La parole aux journalistes (partie 2)

Rennes, Nantes, Montpellier : ça chauffe à l'avant

Dimanche, le Gym entamera à Troyes la dernière ligne droite de sa saison 2017/2018. Derrière le quarté de tête (Paris, Monaco, Marseille, Lyon), le groupe de Lucien Favre est lancé dans une course acharnée à l’Europe (la 5e place est qualificative pour les tours préliminaires de l'Europa League ; si Paris remporte la Coupe de France, la 6e le sera également). Pour retrouver la scène continentale, il devra faire mieux que 6 concurrents qui peuvent encore, mathématiquement, croire en leur étoile. Avant le grand démarrage, OGCNICE.com a pris le pouls de la Presse Quotidienne Régionale.

Dynamiques, forces, faiblesses : six journalistes nous plongent au coeur du sprint. Tous suivent de près l’institution qu’ils analysent. Après les outsiders, zoom sur les formations qui figurent actuellement devant les Aiglons : Montpellier, Nantes et Rennes.

7e Montpellier (42 points)

L’oeil de Jean-Michel Izoird, journaliste au Midi Libre
« Il faut bien être conscient d’une chose : Montpellier réalise d’ores et déjà une saison inespérée ! Ce sera le cas même si le club n’accroche pas l'Europe, parce qu’après le décès du président (Louis) Nicollin, il ne fallait surtout pas descendre. Donc il n’y a aucune pression dans ce sprint. On était nombreux à être inquiets au début, y compris pour le maintien. Nombreux à trouver l’effectif faiblard et jeune. Les premiers matchs nous ont donné raison, et puis il y a eu Paris (0-0 lors de la 7e journée)… Même s’il avait un peu hésité avant, Michel Der Zakarian a changé de système pour l’occasion, il est passé à 5 derrière. Ça a été un déclic, tout est parti de là, la mayonnaise a pris. 

Il a eu l’intelligence de poursuivre sur cette voie et avec ce système, même si parfois, pour moi, il l’utilise trop - mais c’est son choix. Hilton a 40 ans et avec 3 axiaux, il fait moins d’efforts ; Pedro Mendes n’est pas un dieu de la vitesse ; et les deux sont complémentaires de Mukiele, qui va vite et apprend à leurs côtés.

Avec ce système, Rousillon est un peu libéré des tâches défensives ; et Aguilar – qu'on ne connaissait pas à son arrivée – tient parfaitement sa place. Les deux réalisent "une saison de fou" dans les couloirs. Avec le recul, on se dit que ce schéma était évident, mais tout le mérite en revient à Der Zakarian. Dans cette dernière ligne droite, l’avantage du club, c’est que son coach ne doute de rien. Il parle d’Europe depuis longtemps. On dit que quand on croit aux choses, elles arrivent... Par contre le point faible se situe au niveau de l’animation offensive. Devant, la doublette d’attaquants change toujours,  aucun ne s’est vraiment imposé ».

Le pronostic
« Montpellier peut le faire, mais ça va être compliqué, surtout quand on voit le calendrier. Je les vois plus 7 ou 8es. Pour moi, ça va se jouer entre Rennes, Nantes, Nice et, pourquoi pas, Saint-Etienne. Je vais dire :  5e Rennes, 6e Nice et 7e Nantes, mais c’est très aléatoire. On attend toujours Rennes, mais il ne faut surtout pas que Khazri se blesse… Et qui peut dire ce que Nice va faire ? Ils sont capables de gagner les 8 derniers matchs ou de faire 5 nuls… Quant à Nantes, c’est un Montpellier bis, avec un attaquant qui marque… »


6e Nantes (44 points)

L’oeil de Loïc Folliot, journaliste à Ouest-France (en charge du FC Nantes)
« Ce n’était pas le cas il y a 10 journées, car on était encore loin de la ligne d’arrivée. Mais comme on s’en rapproche et que les Nantais ont souvent été 5es cette saison, ils peuvent avoir l’impression que cette place est la leur… Personnellement, même s’ils sont toujours dans le coup, je les vois plus finir 7e ou 8es. J’ai l’impression que l'équipe est à bout de souffle et, au niveau du calendrier, elle attaque des cols de première catégorie. Mais même quand il n’y a pas d’inspiration, Nantes reste difficile à bouger, donc il faut toujours se méfier… Comme Sergio Conceiçao avant lui, Claudio Ranieri tire le maximum des joueurs qu’il a sous la main. Il dit toujours que ce qu’il préfère, "c’est gagner les matchs 1-0". Ça se ressent dans le profil de l’équipe.

