Le témoin

« Ce Niçois, c’est mon fils »

« Hérelle ? Bien sûr que je connais son père, c’est mon pote. On a joué contre en amateur. D’ailleurs il entraîne toujours ici... » Intendant du club, Nabil Ouled-Gharbia a ouvert une petite brèche : nous nous y sommes engouffrés. Coup de fil à un « padre » ancré dans le Comté...

« Bon, je suis un peu plus vieux que Nabil, mais moi je joue encore. La saison dernière, à 52 ans, j’ai fait quelques matchs avec l’équipe 2 de l’AS Moulins, en promotion première... »

La passerelle est établie dès les premiers mots. Idéal pour échanger avec chaleur. Un large sourire illuminait le visage du fils le jour de la signature de son contrat, un bonheur simple colore la voix du papa au moment de réagir à la nouvelle. « Franchement, je suis heureux, et Christophe aussi. Je savais que le Gym le suivait depuis longtemps, même quand il était en L2. Maintenant ça se concrétise, c’est beau. Je travaille au centre de tri, mes collègues sont aussi des supporters : ils sont venus me voir pour me dire qu’ils étaient contents qu’un Niçois arrive au club. Et moi je suis content parce que ce Niçois, c’est mon fils... » Un fils qui a vu le jour dans la capitale azuréenne le 22 août 1992 et qui, bientôt 26 ans plus tard, s’apprête à défendre ses couleurs au plus haut niveau.

Une affaire de famille

Questionner un fiston permet de dessiner un parcours. Interroger « un papounet » aide à comprendre ce qu’il y a derrière. En 1979, un an après ses parents, « venus pour travailler » le jeune Julien Hérelle quitte sa Martinique natale et s’installe aux Moulins, « bâtiment 39 ». Passionné de ballon, ce défenseur central – ça ne s’invente pas - sillonne les terrains. Il débute au All Stars Club, « un club antillais qu’on avait créé avec des potes », passe par l’ASPTT, Carros, Mougins, Puget sur Argens, l’AS Moulins… Le soleil « lui rappelle la Martinique » et le football le suit. Ses fils embrassent la même passion. Julien leur parle « de l’OGC Nice et de Manchester United », ses « deux équipes ». Il les amène au Ray. « Chez nous, on est pour le Gym, sauf ma mère, qui a joué pour Monaco », glissait d’ailleurs avec malice Christophe lors de son arrivée au club, en mettant déjà un pied dans les derbys à venir…


Une ville, une île

Entre Nice et la Martinique, les Hérelle n’ont jamais rompu le contact. Preuve en est : l’aîné, Daniel, milieu défensif de talent, évolue désormais à Saint-

Joseph et en sélection martiniquaise quand le benjamin, Mickaël, occupe la pointe de l’équipe 1 des Moulins. A 8 ans, Christophe quitte sa ville pour son île. Séparé de la maman, Julien reste. Les années passent. Les matchs s’enchaînent. Après avoir débuté au Réveil Sportif, le nouvel Aiglon retrouve la métropole  à l’adolescence, dans le froid. « Au départ, il jouait milieu défensif, retrace le paternel. Sochaux cherchait un latéral droit, il a dit OK ». Sa polyvalence le suit à Colmar (National), puis à Créteil (L2). « C’est là qu’ils l’ont fait redescendre. Troyes l’a remis un peu au milieu, puis l’a installé derrière dans l’axe ».

A ce poste, le « plus grand » de la famille (il mesure 1m88) prend vite ses marques et séduit. Il s’impose partout où il passe en dégageant une grande sérénité. Julien reste attentif. L’évolution linéaire. Le 25 juin 2018, à 25 ans, Christophe devient officiellement un Aiglon et revient là où tout a commencé. « J’ai habité dans beaucoup d’endroits de Nice. Aux Moulins, en centre-ville, à Pasteur. Lui est parti très tôt mais il est toujours venu me voir en vacances. Maintenant, il va vraiment pouvoir s’installer », poursuit le pater familias. Avant de terminer par un aveu. « Je connaissais bien le Ray mais je ne connais pas encore l’Allianz Riviera ».

Les présentations ne devraient pas tarder...

C.D.