Souvenirs

Ursea : « Une magnifique expérience »

Technicien de grande qualité, homme délicieux, Adrian Ursea a passé deux très belles saisons au Gym, entre 2016 et 2018. Arrivé avec Lucien Favre, l’ancien entraîneur adjoint a, comme le coach suisse, quitté le club à l’issue du dernier exercice. Homme de consensus et d’échange, Adri’ a regagné Genève – où il habite – en début d’été, en gardant un œil attentif sur l’évolution de l’institution. Genève, à 15 minutes de Divonne, où les Aiglons étaient en stage la 2e semaine de juillet… Une proximité qui lui a donné l’occasion de suivre au plus près les entraînements du groupe rouge et noir. Echanges avec le coach Vieira, repas avec le groupe, café avec « les anciens de la maison » : le technicien était chez lui. Alors il en a profité pour prendre la parole, avec la classe qui le caractérise. En précisant d’emblée que son départ « n’est qu’un au revoir ».

Adrian, comment as-tu vécu cette fin d’aventure au Gym ?
J’ai eu la chance de vivre une très belle expérience au cours de ces deux saisons. Je suis arrivé dans une période où le club grandissait. Il y a eu le passage dans le nouveau centre, la Coupe d’Europe, la 3e place obtenue lors de la saison 2016-17. Je ne peux que partir avec plein de bons souvenirs, heureux d’avoir eu la chance de passer ces deux saisons. J’ai vécu une magnifique expérience, j’espère la revivre plus tard, à Nice ou ailleurs, parce que quand tout s’enchaîne comme ça, ça te marque.

On te sent très attaché au Gym, on t’a vu suivre le stage de Divonne quotidiennement…
Je suis quelqu’un qui, par nature, partage beaucoup. Comme j’habite à côté, j’ai eu l’opportunité d’assister aux séances, d’observer les méthodes. J’ai rencontré le nouveau staff, j’ai reçu un très bon accueil, j’ai échangé avec eux, notamment avec le coach Vieira. J’ai aussi pu voir des personnes avec qui j’ai travaillé pendant ces deux années, ce qui est toujours super agréable. Quand je vois les mots du président, c’est exactement ce que je ressens.

Il déclarait « Adrian sera toujours chez lui à Nice »...
Ça me touche, parce que c’est rare de voir des trucs comme ça aujourd’hui. C’est peut-être la reconnaissance du travail que j’ai fait et de mon état d’esprit, dans les bons moments comme dans les périodes plus difficiles. Je quitte le Gym parce que c’est comme ça, ça fait partie du foot, mais aujourd’hui, je ne vais pas dire que je dis adieu au club. Je dis juste à bientôt.

Quels sont tes projets immédiats ?
D’abord, je vais partir en vacances (après la Coupe du Monde, il s’apprêtait à se rendre aux Etats Unis). Ensuite, il sera temps de se pencher sur de nouvelles opportunités.

Quels seront les critères qui vont peser dans ton choix ?
J’ai déjà occupé pas mal de postes, au niveau de la formation et des pros. Ma plus grande envie, c’est d’être sur le terrain. J’aime trop ce quotidien pour retrouver un rôle plus administratif, que j’ai déjà connu par le passé, notamment à Neuchâtel. Après, je vais attendre de voir les opportunités qui se présentent pour faire tranquillement mon choix.

T’attendais-tu à ce que la greffe avec le Gym réussisse à ce point ?
Franchement, non. Au départ, c’est toujours l’inconnu, la découverte. On a été très bien entouré, les gens qu’on a pu côtoyer nous ont énormément aidés lorsqu’on est arrivés, et on a aussi eu un peu de chance, ce qui fait qu’on a pu réussir. C’était très important de bien démarrer, nous l’avons fait et les choses se sont enchaînées. La barre était déjà très haute, nous avons réussi à faire de bonnes choses. C’est une satisfaction.

Ta plus grande fierté ?
Le Gym essaye de lutter avec des équipes aux moyens supérieurs et, dans cette situation, il n’y a qu’une seule chose qui te reste : avoir des idées différentes. Durant mon parcours, ça m’a toujours plu, car ça crée une autre approche dans laquelle les gens peuvent se reconnaître. A Nice, le club se construit, justement, avec des idées de jeu différentes, une autre façon de faire, un état d’esprit à part. Au fur et à mesure que je me plongeais dans l’univers niçois, ma satisfaction grandissait. C’est pour ça que je me suis senti très à l’aise, j’ai très vite découvert que le club me correspondait parfaitement. Dans la façon dont il se structure, dont il fonctionne, ça me va comme un gant. D’ailleurs je crois que c’est la seule manière de se développer.

« Tout ça restera gravé dans ma mémoire »

Tu t’es aussi vite adapté au groupe qu’au club...
C’est peut-être dû à mes expériences antérieures. Dans un club, il y a la locomotive représentée par la première équipe. C’est quelque chose à part, mais ce n’est qu’une locomotive : elle peut aller très vite, ralentir, s’arrêter. Derrière, il y a plein d’autres choses qui y sont attachées et pour moi, elles sont aussi importantes. Les bureaux, les supporters, l’entourage : c’est ça la vie d’un club. Même d’un point de vue social, il fait partie d’une ville et participe à son dynamisme... Je me suis toujours inscrit dans cette démarche de globalité.

Quel bilan peux-tu dresser ?
Au delà des résultats – je ne suis pas la meilleure personne pour les commenter -, ce que je retiens, c’est qu’on n’a jamais renié nos principes. Peu importe l’adversaire ou la période. On a toujours su rester fidèles à notre manière de faire. Il y a eu la 3e place (2016-17) ; puis la saison passée (2017-18), on s’est sorti d’une situation compliquée grâce à cette constance. Peut-être à la fin, avec un peu plus d’attention, de concentration, si on avait su profiter de certaines situations, on aurait pu faire 6 points de plus, chose qui aurait pu nous ramener en 1ère partie de tableau et permettre au club de refaire une Coupe d’Europe. Mais il n’y pas de regret quand tu as le sentiment de tout avoir donné...

Ton moment le plus fort ?
Le match contre le PSG (3-1) ou le derby contre Marseille à la maison, quand on revient et qu’on gagne sur le fil (3-2), lors de la première saison. Autre moment fort, acquis un peu plus dans la douleur, c’est Toulouse, la saison passée. Nous sommes restés fidèles à nos valeurs, nous avons réussi à le gagner quand on était à 10 (2-1), c’était intense. Tout ça restera gravé dans ma mémoire.

Tu as apporté ta touche au Gym. Le Gym t’a-t-il changé ?
Je ne sais pas. D’ailleurs je ne sais pas si j’ai apporté ma touche... Je suis toujours parti du principe que nous ne sommes que de passage, et ce qui est très important, c’est d’essayer de ne pas décevoir les gens qui nous accordent leur confiance. Autre élément fondamental : ne jamais oublier de prendre du plaisir dans ce qu’on fait. Je sais que j’ai la chance de faire un métier extraordinaire. Nous sommes des privilégiés, car quand tu fais du sport la journée, même avec les exigences du monde pro, il n’y a pas de contrainte. Tu fais juste ce que tu aimes. Quand on a cette chance, il faut la dévorer jusqu’au bout.

C.D.