Récit

Albert Gal, un Nissart chez les Champions du monde

Un Niçois champion du Monde ? Alors qu’Hugo Lloris n’est plus qu’à deux marches du graal, OGCNICE.com a retrouvé la trace du premier (et unique, jusqu'à cet été...) Niçois à avoir soulevé le globe doré. 20 ans après le sacre de l’équipe de France, Albert Gal, le kiné historique du Gym puis des Bleus, a décroché son téléphone depuis Lucéram pour raconter sa folle histoire. Récit.

Presque la moitié de sa vie. Albert Gal, 77 ans, a passé plus de 35 ans au sein du Gym. Son club de cœur. D’abord comme joueur amateur chez les jeunes, puis comme kinésithérapeute (de 1965 à 2000). Charles-Ehrmann et le Ray rythmaient son quotidien. Jusqu’à ce soir de juillet 1992…

Albert dîne avec des amis. Aux alentours de 22h, la sonnerie du téléphone retentit. Il décroche. Gérard Houiller à l’appareil. D’emblée, l'Antibois de naissance pense à « un gag » venant de son entourage mais au fil de la conversation, il se rend compte qu’il s’agit bien du sélectionneur de l’époque. Incroyable, mais vrai. Ce dernier lui propose de rejoindre le staff médical de l’Équipe de France. Offre qu'il accepte, sans savoir ce qui l’attend.

« Henry est parti en courant »

1998. La Coupe du monde, la plus belle des compétitions, organisée en France. Malheureusement, l’infirmerie tricolore s’emplit dès les premières confrontations : Stéphane Guivarc’h, Christophe Dugarry puis Thierry Henry. Un coup dur pour l’EDF, orpheline de trois de ses éléments offensifs. Un travail à temps plein commence et à chaque fois, c’est le même refrain : glace, immobilisation et diagnostic. Le début d’une course contre-la-montre – surtout pendant un tournoi d’un mois – durant laquelle il ne faut pas céder à la pression. « Le joueur ne s’est pas encore blessé que tout le monde voudrait qu’il soit déjà sur pied. Chaque organisme est différent, chacun se rétablit à son rythme », précise l’ancien kiné.

Aggraver une blessure ? Une frayeur que ‘‘Bebert’’ a ressentie lors du huitième contre le Paraguay. À l’heure de jeu, Thierry Henry sort sur blessure. Les soins débutent immédiatement. Touché à la cheville gauche, l’attaquant tricolore s’agite dans les vestiaires. Lion en cage. Pendant les prolongations, Laurent Blanc inscrit ‘‘le but en or’’, Gal et Henry le célèbrent ensemble jusqu’à ce que le numéro 12 se lève, « alors qu’il ne devait surtout pas poser le pied par terre ». Albert se souvient. « Je le revois encore courir devant moi, comme un fou, avec la bande qui se défaisait de sa cheville. »

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Kinésithérapeute mais également oreille attentive. Parfois, les soins peuvent durer une heure et demie, et ce, jusqu’à tard dans la nuit. Ou tôt le matin. Un moment lors duquel les muscles se relâchent et le cœur s’ouvre. « Lorsque je me retrouvais seul avec un joueur, il en profitait pour me parler de sa famille et pour me raconter des choses anodines de la vie, confie le Nissart des Bleus. Nous ne parlions jamais de football. »

« Vieira est au-dessus des autres »

Le 12 juillet 1998, l’Équipe de France s’impose 3-0 sur la pelouse du stade de France et devient championne du monde. Pour l’éternité. Aux yeux du retraité de Lucéram, la supériorité des Tricolores s’est jouée à leur mental à toutes épreuves. « À chaque entraînement, ils essayaient de progresser et pendant les matches, ils se surpassaient. » Ce titre mondial, Gal y a contribué, à sa manière. « Jamais je n’aurais pensé faire partie de cette équipe, cela a été un immense honneur et surtout l’aboutissement rêvé de ma carrière. »

Albert Gal, entre Didier Deschamps et Zinédine Zidane, après la victoire en finale de la Coupe du Monde face au Brésil.

Depuis peu, Albert Gal n’est plus l’unique Aiglon champion du monde. Avec l’arrivée de Patrick Vieira à la tête de l’effectif, ils sont désormais deux à se partager cette double distinction. L’ancien kinésithérapeute a connu des centaines de joueurs mais le passeur décisif du ‘‘et un, et deux, et trois zéro’’ est « au-dessus des autres, par sa force de caractère mais aussi par son humour ».

Ce mardi soir (20h), l’Équipe de France disputera sa demi-finale contre la Belgique "de Thierry Henry" - devenu adjoint de Roberto Martinez, sélectionneur des Diables Rouges. L’avant-dernière marche avant un éventuel sacre. Vingt ans après. « J’y crois de toutes mes forces. À ce stade-là, ce n’est plus une question de qualité de footballeur. L’intelligence de jeu compte plus que tout le reste, insiste le Niçois. D’ailleurs, à la fin de chaque match, Lilian Thuram ne me disait jamais qu’il était fatigué, seulement qu’il avait mal à la tête à force de réfléchir continuellement au déroulé de la partie. »

Hugo Lloris et ses coéquipiers n’ont plus qu’à se remuer les méninges…

Solène Falaise