Le témoin

J.B. Marie dans son match

Une belle journée d’automne. Un grand soleil, un brin d’air frais. La mine enjouée, Jean-Baptiste Marie débarque au centre d’entraînement du Gym pour honorer l’actualité. Habitué à faire vibrer les fans niçois les soirs de matchs, sur France Bleu Azur, le Normand de naissance accepte de lancer le retour des Aiglons dans l’élite, prévu dimanche… à Caen (coup d’envoi 15h). « C’est toujours un peu perturbant de répondre aux questions, mais c’est marrant ». De chez lui à chez lui, il plante le décor avec gouaille, justesse et minutie.

Peut-on qualifier un Caen - Nice de « J.B. Marieco » ?
C’est ça. Pour moi, c’est forcément un peu particulier, parce que Caen, c’est ma ville. Les premiers matchs que j’ai vus quand j’étais gamin, c’était à d’Ornano. J’ai grandi avec ce club, j’y ai fait mes premières armes dans le journalisme sportif. Et comme dans beaucoup de familles, mon père, mon grand-père, ma grand-mère, et même ma mère, sont fans de foot. J’ai toujours baigné dedans, et mon club, c’est Malherbe. Quant à Nice, c’est mon 1er poste à Radio France, la première équipe que je suis dans la durée. Celle que je soutiens désormais  à 400 %.

Caennais de naissance et Niçois d’adoption, pour résumer ?
Ma fille est née ici, j’ai découvert un cadre de vie magnifique, où j’ai envie de rester un petit moment. En un sens oui, je suis un peu Niçois d’adoption, même si je ne me prends pas pour un Niçois. J’espère qu’on a encore des superbes aventures à vivre avec le Gym et que je pourrai les faire partager aux auditeurs de France Bleu Azur, tout simplement. Peut-être que certaines personnes ne comprendront pas, mais je suis supporter des deux équipes. C’est comme ça.

On t’a vu t’allumer avec tes homologues de France Bleu Normandie dans la semaine...
Je me suis fait chambrer parce que certains se rappellent que j’ai commenté chez eux, ce qui est normal. C’était pour se mettre un peu dans l’ambiance. Et évidemment je les ai aussi branchés, notamment avec le but fantastique d’Hatem Ben Arfa, commenté avec mon fidèle consultant Patrice Alberganti ; et la sortie de Wylan Cyprien après la défaite de la saison dernière. D’ailleurs, dès le lendemain de celle-ci, j’étais invité dans « Allo Malherbe » (le 100 % Aiglons de là-bas), je les avais remerciés de m’accueillir dans une émission de National (rires). Je pense que c’est ce que les gens attendent. Les auditeurs étaient contents parce que le foot, c’est ça. Il faut que ça chambre et que ça vive, tout en restant correct.

Sportivement, comment sens-tu le match de dimanche ?
Nice a les moyens de gagner, même si ce sera très difficile. A Caen, Da Silva et Djiku sont incertains. Je crois qu’ils n’ont pas non plus Ait Bennasser, un milieu prêté par Monaco qui fait énormément de bien. Pour moi, il y a plus de voyants au vert côté niçois, malgré l’absence de Balotelli (suspendu). J’espère aussi que Seri va revenir, on verra ça en fin de semaine. Le Gym est plus fort sur le papier, je le vois gagner, il en a les moyens et il en a besoin. Je vais dire 2-1 pour Nice, parce que je préfère commenter un match où il y a des buts.

Comment décrirais-tu simplement l’adversaire rouge et bleu ?
Il a connu beaucoup de changements au mercato. Caen était l’une des pires défenses de L1 la saison passée et, à part le 0-5 à Marseille avant la trêve, c’est l’une des meilleures actuellement (la 5e). Il y a une vraie solidité, et Vercoutre redevient intéressant dans ces moments-là, parce que l’année dernière, le pauvre, il ne pouvait pas faire de miracle. Du coup, c’est plus facile. L’équipe de l’an dernier n’a rien à voir avec l’actuelle. Ils essayent d’abord d’être costauds et ont quelques joueurs devant, notamment Santini qui est pas mal et Rodelin (dont je ne suis pas très fan). Ils sont 7es, ce qui est correct. Ce serait bien pour le club qu’il reste dans les 10 premiers.


« Le même esprit de famille »


Quelles sont les différences entre les deux clubs ?

