20 ans de la Coupe, en faisant venir les gens qui ont participé à cette victoire. Certains ne font plus partie du monde du football, c'est super de penser aussi à eux. La Coupe de France, c'est le dernier trophée levé par le club. Une chose qui restera toujours.

En 20 ans, que de choses se sont passées au Gym...
Le club a beaucoup changé et énormément évolué. Il y a un nouveau camp d'entraînement qui est là, un nouveau stade, des nouveaux dirigeants... Il y a eu beaucoup d'instabilité à un moment donné, là on est tombés sur des gens fiables qui ont mis un projet en place. On a du crédit par rapport à avant. Le club a vraiment passé un palier, surtout sur les 5 dernières années. Personnellement, j'ai connu beaucoup de choses ici. 2 descentes : une financière (1990/1991) et une sportive (1996/1997) quand on était derniers. Une montée, l'époque Daniel Bravo, Milos Djelmas, Marko Elsner ; beaucoup d'entraîneurs et de présidents... Quand on voit la situation d'aujourd'hui, on ne peut que se dire que le club est sur de bons rails, stable, on commence à parler en bien de nous. C'est positif, ça veut dire que l'OGC Nice est sur un bon chemin.

C.D.