Interview

Mercato : le président fait le point

Quel point peut-on livrer sur le mercato à l’heure actuelle ? 
Nos 3 recrues (Danilo, Hérelle et Atal) donnent satisfaction à tout le monde et, à mon avis, remplaceront efficacement ceux qui sont partis ou en instance de départ. Maintenant, nous nous employons à compléter l’effectif. Nous savons parfaitement où nous en sommes. Nous devons recruter 2 attaquants. Nous espérons finaliser ça le plus vite possible. Les dossiers sont complexes et il faut bien avouer que l’absence de coupe d’Europe est un handicap pour attirer certains joueurs. Surtout qu’à Nice, notre état d’esprit ne change pas : on vise toujours au-dessus de ce qu’on est théoriquement en capacité de faire. Par conséquent, cela prend plus de temps que de recruter un joueur moyen ou de payer un prix prohibitif dans la précipitation.

Après les arrivées de Ben Arfa (2015), Dante, Balotelli et Belhanda (2016) et Sneijder (2017), percevez-vous une attente forte des supporters au moment du mercato estival ?
On les a habitués à « des coups » les dernières saisons, mais pour être honnête, nous ne sommes pas dans cette configuration cet été. Nous n’allons pas sortir « une surprise » du chapeau. Notre priorité est de façonner l’équipe la plus équilibrée et la plus compétitive possible.

Les incertitudes autour de la situation de Mario Balotelli compliquent-elles la donne ?
Un peu. Mais on fait notre travail, ça ne bloque rien. Concernant Mario, je m’exprimerai une fois que le mercato sera terminé.

"On a anticipé le départ de Souquet, parce qu’on n’était pas à même de répondre aux conditions demandées par son agent"

Le départ de 3 éléments importants en tout début de mercato a-t-il au contraire facilité les choses dans la construction du groupe ?
Lors d’un mercato, vous avez des souhaits de vente et d’acquisition. Plus tôt vous vendez, mieux vous pouvez travailler, surtout quand tout est anticipé. Pour remplacer Seri, nous avons misé sur Danilo. Ça fait des années qu’on le suit et des mois qu’on parle avec lui. L’an dernier, nous avions déjà en tête Christophe Herelle pour prendre la succession de Le Marchand. Puis, on a eu l’opportunité Atal, on a foncé dessus. Souquet est un très bon joueur, il a un très bon état d’esprit, mais son agent est venu nous voir à l’automne en nous expliquant qu’il faudrait lui mettre un salaire très conséquent, sinon il partirait. Donc on a anticipé son départ, parce qu’on n’était pas à même de répondre aux conditions demandées par son agent. 

Est-ce qu’à l’inverse, vous avez été sollicité sur des éléments dont le départ n’était pas prévu ?
Bien sûr, et on a fermé la porte. Quand les joueurs arrivent, nous avons une règle, tout le monde le sait : on fait des contrats de 4 ou 5 ans et les 2 premières années, on ne bouge pas, sauf exception. Certains ont été sollicités, nous avons reçu des offres, nous n’y avons pas répondu. Pour Alassane, nous lui avions donné un accord verbal. Il a toujours eu un comportement exemplaire chez nous, une opportunité s’est présentée, il voulait aller à ‘Gladbach et ça s’est fait. On aurait pu obtenir plus d’argent en Angleterre, mais il faut aussi répondre aux aspirations des joueurs.

"NOUS ANTICIPONS NOS VENTES"

De belles plus-values ont été réalisées lors de ce mercato…
D’une part, il faut se méfier des chiffres que la presse annonce. Ça ne correspond pas toujours à la réalité. D’autre part, il y a des sommes à déduire de ces montants : commissions d’agent, intéressement du joueur, indemnité de formation, et parfois un pourcentage à reverser au club d’origine. Prenons l’exemple d’Alassane Plea. N’ayant pas les moyens de répondre aux exigences de Lyon, nous avions convenu une acquisition pour un montant de 750.000 euros, et en contrepartie nous leur laissions 20% sur la revente. C’est un deal « win-win ». De plus, il faut savoir que les paiements sont toujours étalés sur plusieurs années, que ce soit en matière d’achat ou de vente. Par ailleurs, nous devons anticiper une baisse de nos recettes du fait de l’absence de coupe d’Europe. C’est un manque à gagner d’environ 17 millions d’euros par rapport à 2017-18 (10 du tour préliminaire de Ligue des champions et 7 de Ligue Europa, ndlr). Nos recettes vont être de 50 millions environ cette saison. Nos finances sont saines. Elles vont nous permettre de faire un recrutement de qualité, mais avec un peu moins de latitude sur des top salaires.

Le Gym se fait fort depuis plusieurs saisons de ne pas être obligé de vendre au démarrage de chaque mercato...
Quand nous affirmons cela, le mécanisme est le suivant : il y a très souvent un déficit d’exploitation entre les recettes et les dépenses. Quasiment tous les clubs le comblent par la vente de joueurs. Dans le football, le bilan financier est arrêté au 30 juin. C’est-à-dire en pleine période de mercato. Pour ne pas nous retrouver dans l’obligation de brader nos joueurs avant cette date, nous anticipons nos ventes un an avant. Dalbert a été vendu sur l’exercice qui a été clôturé en juin 2018. Les ventes que nous avons réalisées ces dernières semaines impacteront, elles, le bilan de juin 2019, et, pour partie, celui de 2020. Tout ceci confère une vraie sérénité.