Interview

Dante : « Il ne faut pas douter »

Les deux premières semaines de travail avec le nouveau staff, les nouveaux contours de l’effectif, ses ambitions personnelles et collectives… A l’aube de sa 3e saison avec le maillot niçois - la 2e en tant que capitaine - Dante est revenu en longueur sur l’actualité du Gym. Avec l’humilité et la détermination qui le caractérisent.

Dante, quel bilan tires-tu des deux premières semaines de reprise ?
Un bilan positif par rapport à l’intensité qu’on a mis, aux idées de jeu du coach qu’on commence à bien comprendre. On découvre aussi certains jeunes qui montrent leurs qualités. Malgré les départs de joueurs importants, on a bien travaillé.

Justement, comment le groupe a-t-il vécu ces départs ?
On essaye de ne pas perturber notre préparation, même si, quand il y a des départs, tu le sens toujours. C’est à nous de nous adapter et de faire que rien ne dérange notre travail, parce qu’on a besoin de tout le groupe pour faire une grosse saison.

Une nouvelle génération de cadres va venir t’épauler...
Bien sûr. Wylan (Cyprien) est habitué à ça, c’est un gars qui a cet instinct de leader, il était capitaine à Lens et, malgré son jeune âge, avait pris ses responsabilités. Pierre (Lees-Melou) est exemplaire, travaille, tout le monde l’aime bien. Et puis il y en a d’autres : Christophe Jallet a beaucoup d’expérience ; Souquet est un modèle de travail. On peut aussi citer Cardi, même s’il jouait moins en fin de saison dernière.

Que penses-tu d’une préparation 100 % ballon ?
Je connaissais déjà ça, c’est différent et très intéressant, surtout pour le corps. Parfois, tu dois t’adapter, tout doit se remettre en place. Je suis habitué à faire des entraînements physiques avec le ballon, c’est très dur. Je ris toujours car j’ai l’habitude de dire qu’on fait « du physique masqué ». Tu penses que tu joues alors que tu es en train de courir, de dépenser beaucoup d’énergie, de multiplier les sprints de replacement, les efforts pour se réorganiser. Ce sont des choses dont on aura besoin en match.

« Vieira me fait penser à des grands coachs que j'ai connus »

Quelle relation entretiens-tu avec le coach ?
Une relation très humble. Je me rends disponible pour l’aider à mettre sa méthode en place. Il a côtoyé beaucoup de bons entraîneurs et sa philosophie me fait penser à celle d’autres grands coachs que j’ai connus…

Lesquels ?
Il y a un peu de Guardiola, de Favre, de Heynckess… Avec Pep Guardiola, on ne travaillait jamais sans ballon. Il disait que le jeu se joue avec ballon, même s’il y a beaucoup de courses sans.

Tu as l’habitude de parler plusieurs langues… Maintenant, ça parle même anglais à l’entraînement…
C’est la même chanson pour tout le monde. Ceux qui ne parlent pas Anglais vont s’y mettre, ceux qui viennent d’arriver vont apprendre le Français. C’est un échange de langues, de culture, de philosophie : c’est très enrichissant.

« Au Brésil, tout le monde connaît Danilo depuis ses 13 ou 14 ans »

Que peux-tu nous dire de Danilo, le dernier Brésilien à être arrivé au Gym ?
C’est un joueur que tout le monde connaît au Brésil depuis qu’il a 13 ou 14 ans. Tout le monde voulait – et veut - qu’il explose, il a fait toute sa jeunesse en équipe nationale, il était pendant longtemps capitaine. Mentalement, il est très costaud, il a une histoire de vie assez lourde. Et en même temps, il est très humble. Je suis très heureux de l’avoir avec nous. Il sait où il veut aller et ce qu’il faut faire pour y arriver. Et, chose la plus importante, il est prêt à faire les efforts.

Tu es un joueur d’expérience, pourtant on te sent plein de fraîcheur.
Je respecte mon âge, pas mon corps. Je sais que parfois il faut que je me repose, mais je ne laisse pas mon corps se reposer. Même en vacances, j’essaye de m’entretenir pour arriver ici en étant apte à faire une bonne prépa’. J’ai toujours cette envie, cette joie d’être dans un groupe de foot, de m’entraîner, de me lever tôt le matin, d’aller chercher mes limites… C’est pour ça que je continue à rester le même. Je goûte chaque seconde, chaque jour, avec beaucoup de joie et d’intensité, parce que je préfère profiter aujourd’hui qu’attendre demain.

