Interview

Papy Mendy : « J’ai l’impression d’avoir pris 10 ans »

Il fait partie des murs, qu’ils soient anciens ou nouveaux. Arrivé au Gym à l’été 2013, Papy Mendy (25 ans) a tout connu chez les Aiglons. L’âpreté d’une lutte pour le maintien, la bataille pour l’Europe ; le rôle de jeune pousse et celui de capitaine. Après une année (presque) blanche à Leicester, au sortir du titre de champion des Foxes, le taulier est revenu chez lui pour se relancer. Avec mémoire, ambition et maturité. En amont de la rencontre face à la Lazio en Europa League, le milieu de terrain s'est livré pour OGCNice.Mag. Extraits.

Papy, ta première interview pour OGCNICE.mag date du 14 décembre 2013 et d’un Nice – Sochaux. Qu’est-ce que ça t’inspire ?
Ah oui, quand même, ça remonte… En plus, ce n’était pas terrible comme période. Ce ne sont pas des bons souvenirs, tout était dur. Mais malgré tout, vivre ce genre de situation te sert, te permet d’apprendre. Quand tu y repenses, tu tu te dis que, depuis, le club a fait du chemin, a franchi des étapes. C’était il y a 4 ans. Ça va vite. C’est bien, le Gym a bien évolué, j’espère qu’il continuera à le faire. 

T’arrive-t-il de repenser à ces périodes « pas terribles » ?
Il ne faut rien oublier, pas même les moments durs. A l’époque, avec les supporters, c’était tendu, les résultats n’allaient pas. Sur le terrain, nous cherchions ce qui clochait mais nous ne trouvions pas de réponse. On dit que pour avancer, il faut oublier le passé, mais en garder un petit peu, c’est important. Ça permet de profiter des bonnes choses quand elles arrivent. J’étais là au début du projet et je suis heureux d’être là aujourd’hui, dans ce nouveau centre, dans ce Gym-là, qui joue la Coupe d’Europe : c’est un aboutissement et une fierté.

Tu as quitté le club en le laissant en Coupe d’Europe et tu l’as retrouvé au même stade...
C’est un beau clin d’oeil. Après, c’est aussi ce que je voulais, ce que je cherchais en venant ici. Je suis parti pour jouer la Ligue des Champions. Malheureusement, j’ai eu beaucoup de problèmes, donc ça n’a pas pu se faire. Je n’ai disputé qu’un match et, pour moi, ce n’est pas assez pour dire que tu connais cette compétition. Mais bon, c’est comme ça. Jouer la Coupe d’Europe avec Nice, à l’Allianz, devant nos supporters, sous ce maillot, après ce que j’ai vécu, pour moi, c’était un truc évident.

« Même en Angleterre, je suivais le Gym de très près »

Continuais-tu à suivre attentivement les matchs des Aiglons en Angleterre ?
De très près. Mes potes étaient toujours là et, franchement, j’ai kiffé. De loin, certes, mais j’ai kiffé. De toute manière, même si tu ne connaissais pas au départ, tout le monde a fini par regarder Nice au vu du jeu que l’équipe produisait. 

On t’en parlait en Angleterre ?
Oui. Déjà parce qu’ils savaient que c’était mon ancien club, et puis parce qu’il y avait Balotelli. Les Anglais suivaient par curiosité et eux aussi, ils ont dû apprécier. Désormais, ils connaissent un peu mieux.

« Le regard des autres a changé »

Qu’est-ce qui a changé entre ton départ et ton arrivée ?
Le regard des autres sur le club. Des médias et des gens extérieurs. Je crois que maintenant, on est vraiment respectés à notre juste valeur, pour ce qu’on produit. Nous n’avons pas forcément les mêmes moyens que les autres, mais nous nous en sortons bien, même si en championnat nous ne traversons pas notre meilleure période. Sinon l’état d’esprit du club et des gens qui y travaillent reste le même.

Tu avais l’habitude d’enchaîner des saisons plus que pleines depuis le début de ta carrière. Est-ce que cette expérience à Leicester, ternie par les blessures, a changé ta vision du football ?
Complètement. Désormais, je me dis vraiment qu’il faut apprécier chaque moment, que ce soit les entraînements ou les matchs. Le foot va tellement vite, il peut arriver tellement de choses imprévues... Aujourd’hui, je sais qu’il faut profiter et ne pas se prendre la tête. Après tout ce que j’ai vécu là-bas, après ces blessures, j’ai l’impression d’avoir pris 10 ans, mais ça va me servir. Maintenant, il faut avancer. 

As-tu tout de même apprécié l’atmosphère de la Premier League ?
Quand tu ne joues pas et que tu es content, ce n’est pas bon signe. Il faut garder cet esprit de compétiteur. L’atmosphère est différente, mais quand tu as plein de galères et de pépins physiques, tu ne peux pas apprécier le moment. Dans ta tête, tu n’es pas bien. C’était ma première expérience à l’étranger et c’était vraiment difficile de l’apprécier, même en-dehors du foot. Je l’ai très mal vécue.

« J'ai senti que j'étais apprécié »

As-tu senti que ton retour voulait dire quelque chose pour les supporters ?
J’ai senti que j’étais apprécié. Ça fait énormément plaisir parce que moi aussi, j’apprécie les gens ici. Ils m’ont montré qu’ils étaient contents que je revienne et, évidemment, ça ne peut pas te laisser indifférent. C’est à moi de leur rendre ça sur le terrain.

Sur le terrain, justement, quelles évolutions notes-tu ?
Les idées sont les mêmes mais le style est différent, plus direct. On cherche plus à aller vers le but et on prend peut-être moins le temps de faire tourner l’adversaire. Avant, nous étions plus dans la possession et cette idée n’a pas disparu, ça veut dire qu’on peut allier les deux... Les systèmes ont également évolué. Quand tu joues à trois milieux, comme le losange (2015/2016), ou à deux (2017/2018), ce n’est pas pareil. C’est nouveau, il faut s’adapter.

Quel est le statut d’un ancien capitaine dans un nouveau groupe ?
Je ne suis pas un ancien mais, en même temps, je ne suis pas un nouveau, je ne me prends pas la tête avec une étiquette. Je suis là, je me donne à fond, je joue. D’une saison à l’autre, beaucoup de visages changent mais c’est comme ça de partout.

C.D.