Interview

Robert Pires : « Ne me demandez pas de choisir entre Pat’ et Titi... »

Lui aussi est un champion du monde, une étoile. Lui aussi est un champion d’Europe. Lui aussi est « un Invincible ». Ambassadeur à Arsenal, consultant sur beIN SPORTS, Robert Pires a côtoyé Patrick Vieira et Thierry Henry de près, que ce soit avec le club londonien ou en équipe de France. Joint par téléphone, l’ancien milieu offensif n’a pas hésité une seconde avant de lancer le derby des coachs. « Les deux sont mes amis. Ils apportent un vent de fraîcheur sur la L1. Parler d’eux me fait toujours plaisir, surtout avant une telle affiche... ».

Patrick Vieira au Gym

« Quand j’ai vu que Nice s’intéressait à lui – nous avons toujours le même agent -, je lui ai dit de foncer. Dès que ça s’est fait, j’ai pensé : « Enfin, il était temps qu’il débarque! » France, Italie, Angleterre, Pat’ a tout connu, même une expérience de coach aux Etats-Unis. Son arrivée est une très bonne chose ».

La patte Vieira

« Je ne suis pas surpris de ce que Nice propose car ça lui correspond. Quand il était joueur, il était défensif, mais ce qu’il aimait, c’était faire mal à son adversaire, lui marcher dessus pour prendre l’ascendant, et entraîner tout le monde derrière lui. Ce tempérament se retrouve dans son groupe, car le Gym joue bien, possède de vrais talents, mais affiche surtout une sacrée solidité. Le style de Pat’ se met en place, petit à petit. Ça porte ses fruits ».

Les qualités de joueur qui l’aident à entraîner

« Il aime prendre des risques, il a beaucoup d’abnégation dans ce qu’il fait et, surtout, il n’a peur de rien. Sur le terrain, ce n’était pas un gentil, il adorait les duels et croyez-moi, c’était compliqué de l’avoir en face. Quand il sentait que c’était le moment, il y allait... et il y va toujours en tant que coach ! Il tente des coups, il a toujours eu ça dans la peau. Autre gros atout, il ne fait de cadeau à personne ».

La saison

« Au début, ce n’était pas évident, il fallait que tout le monde apprenne à se connaître. Il y a eu Reims, Dijon, mais les joueurs ont vite capté ce qu’il demandait et depuis, ça fonctionne bien. Il m’a dit qu’il est très content, qu’il avait à sa disposition des éléments de qualité. Atal, Cyprien, Lees-Melou, Saint-Maximin ».

Le message de Robert à Patrick

« Il est en train de réussir ce qu’il veut faire : qu’il continue ! Avec l’équipe qu’il a, il peut jouer le 1er tiers du classement, alors si je devais lui délivrer un message, je lui mettrais un peu la pression, car Nice peut le faire ».

Thierry Henry à Monaco…

« Il n’a pas choisi la facilité, mais j’aime beaucoup sa décision. Il aurait pu aller ailleurs et, au contraire, il a décidé d’accepter ce challenge, ça lui ressemble bien. Monaco est un peu son club de coeur, là où il a démarré, même s’il a laissé une empreinte immense à Arsenal. Il est capable de relever le défi et d’amener l’ASM en milieu de tableau. J’en suis convaincu ».

Le style Henry

« C’est encore trop tôt* pour en parler, surtout qu’il est arrivé dans une période compliquée. Mais il aime aussi le beau jeu, et même si l’équipe ne gagne pas encore, quand on la voit sur le terrain, on observe des bonnes choses ».

Les qualités de joueur qui l’aident à entraîner

« (Direct) C’est un perfectionniste ! Il l’a toujours été, a toujours cherché à ce que tout soit parfait tactiquement, a toujours essayé de transmettre une bonne énergie aux partenaires, a toujours accepté et animé le dialogue… Il connaît très bien le football et il a une idée précise de ce qu’il veut. Quand c’est le cas, tu sais où tu vas et ce qu’il te faut pour y arriver. Donc il travaille et fait travailler. Encore, encore et encore ».

La saison

« Ce sera compliqué, mais encore une fois, je ne me fais pas de souci, et surtout pas en ce qui concerne l’expression collective. Malheureusement, Monaco s'est trouvé dans une spirale négative, où rien n'a souri. Ça se voyait au niveau des blessés, avec un nombre impressionnant de mecs sur le côté, donc c'était difficile pour Titi’ de constituer son équipe. Monaco est un vrai bon club, il nous a « fait kiffer » en Europe ces dernières années, mais il se retrouve, pour le moment, à la lutte pour son maintien. Comme quoi, le football... »

Le message de Robert à Thierry

« La réussite va finir par tourner, donc il faut s’accrocher. Je suis sûr que tout le monde va le faire. Je vois bien Monaco redresser la barre et terminer au milieu de tableau... »

C'est dit 

« Un pronostic ? Ça, ce n‘est n’est pas sympa (rire). Vous me demandez de choisir entre Vieira et Henry, mais on ne choisit pas entre ses amis. J’ai envie que Pat’ gagne pour l’Europe et que Titi gagne pour le maintien. L’idéal, pour moi, ce serait un bon 2-2 ».

« Ça me surprend pas du tout qu’ils soient devenus entraîneurs. Les deux 2 ont été mes capitaines et sont des meneurs d’hommes. Ils aiment parler et ont toujours été très pointilleux. Ça me fait plaisir de les voir là où ils sont, c’est très bon pour la L1. En tant que joueur, ils ont connu le très, très haut niveau, et ils ont osé franchir la barrière pour prendre une équipe en main, chapeau ! Une nouvelle vie a commencé, surtout pour Thierry, car ça fait 3 ans que Patrick est dans le circuit. La fonction est parfaitement taillée pour les deux ». 

C.D.

*L'entretien a été réalisé à la fin de l'année 2018