« Un moment de transition »

Profiter passe par du jeu mais aussi par des victoires. Te projettes-tu déjà sur le championnat qui arrive ?
C’est un peu difficile de parler du classement. Il faut être clair avec nos objectifs et réalistes. Nous vivons un moment de transition, nous avons perdu le coach et 5 joueurs qui étaient plus ou moins titulaires. Nous devons être tous concentrés, patients et sereins. Ensuite, il sera temps de voir les joueurs qui arrivent et de trouver de nouveaux automatismes. Ce n’est pas une excuse, on avance, mais c’est une réalité. Quand on voit le Real qui gagne la Ligue des Champions pour la 3e fous d’affilée avec plus ou moins la même équipe, ça signifie que dans le foot, il n’y a pas de secret. Ça ne veut pas dire qu’on aura pas de résultats, mais il vaut mieux se dire que la saison sera très difficile, penser à jouer, à progresser et aborder chaque match comme une mission. Il n’y a que comme ça qu’on pourra avancer et peut-être, passer un palier pour rendre la saison plus facile.

Interdiction de voir trop loin, donc ?
Il faut y aller étape par étape, croire, rester positif jusqu’au bout et, encore une fois, ne pas douter. Le nouveau staff a prouvé qu’il était capable de nous aider à évoluer. Donc poursuivons le travail avec humilité et faisons le nécessaire pour être prêts, car le championnat français est toujours plus difficile.

La L1 est-elle différente de celle que tu avais connue quand tu étais arrivé à Lille ?
Bien sûr, ça a changé. Tout le monde investit, des gros noms sont là, Neymar, Buffon… Avant, chez les adversaires, on ne parlait que de 2 lignes de 4, bien serrées. Aujourd’hui, même les « petites équipes » transforment leur système, deviennent plus flexibles, plus habiles, jouent plus vite. Plus personne ne se contente de « contrer l’adversaire ». Il y a des entraîneurs capables de faire le jeu, de gagner des matchs… Oui, c’est vraiment très, très différent de ce que j’ai connu.

« Terminer ma carrière au Gym ? Je réponds oui »

Après deux saisons différentes au Gym, prends-tu toujours autant de plaisir ?
J’aime le défi, j’ai tout le temps besoin de quelque chose de nouveau pour ne pas tomber dans ma zone de confort, pour garder l’excitation. Ici, je l’ai. Je vais même te dire quelque chose : ça ne dépend pas que de moi, bien sûr, mais si aujourd’hui tu me demandes : « Serais-tu heureux de terminer ta carrière au Gym, dans quelques années ? » ; je te réponds oui.

Pourquoi ?
Parce qu’on a créé une belle histoire et qu’elle est loin d’être finie…

Pensais-tu que ça allait se passer comme ça avant d’arriver ici ?
Franchement, non. Je connaissais un peu le stade, je savais que le public était à fond derrière l’équipe. Mais après, vivre des émotions comme on a vécu, non. Je pense à la 1ère année, bien sûr, mais aussi à la 2ème, parce qu’on avait mal débuté, on est revenu, on a qualifié le club pour le 16ème de finale Europa League, ce sont des émotions… Bons ou mauvais moments, je vis tout à fond, avec une grosse intensité. Même si j’ai déjà gagné d’autres choses très importantes, je me sens ravi de pouvoir aider le club à atteindre certains objectifs et à s’installer à un certain niveau.

« Je m'amuse quand il y a de la pression »

Tu cites la période difficile de l’an dernier. Peux-tu nous expliquer ?
Ce qui m’excite, c’est de montrer mon caractère, même quand on est dans le dur. Je m’amuse quand il y a de la pression, du doute. Ça me pousse à travailler encore plus dur. D’aller voir les limites. J’ai gagné la Champions League, mais c’est passé. Si je qualifie le Gym pour un 16e d’Europa League, c’est sensationnel. Pour moi et pour les gens. l’important, c’est de vivre le moment, comme si je devais prouver chaque jour, à tout le monde, mes qualités. C’est ça ma mentalité, c’est là où je m’amuse, je ne changerai jamais cette exigence, au risque de décevoir certaines personnes en passant le mauvais exemple. Ça, je ne veux pas. Je veux continuer à aller à fond et faire encore quelques belles années. Pour ça, il faut travailler dur, être sérieux, s’occuper de mon corps hors du terrain, donner le bon exemple, aider les autres. Parce que si les autres sont bons, je vais devenir encore meilleur. Mon exigence, c’est de prouver que je peux continuer à jouer et à aider le groupe.  

Propos recueillis par Constantin Djivas