Au niveau de l’expression collective, ce n’est pas génial, même si un joueur comme Rongier bonifie l’ensemble par sa technique et son activité. Par contre, la grande force, c’est un bloc compact. Il y a une grosse assise défensive, les latéraux participent, les repères sont là. C’est pour ça que pour battre cette équipe, l’autre doit énormément courir… Offensivement, c’est la « Sala dépendance ». Il est à 12 buts (+ 3 passes dé) et les 2es buteurs nantais (Bammou, Thomasson) à 3. Sala n’a pas un style académique mais il prend de la place. C’est le symbole ultime de cette équipe, l’incarnation de la grinta. Il va mettre le pied ou la tête à la 92’ là où on n'irait pas mettre les mains. Un attaquant comme ça, il vaut mieux l'avoir avec soi. Même à l'entraînement... »

Le pronostic
« La dynamique est plutôt rennaise. Personnellement, ce n’est pas parce que c’est vous, mais j’ai un faible pour Nice dans le jeu. Pour moi, c’est l’équipe qui mériterait d’aller au bout par rapport à ce qu'elle propose. Je suis de Saint-Etienne, donc j’observe beaucoup les Verts, mais ils partent de trop loin. S’ils terminent 7es, ce sera déjà bien ».


 

5e Rennes (45 points)

L’oeil de Benjamin Idrac, journaliste à Ouest-France (en charge du suivi du Stade Rennais)
« A Rennes, il y a eu un très mauvais début de saison, un regain, une rechute en janvier, et, depuis, une nouvelle dynamique. La différence, c’est que cette fois, le groupe a de la marge. Actuellement, les Rennais sont dans leur meilleure période, ont trouvé un second souffle et affichent une nette progression. Il y a une cohérence, une logique, une vraie continuité dans la performance. Du coup, il y a un statut de favori à assumer. Sabri Lamouchi a amené un esprit de compétiteur. Il s’est entouré d’un staff plus élargi, sa méthode paye. Au niveau de l’identité de jeu, c’était plus clair avec Christian Gourcuff, mais lui est beaucoup plus pragmatique et tire le meilleur de ses joueurs.

Sur le terrain, trois ou quatre individualités portent cette belle dynamique. Koubek traverse la meilleure période de sa carrière. Bourigeaud en est à 6 passes décisives (+ 5 buts) en L1 et ne joue pas à son poste. Sarr est un joueur d’éclat. Mais aujourd’hui, la vraie différence, c’est Khazri. Il réalise une saison magnifique (9 réalisations dans la L1 2017/2018). Quand je pense au sprint final d’il y a 2 ans et à Ben Arfa, je me dis que ce sont des joueurs comme ça qui te portent. Khazri est compétitif, roublard, malin, complet. Pour l’instant, il tient, et il peut faire la différence. Le point faible de la saison ? Les entames de match. Et face à Nantes, Nice, Paris, Montpellier, Monaco, ça peut poser des problèmes. A Rennes, il y a aussi la problématique « du sprint final », on le rabâche tout le temps aux joueurs. Le but de Fauvergue en 2007 qui prive le club de la Ligue des Champions, la dernière ligne droite d’il y a deux ans... »

Le pronostic
« Pour moi, les Rennais ont sorti Bordeaux de la course à l’Europe. Je les vois bien faire le coup à Nice, dans deux semaines (coup d’envoi de la rencontre dimanche 8 avril à 15h), ce serait le sens de l’histoire. Cette année peut être la leur. Le principal adversaire, c’est le Gym. Il a sans doute le meilleur effectif avec Rennes et l’expérience des dernières saisons. Nantes chute au pire moment et demeure limité offensivement. Montpellier ralentit. Donc voilà, je vais dire Rennes et Nice 5 et 6e ».

C. Djivas