Interview

1 jour pas comme les autres : Jallet

C’est l’histoire d’un milieu de terrain de National devenu international français au poste de latéral droit. Une histoire écrite à force de travail et d’abnégation, et riche d’anecdotes. Celles-ci nous ont été contées par Christophe Jallet avant de rejoindre Clairefontaine, dans le cadre de la préparation du Mondial 2018. De son positionnement sur le terrain à sa coupe de cheveux, le souriant défenseur n'élude aucun sujet, et raconte ces « jours pas comme les autres » qui ont fait le sel de sa carrière.

Christophe, te souviens-tu du jour où tu as affronté l’OGC Nice pour la première fois ?
Oui, c’était avec Lorient, au Ray. On fait match nul, non ? Ah bon, on perd ? Ça y est, ça me revient... On avait pris un but de Baky Koné (le 14 octobre 2006, le Gym s’était imposé 3-0 grâce à un doublé de Bellion et une réalisation de l'Ivoirien de poche). On était dans une mauvaise passe avec Lorient, ce ne sont pas des bons souvenirs pour moi (rires) ! Le Ray, c’était la guerre quand on arrivait là-bas, avec une atmosphère hostile pour les adversaires. Avec Lorient, on a joué des matchs à couteaux tirés pour le maintien. Même avec Paris, c’était chaud. J'adorais jouer dans ce stade mythique, on sentait une vraie passion autour du terrain.

« Hugo a Nice et le Gym dans son ADN »

En face, il y avait un certain Hugo Lloris. Parlez-vous de Nice quand vous vous retrouvez en sélection ?
À chaque fois ! On parle du club, de la ville, de son frère (Gautier)… Hugo est hyper attaché à Nice et au Gym. Ça vit en lui, il n’oubliera jamais. C’est dans ses veines, dans son ADN.

Te souviens-tu du jour où tu es devenu arrière latéral ?
C’est un long cheminement ! Déjà à Niort, le coach, Vincent Dufour, voulait déjà me faire passer latéral droit. Pour lui, j’avais une plus grosse marge de progression à ce poste. Je me suis dit qu'il était fou ! En fait, c’est lui qui avait raison. Puis, c’est Christian Gourcuff qui m’a installé à ce poste, un peu par la force des choses après une cascade de blessés à Lorient. J’ai vite compris que j’avais plus de chances de percer là qu’au milieu, où je n’avais pas les armes nécessaires pour rivaliser avec les meilleurs. Avec le recul, c’était un très bon choix de mes coachs.

…du jour où tu as été appelé en Equipe de France pour la première fois ?
Bien sûr, c’est tellement important ! L’équipe de France, c’est ma plus grande fierté dans le foot. Le maillot bleu, la Marseillaise, etc. Ce sont des valeurs qui me sont chères. C’était en 2012, et l’annonce a eu lieu pendant l’entraînement. J’y croyais, car tout le monde me disait qu’il y avait une chance que je sois pris. Quand je sors du terrain, Douchez et Armand ont couru pour m’annoncer la bonne nouvelle. Ils m’ont dit : « Ça y est mon bougre, tu y es ! ». J’avais les larmes aux yeux. C’était un super moment, que je n'oublierai jamais.

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« C'était trop clairsemé, il fallait faire quelque chose... »

… du jour où tu as décidé de tout raser ? 
(Rires) Ça doit être en 2010 suite à un match avec Paris, à Toulouse. Il avait plu ce soir là. En regardant les images prises d’en haut, je me suis dit : « Tu ressembles à un rat mouillé ». C’était trop clairsemé, il fallait vraiment faire quelque chose… J’ai délégué Guillaume Hoarau, qui en plus d’être un super joueur était aussi chanteur et coiffeur. Il m’a rasé dans les vestiaires du Camp des Loges. Je l’ai prévenu que s’il me rasait une fois, il allait devoir le refaire à chaque fois. C’est devenu notre petit rituel.

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Que feras-tu le jour où tu arrêteras ta carrière ?
Tant que mes jambes suivent, je veux continuer. La compétition fait partie de moi. Je suis toujours à 200% et tant que je serai animé par cette même envie, je continuerai. Pour la suite, je ne sais pas encore. J’ai un projet avec l’entreprise familiale et je pense me rapprocher de chez moi (il est originaire de Cognac, ndlr), mais je n’aime pas réfléchir à trop long terme. Faire des plans sur la comète ne m’a jamais réussi.

Certains joueurs prolongent le plaisir dans un club amateur. Est-ce que tu l'envisages un jour ?
Je ne pense pas. Rien n’est impossible, mais j’ai vécu de très grandes choses dans ma carrière, et j'espère en vivre d'autres avec le Gym et l’Equipe de France. Le jour où je n’aurai plus le niveau, ce sera dur de retrouver le monde amateur, car ça reste très exigeant. Je l’ai côtoyé au début de ma carrière et je me rends compte de ce que cela implique, les entraînements, les déplacements, etc. Je tire d’ailleurs mon coup de chapeau aux joueurs, dirigeants et bénévoles du foot amateur, car cela demande aussi beaucoup d’investissement, surtout quand on a un boulot à côté. 

« Consultant, pourquoi pas ? Mais pas pour découper les gens »

Certains t’imaginent un jour dans un rôle de consultant…
Ça  ne me déplairait pas, car je suis un grand passionné de foot. Pourquoi pas ? Mais ce ne serait jamais pour découper les gens. Même si c’est parfois utile, je trouve qu’il y en a trop qui se font un malin plaisir à critiquer. Surtout quand on sait par où on est passé… Il faut une juste objectivité, et ça suffit.

F.H.