Nice - Reims

Atal : « Il faut faire une grosse saison ! »

Le 11 août 2018, il disputait ses premières minutes avec le maillot niçois face à Reims, signant son entrée à grands coups de débordements. 3 ans plus tard, Youcef Atal est toujours là. Toujours solaire, toujours souriant, toujours déroutant, toujours motivé, mais plus vraiment jeune, malgré ses 25 ans. A l’aube de sa 4ème saison au Gym, la « sensation » est devenue un cadre, avec dans ses bagages une sacrée expérience, forgée dans la joie et dans le doute. Avant de retrouver Reims en ouverture de la L1, la « sensation » s’est offert un retour en arrière et une projection vers l’avant. Comme dans son couloir. Comme à la maison.

« Les années passent trop vite... Mais je suis toujours là, toujours heureux. Je sens que j’ai plus de responsabilités, ça me plaît. Avec le coach Galtier, tout se passe super bien, on échange beaucoup. Si je peux aider les jeunes et les autres comme on m’a aidé quand je suis arrivé, je le fais avec plaisir. C’est comme ça qu’on construit une famille et un groupe fort. Maintenant, j’espère juste être tranquille avec les blessures pour pouvoir faire une grande saison. » Ses premiers paroles dessinent sans fioritures le tableau de sa période rouge et noir. Un tableau aux plans variés, dans lequel demeure encore un espace libre, que l’on espère sublime. En toile de fond, les nuages de ses pépins physiques, qui l’ont régulièrement empêché d’enchaîner dans des conditions optimales et qu’il espère voir chassés par le soleil de l’été 2021.

Au centre de la scène, une joie. La sienne. Sincère même lorsqu’il avoue qu’il ne pensait « pas vraiment rester autant de temps ici à (s)a signature », et qu’il enchaîne sans retenue, « quand on est bien quelque part, c’est comme ça que ça se passe. » Oui, Youcef Atal est ainsi. Vrai, cash, sans filtre. Même si le haut niveau lui a appris certains codes, qu’il manie désormais avec métier.

« Je prends du plaisir à défendre »

Entre Reims et Reims, le champion d’Afrique 2018 aurait pu parler de tout. Alors on a choisi de lui parler de jeu. De son jeu. Apparu 64 fois depuis son arrivée (8 buts, 5 passes décisives), il reste sur une préparation majuscule au poste de latéral droit, où il a été formé, mais que ses qualités de percussion lui ont parfois fait quitter, au profit de celui d’ailier. Attaquer, défendre : telles sont les deux facettes de son métier. Son paradoxe, aussi, puisque l’une condamne toujours l’autre en cas d'excès.

« La première chose, c’est que je suis un arrière droit, tranche Youcef. Avant d’attaquer, il faut que je défende et je prends du plaisir à défendre. Quand quelqu’un ne passe pas de mon côté, c’est que mon travail est bien fait. » Lorsqu’on lui lance que ses débordements, attendus et espérés, ont parfois tendance à altérer la perception de son jeu, il acquiesce et nuance. « J’attaque beaucoup, c’est ce qui se voit le plus. Mais si j’étais un ailier et que j’attaquais comme ça, ça ne se remarquerait pas autant. Encore une fois, tu es arrière droit, tu défends d’abord, et si tu défends bien, après, en avant. »

« J’ai compris que 4 bonnes montées valaient mieux que 8 mauvaises »

L’équilibre de la partition se travaille au quotidien. Même l’instinct se peaufine, car sur le terrain comme sur une toile, « on n’improvise que ce que l’on maîtrise ». Jour après jour, Youcef enchaîne, d’un côté comme de l’autre, en soignant la transition et « les détails ». Plus à l’écoute de son corps que lors de ses premières années, pour éloigner le plus possible les blessures de son quotidien. « Avec les saisons, tu deviens plus mature, c’est normal, confie-t-il. Même dans le jeu. Tu sais mieux comment gérer ton match. Au début, je jouais tout à fond. Dès que j’avais la possibilité, j’y allais, mais à la fin, je n’avais plus de jambes et je n’arrivais pas à finir. Maintenant, mieux vaut 4 bonnes montées que 8 moyennes. C’est ce que j’ai compris. » 

Depuis le mois de juin, il a découvert le coach Galtier et des nouveaux coéquipiers. En s’efforçant, avec naturel, d’incarner un point de repère entre le Gym d’hier et de demain. « Demain », justement, la L1 reprend ses droits. Les Aiglons l’attaqueront dimanche à la maison, devant leurs supporters. « Franchement, tu ne peux pas savoir comme je suis content de retrouver le public. Les supporters, c’est le charme du foot. Je te dis la vérité : ça m’a beaucoup manqué. J’espère que dimanche on va fêter avec eux notre première victoire. Je sais qu’ils seront là derrière nous, comme d’habitude. On doit bien commencer parce qu’on a des choses à se faire pardonner… »

Bien défendre, puis attaquer de suite et soigner la conclusion. « Oui, j’ai bien dit pardonner, car la saison dernière, on n’avait pas le doit de terminer 9ème. Donc là, on ne doit pas se louper. Il faut faire une grosse saison, retrouver les premières places et l’Europe. Et ça, ça commence dimanche ! »

C.Djivas
Photos : J-M.Ponte.