Hormis les infrastructures, il n’y en a pas beaucoup. Certes, au niveau des installations, avec ce nouveau centre, puis l’Allianz, Nice a de l’avance. Mais Caen se développe petit à petit, notamment avec l’arrivée de Xavier Gravelaine (directeur général). Il se passe quelque chose, ça se voit, surtout à d’Ornano. C’est un stade municipal, comme le Ray, mais ils ont passé un contrat avec la ville et, du coup, c’est Malherbe qui en a la gestion exclusive pour plusieurs années. Ils ont changé tous les sièges, ont repeint en bleu : "ça a de la gueule". Ils se développent beaucoup là-dessus, il y a toute une stratégie, le viking est devenu l’emblème, ça joue à fond l’identité normande comme ici l’identité niçoise. Et puis les 2 clubs sont familiaux. Même si le Gym du président Rivère commence à rentrer dans une autre dimension, il a gardé cet esprit de famille que j’avais connu à Caen. Comme la proximité avec les joueurs, les supporters, les journalistes. On peut bosser sereinement.

Qu’est-ce que le Normand pense de la vie niçoise ?
Elle est fantastique. La mer, la montagne pas loin, l’Italie, l’aéroport pour voyager... Le cadre de vie est superbe, la météo aussi. Du coup, j’en deviens frileux quand je rentre. Et pourtant chez moi, je m’en suis fait des matchs dans le froid, en jean, survêt en-dessous, doudoune, gants et écharpe pour commenter. Je suis tellement habitué à la vie d’ici que maintenant je suis surpris quand je remonte.

Comment suis-tu l’actualité caennaise ?
J’ai toute ma famille et mes copains là-bas, j’écoute forcément ce qui se passe. Je me rappelle notamment de l'ultime journée de la saison dernière. Je suis à Lyon pour un match des Aiglons, mais le SMC n’est pas sauvé et doit aller chercher son maintien au Parc des Princes. Chaque fois que mon collègue rapportait les scores et annonçait les buts, ça me faisait ch*** quand Paris menait et que Malherbe était condamné. Quand j’ai entendu que Rodelin égalisait, que Caen était sauvé, j'étais soulagé au fond de moi.

Que souhaites-tu aux deux formations ?
Ce qui m’intéresse, c’est que le SMC reste en L1 et fasse une belle saison. S’il peut devenir européen, c’est encore mieux pour la ville et le club, car ils font un sacré boulot. Pour Nice, le maintien, j'en suis persuadé, mais je veux plus que ça : qu’il soit Européen et retrouve le podium un de ces jours, gagne une Coupe, ait la possibilité de participer à la Ligue des Champions dans les prochaines années... Ça m’éclaterait, pour le boulot, pour le club, les gens et les joueurs qui y sont. Et, bien sûr, pour les supporters.

Tac au tac

Ton premier Caen – Nice côté niçois ?
Un succès de l’OGC Nice à d’Ornano, 3-2, en décembre 2014. C'était même la première victoire du Gym que je commentais à la radio. Buts d’Amavi, Bauthéac et Plea, avec Jordan qui fait la célébration du saumon, comme à Fifa. C’était la première fois de ma vie que « je me réjouissais » d’une défaite du SMC. Ce qui est drôle, en plus, c’est que mon commentaire du but victorieux de Plea est resté très longtemps dans le générique des soirées foot de France Bleu Azur. Il m’a suivi…

Ton pire souvenir de l’affiche ?
J’avais commenté un Caen-Nice en octobre 2011 avec France Bleu Normandie – sans doute un de mes derniers du Stade Malherbe. Il y a 1-0 et, à la 87e minute de jeu, coupure d’électricité, comme Nice - Vitesse. 15 minutes d’interruption, la lumière revient et le pauvre Nicolas Seube perd un ballon… but de Mouloungui. 1-1. Malherbe descend pour un point, quasiment 2 avec le goal average.

Ton derby à toi ?
J’ai des souvenirs de derbies commentés au stade Jules-Deschaseaux du Havre, c’était fantastique. Caen gagne, le parcage se met à chanter « la Normandie est rouge et bleue ». Encore maintenant, ça m’arrive souvent de relayer des trucs sur les réseaux sociaux qui me font marrer, ou même de tweeter de temps en temps avec le #NormandieRougeEtBleue. Ce serait bien de revivre des derbies comme ça, mais en même temps on est content que Le Havre soit en L2 et Caen en L1 (rires).

Toi et le Gym ?
Quand j’étais à Caen, on avait du mal avec Nice, car ça ne jouait pas un beau football, c’était une équipe de bouchers, notamment avec Renato et Rool. Mais je suis resté 6 mois lors de la saison 2012/2013, l’année où Claude Puel arrive et où le Gym finit 4e, et j’ai eu la chance de connaître le Ray. Quand j’ai entendu la Sud et l’ambiance qu’il y avait, je me suis dit qu’il se passait quelque chose ici. C’était vétuste, mais ça sentait le foot et la ferveur. Puis je suis revenu à Nice fin 2014, et j'ai pris le micro pour commenter les Aiglons. 

C.D.